Le Projet par Émeric Guemas

St. Vincent, Barbagallo, Fontaine Wallace, Kcidy et autres sorties du 14 mai 2021

KIRA SKOV

Spirit Tree est le quatrième album en dix ans de la chanteuse danoise Kira Skov, connue pour avoir été la voix lead de Tricky à la fin des année 2000. Le disque est marqué par une multitude de prestigieux featurings (Bonnie Prince Billy, Mark Lanegan, Lionel Limiñana…). L’un des meilleurs disques de folk-pop de l’année.

ST. VINCENT

Plus funky que jamais (les fans de Prince devraient y trouver leur compte), Annie Clark, aka St. Vincent, propose un sixième album encore très sophistiqué, mais dans lequel elle livre quelques clefs de compréhension personnelle, jusqu’à ce titre, Daddy’s Home, renvoyant au séjour de son père en prison.

JOHANNA SAMUELS

Sept ans se sont écoulés entre le premier album de Johanna Samuels et cet Excelsior!. Il confirme que la chanteuse californienne, signée par Mama Bird Recording Co., est capable de folk songs d’une grande élégance pour documenter un des grands thèmes de la pop contemporaine : le manque de confiance en soi.

CURRENT JOYS

Current Joys est le projet du très prolifique Nick Rattigan, originaire de Henderson dans le Nevada, et repéré par Jagjaguwar pour sa lo-fi faussement débonnaire. Voyager, son septième album en huit ans, lui permet de densifier ses sonorités sans perdre le fragile éclat de son songwriting.

IOSONOUCANE

Ira est un des disques les plus ambitieux et attachants à paraître cette semaine chez Numéro 1, subdivision de Sony. L’Italien Isonoucane (« je suis un chien ») s’est consacré corps et âmes pendant cinq ans à ces 110 minutes de musique peu classables, aux frontières du songwriting, du jazz et de l’électro minimaliste. 

SONS OF KEMET

Avec des featurings foisonnants (notamment le poète Joshua Idehen) et son titre hypercut (Black to the future), le quatrième album du saxophoniste britannique Shabaka Hutchings est un disque magistral, qui fera date. Entre jazz, rap et de nombreux emprunts à des musiques dites « noires », Black to the future est un manifeste habité qui fait de la lutte pour l’égalité entre Noirs et Blancs la condition d’une humanité durable.

THE CHILLS

Avec Scatterbrain, les Néo-Zélandais de The Chills confirment leur habileté quasiment statutaire dans leur capacité à écrire des pop songs instantanées.

JOHN TRAP

John Trap (de son vrai nom Thomas Lucas) est un trésor caché de la scène indé française, partenaire d’Arnaud Le Gouëfflec dans le catalogue du label brestois L’Eglise de la petite folie. Cinéma consolide son évolution vers une expression en langue française et surtout un univers pop entre détachement, audace et générosité.

FONTAINE WALLACE

Le Projet est le deuxième album de Fontaine Wallace, le quatuor mené à Paris par l’ex-Superflu Nicolas Falez. De « superflu », il en est quelque peu question dans ces fragments de vie dérisoires vécus avec d’autant plus d’intensité que le temps passe, que le monde s’accélère et que les projets sont vains (visuel en tête de cet article).

KCIDY

KCIDY est le nom de scène de la musicienne Pauline Le Caignec, membre de Satellite Jockey, mais qui défend sa propre musique sur son deuxième album, Les Gens Heureux, paru chez Vietnam. Une pop aux influences seventies, onirique mais bien ancrée dans les enjeux de son époque.

SAMMY DECOSTER

Seul est un maxi de trois titres signé Sammy Decoster. L’ancien Veronne et Ultra Orange, qui n’a plus fait paraître d’album solo depuis 2018, y affiche un songwriting en très grande forme, proche d’une country orchestrale et mélancolique.

BARBAGALLO

Ainsi va le cycle des saisons : quand Tame Impala se trouve entre deux pics d’activité, son batteur Julien Barbagallo poursuit son travail en solo, ici avec l’album Les Grands Brûlés, quatrième album de Barbagallo, fascinante synthèse entre une variété de qualité et un psychédélisme délié influencé par les travaux de Kevin Parker.

DAMIEN JURADO

Probablement le meilleur ratio productivité / qualité / sincérité de la pop indé. Damien Jurado publie The Monster Who Hated Pennsylvania, son vingtième album en un quart de siècle, un an après What’s New, Tomboy?. Cela fait quatre ans que Damien Jurado publie, tel un métronome, un petit chef-d’œuvre printanier.

PAUL WELLER

Fat Pop est le quinzième album solo de Paul Weller. Toujours un plaisir de retrouver l’artiste culte de The Jam et The Style Council, même si rien de très neuf n’est entendu ici.

GIANT CLAW

Mirror Guide est le premier album depuis quatre ans de Keith Rankin, musicien expérimental et artiste visuel originaire de Columbus dans l’Ohio. En 2248, quand nous aurons colonisé le système solaire et serons entrés en contact avec nos alter ego extra-terrestres, probablement que la musique contemporaine sonnera de la sorte.

KANYE WEST

Parus le 9 mai, cinq titres de Kanye West regroupés sous le nom de maxi Dear Donda. Loin de ses chef-d’œuvres, loin de ses récentes mégalomanies, quelque chose comme l’easy listening du XXe siècle.

SARAH NEUFELD

Detritus est le premier album solo en cinq ans (le quatrième au total) de la violoniste d’Arcade Fire Sarah Neufeld. Décidément très active après avoir réactivé Bell Orchestre en début d’année, Sarah Neufeld fait paraître une musique inspirée de sa collaboration avec la chorégraphe Peggy Baker. Le batteur d’Arcade Fire Jeremy Gara et le multi-instrumentiste Stuart Bogie l’ont aidée à mettre dans leur forme finale ses envolées de mini-orchestre symphonique nichée en un seul cerveau.

THE BLACK KEYS

Sur Delta Kream, des Black Keys au son reconnaissable mais à nouveau très mécaniques et en pilotage automatique…

GREAT LAKE SWIMMERS

Live at the Redeemer 2007 n’est pas le successeur du septième album studio des folkeux canadiens Great Lake Swimmers (The Waves, The Wake date de 2018). C’est un live paru pour la release party de leur troisième disque, Ongiara en 2007, dans l’église du même nom à Toronto le 14 avril pour la radio publique canadienne. 300 doubles vinyles numérotés seront la seule sortie physique.

BENEATH

La maison britannique Hemlock Recordings fait paraître On Tilt EP, la première musique originale de Beneath depuis 2018. Une house teintée de dubstep, parfois hardcore, bande originale crédible de nos tourments récents.

CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG

Le cinquantième anniversaire (cinquante-et-unième en réalité) de Déjà Vu, le fameux disque de Crosby, Stills, Nash & Young, justifie la parution d’un coffret Deluxe chez Rhino. Présenté sous la forme de 4CD+LP, il existe aussi sous cinq vinyles uniquement disponibles par correspondance. Au total 38 bonus tracks et deux heures trente de demos, outtakes et prises alternatives.

V/A RUST RIDE STORY

Numero Group fait paraître le vingt-quatrième volume de Rust Side Story, son défrichage méticuleux et passionné des trésors oubliés de « souldies » (“vieilleries soul”). Un nie de pépites, comme toujours.

Réalisé avec Mathilde Bourgain