Encore une (très) grande cuvée que cette Route du Rock 2023. En attendant de vous retrouver parmi la foule du festival Malouin, voici les cinq concerts où vous aurez le plus de chance de croiser un journaliste de Magic, qu'il soit en service ou en vacances.
Sorry (samedi 19 août, 18h30, Scène des Remparts)
Deux albums en deux ans (925 en 2020, Anywhere But Here en 2022), pour deux chroniques et deux interviews dans Magic, dont le coup de cœur de notre hebdomadaire du 6 octobre 2022 – on peut dire que Sorry commence à prendre ses aises dans nos colonnes. Comment pourrait-il en être autrement ? Avec sa pop métamorphique empruntant autant aux courants classiques des noughties (grunge, shoegaze, brit pop ou trip-hop en tête) qu’au hip hop ou à l’hyper pop, Sorry, mené par Asha Lorenz et Louis O’Bryen, encapsule, à la manière d’une alternative musicale à Skins, tout ce qui fait le sel d’une génération qui peut parfois – souvent, même – se sentir perdue. Après les avoir croisé plusieurs fois, notamment à Paris (comme au Petit Bain, en février dernier), ou au Pointu Festival, leur passage par la Scène Saint-Père le samedi 19 août apparaît comme une nouvelle occasion de suivre la constante progression scénique du quintette londonien.
Jockstrap (samedi 19 août, 19h20, scène du Fort)
L’histoire de Magic avec Jockstrap commence avec un album chroniqué comme un autre, une réalisation que l’on est peut-être en présence du chef d’œuvre de l’année, une place de numéro un dans notre hors-série bilan 2022 et une interview aux allures d’occasion manquée. Des montagnes russes, donc, qui nous rendent peut-être encore plus euphoriques à l’idée de retrouver Georgia Ellery et Taylor Skye sur la scène du Fort, le samedi 19 août – juste après Sorry, tiens.
Jockstrap façonne la musique d’aujourd’hui et de demain, («entre Charli XCX et Klaus Nomi», nous dit Alexandra Dumont dans sa chronique du 9 septembre 2022), piochant dans un répertoire profond comme la fosse des Mariannes des influences vidéo-ludiques, nu-soul, techno-rave, lo-fi, baroques ou néo-classiques, sans oublier la Pop avec un grand P, celle de Madonna, notamment, citée dans certains de leurs textes. Soufflés comme nous l’avions été par leur session Arte Concerts donnée en plein cœur du Palais d’Iéna, on peut s’attendre à un show majuscule. Avec plein de Greatest Hits.
Yo La Tengo (vendredi 18 août, 19h50, scène du Fort)
On s’accorde là-dessus, eux ne façonnent peut-être pas la musique du futur – et encore, ils continuent d’être une influence majeure de quantité de formations plus ou moins souterraines. Yo La Tengo n’en reste pas moins une indéniable expérience, tant sur disque que sur scène. Leur This Stupid World (février 2023) ainsi que leur double-set à la Cigale (avril 2023) prouvent que l’âge n’a aucun effet sur la bande à Ira Kaplan et Georgia Hubley.
Yo La Tengo fait partie de ces incontournables dont on a tous un album préféré, mais ce n’est jamais le même que celui des copains (ici, c’est I Can Hear the Heart Beating as One), signe d’une discographie monumentale et sans trop de fausses notes. Les retrouver le vendredi 18 août sur la scène du Fort, c’est l’assurance d’un moment hors du temps, un pélérinage de larsen en larsen. Manquerait plus qu’ils jouent Deeper Into Movies et on atteindrait le nirvana.
Dry Cleaning (jeudi 17 août, 18h50, scène du Fort)
Il y a du Kim Gordon dans les lamentations spoken-wordées de Florence Shaw. De là à dire que Dry Cleaning, c’est le nouveau Sonic Youth ? On attendra un peu pour se prononcer définitivement, mais le quartette du South London part déjà avec un bel avantage sous la forme de deux albums : Stumpwork, avec sa savonnette poilue en guise de pochette (2022), mais surtout New Long Leg, que Magic a retenu comme étant son album de l’année 2021.
Avec son post-punk bien dans l’air du temps mais maîtrisé jusqu’au bout des grattes, Dry Cleaning est un petit traité de vandalisme musical surréaliste, promettant un concert magnétique lors de leur apparition sur la scène du Fort le jeudi 17 août. L’occasion, peut-être, d’entendre quelques nouveaux morceaux des Londoniens ?
They Hate Change (samedi 19 août, 1h35, scène des Remparts)
Il aura fallu que Dre et Vonne ouvrent pour Shame au Cabaret Sauvage, le 15 mars dernier, pour que nous prenions pleinement conscience de la puissance que dégage They Hate Change. Musicalement, on pourrait croire qu’ils sortent d’un borough de Londres, mais les deux comparses signés sur Jagjaguwar sont plutôt originaires de Floride. Pourquoi cette confusion ? Un mélange ravageur de post-punk, kraut-rock, drum’n’bass et de grime, généreusement coupé au rap east coast qui a fait leurs premières amours, qu’ils interprètent sur scène avec une énergie digne d’un cypher new-yorkais de l’époque d’Illmatic. Ceux qui sont aussi DJ dans les clubs underground de Tampa incarnent l’une des formations les plus excitantes – et les plus originales – de cette édition de la Route du Rock. Reste à attendre leur set du samedi 19 août, sur la scène du Fort, pour le vérifier.
Mais aussi !
Choisir cinq noms parmi une programmation aussi dense et pointue, même Tom Cruise considère ça comme une mission impossible. On aurait pu vous parler d’autres grosses pointures, avec un choix conséquent : The Black Angels, Osees, King Gizzard & The Lizard Wizard, M83, Jamie XX, The Bryan Jonestown Massacre (on nous annonce que 57% des tee-shirts que vous allez croiser pendant les quatre jours du festival seront ornés de la tête d’Anton Newcombe), et d’autres encore. Ou bien de ces autres noms séduisants, de Special Interest à clipping. en passant par Deena Abdelwahed, Gilla Band, Billy Nomates, Flohio ou Bodega. Voire des artistes programmés à la Plage Arte Concerts (Aoife Nessa Frances, Leoni Leoni et Grand Blanc) ou à la soirée d’ouverture, le mercredi 16 août à la Nouvelle Vague (Warmduscher, The Psychotic Monks et HotWax)…
Vous n’avez pas encore vos places ? La billetterie se trouve juste ici !
