Rat Boy rappe avec hargne sur des décennies de pop anglaise

QUI ?
Jordan Cardy

OÙ ?
Chelmsford (Angleterre)

QUOI ?
Ces dernières années, la Perfide Albion a exporté par wagons entiers des incarnations de l’ennui. London Grammar, Arthur Beatrice, Alt-J, Adult Jazz… Cette pop moderne surdiplômée, bien coiffée et tristement centriste devait bien un jour entraîner quelque réaction. Sleaford Mods en incarne une belle, quadragénaire et bilieuse. En voici une autre, bien plus jeune mais tout aussi hargneuse, en la personne de Jordan Cardy alias Rat Boy. Né il y a dix-huit ans dans l’Essex, à Chelmsford (comme Sarah Cracknell), ce skater n’a absolument rien d’autre à proposer que ses désillusions et son anglicité prolétarienne.

“Mes chansons parlent de l’Angleterre pétée dans laquelle j’ai grandi. J’écris mes textes tard le soir, en observant la rue depuis ma fenêtre – les ivrognes, les gens trafiquant des substances bizarres… Je note tout ça dans mon calepin, puis je compose. Carry On décrit le sentiment d’être coincé dans ta ville, sans échappatoire, à voir tous les jours les mêmes têtes aux mêmes endroits. Sportswear évoque tous ces gamins dans l’Essex qui passent leur vie en survêt’ Adidas ou Nike mais ne font jamais de sport. Ils passent juste leur journée à boire et à fumer. C’est un mode de vie. Ensuite, eux-mêmes auront des enfants… C’est une simple observation de la jeunesse d’Angleterre.”

Mêlant flow gouailleur, effluves hip hop, décrochage reggae et énergie punk rock, la première mixtape de Rat Boy fut enregistrée dans la maison familiale. The Mixtape (2014) rappelle la diction de The Streets, la hargne de The Clash et la synthèse d’un Jamie T. Rat Boy ajoute lui-même à ces influences évidentes les Beastie Boys, Blur, NWA et Morrissey.

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DERNIÈRE SORTIE
Le gamin vient de publier une seconde mixtape, Neighbourhood Watch. Plus riche que la précédente, elle consiste en un joyeux bordel où Rat Boy rappe sur des compositions mêlant jungle (Knock Knock Knock), rocksteady sous amphés (Stick Up Kids), baggy sound (Becca Becca Becca), micro-samples d’Underworld, échos de Madness… On cause lutte des classes, on entend des bulletins d’informations des seventies évoquant la menace des gangs de jeunes. Nostalgie d’une époque mythifiée telle qu’on la croise chez Paul Weller, Suggs ou Morrissey.

TUBE ABSOLU
On vous invite à mater la vidéo de Sign On, dernier single en date : une banlieue triste, des skateboards et des chavs en vadrouille dans une Austin Mini repeinte aux couleurs de… Burberry.

FUTUR CONDITIONNEL
Rat Boy vient de signer chez Parlophone. “C’est la maison de disques de Blur, des Beatles… Un truc très anglais. Ils m’ont compris !” Le patriotisme a (heureusement) ses limites, et Jordan craint pour l’avenir de son pays : “Disons qu’avec la réélection de Cameron et la privatisation de la sécurité sociale, le skateboard va devenir plus onéreux et plus dangereux.”

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