Other Lives, Tom Misch & Yussef Dayes, Bertrand Betsch… : Ça sort aujourd’hui et Magic aime

Avec "For Their Love" de Other Lives, "What Kinda Music" de Tom Misch & Yussef Dayes, "La Traversée" de Bertrand Betsch, Magic vous a sélectionné les sorties importantes de ce vendredi 24 avril.

OTHER LIVES – For Their Love
([PIAS])
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À l’occasion de ce nouvel album, les chansons d’Other Lives parviennent à nouveau à nous faire éprouver le sentiment du temps qui passe en même temps que l’immensité des espaces. De cette dilatation de l’espace-temps vient sans doute la beauté de la musique des Américains. La richesse harmonique créée par le chassé-croisé fourmillant des nombreux instruments et la profondeur de champ offerte par les chambres d’écho élargissent l’horizon. Le changement des climats au sein même des chansons et leur évolution en montagnes russes, le saisissant raccourci d’un demi-siècle de musique populaire (les chevauchées épiques et western, le nylon de confidences folk, l’ivresse d’orchestrations pop, la griserie acide du psychédélisme et un chant amer poussé sur des terres désertées par les utopies) brouille les repères. Le temps est un sol qui s’ouvre sous nos pieds.

TOM MISCH & YUSSEF DAYES –What Kinda Music 
(BLUE NOTE)
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Le légendaire label de jazz Blue Note a eu du nez. Les deux artistes tournent autour du groove. Le guitariste et chanteur Tom Misch sur un versant R’n’B neo soul sophistiquée ; le batteur Yussef Dayes, qui s’est révélé en 2016 avec le groupe Yussef Kamaal (Black Focus fut leur seul album), dans une approche parfois plus centrée sur la virtuosité instrumentale. Ses rares morceaux sortis çà et là rappellent rétrospectivement que son entente avec Tom Misch était écrite d’avance. L’union des deux est un régal d’équilibre entre une douceur soulful et une folie bien tenue.

BERTRAND BETSCH – La Traversée
(MICROCULTURES RECORDS / KURONEKO)
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Depuis quelques années et en particulier depuis La nuit nous appartient (2013), une lente métamorphose toujours en cours opère dans les compositions de Bertrand Betsch, lui qui faillit être enfermé comme l’auteur un peu cynique et distant de La Soupe à la grimace (1997), son premier disque. Bertrand Betsch s’est ouvert à l’aigre-doux, au doux-amer. Ce qui différencie le Betsch des débuts de celui de 2020, c’est cette empathie qui ne le rend que plus attachant.

VERSARI Sous la peau
(T-REC / INOUIE DISTRIBUTION)
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En d’autres temps, on aurait qualifié ce disque de cold wave car même s’il n’est jamais passéiste, Sous la peau, troisième album de Versari, assume des gimmicks. On croise Jaz Coleman et ses Killing Joke en filigrane, on entend le Robert Smith glaçant de Pornography. Et puis il y a la langue de Jean-Charles Versari, souvent dans le spoken word, déclamée de l’intérieur de l’être avec une neurasthénie inquiétante. Accompagné par Adrian Utley de Portishead à la guitare et à la production, ami de longue date du groupe, Sous la peau est l’œuvre la plus aboutie de Versari.

LA PRIEST – Gene
(DOMINO RECORDS)
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Dix ans après la séparation de Late Of Tthe Pier, qui a fait connaître son génie, Sam Eastgate aka LA Priest offre un successeur à Inji (2015), son premier album solo. Gene est tout aussi débridé et protéiforme. Il y parfait un son mutant venant d’alliances de genres, de rythmiques, d’harmonies toujours plus audacieuses. Avec une boîte à rythmes qu’il a fabriquée lui-même et ses habituels synthés sirupeux, l’acolyte de Connan Mockasin parachève un trip futuriste et insaisissable, tel une longue boucle infinie, réconfortante et qui ondule, tout en nuances.

RONE – Room With a View
(INFINÉ RECORDS)
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Figure incontournable de la scène électro française, Rone, alias Erwan Castex, continue, avec ce cinquième album intitulé Room With a View, l’étude des mélodies protéiformes, aux intensités croissantes, qui oscillent entre moments de pure vénusté (Ginkgo Biloba, Esperenza) et instants de profondes agitations (Nouveau Monde).

ORWELL – Parcelle brillante
(EUROPOP 2000 / INOUÏE DISTRIBUTION)
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Orwell, projet sous-estimé et mené depuis le début des années 2000 par le Nancéen Jérôme Didelot, est l’énième illustration que la France est une terre de pop. Il y a chez lui, depuis le début, une démarche d’esthète. Parcelle brillante prolonge cette recherche sonore. Chaque titre regorge de petites trouvailles, de petits détails qui donnent du relief à ces chansons. Un disque truffé de références et clins d’œil.

IAN CHANG – Belonging 
(City Slang Records) 
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Ian Chang, membre du trio Son Lux, cadre ce premier album solo par des références à Björk et Flying Lotus. Soit deux mondes propres. Manière pour le batteur de prôner leur influence musicale et l’héritage d’une démarche singulière. Mû en producteur pour ce premier album solo, Ian Chang fait parler sa science de batteur dans un recours constant à la polyrythmie.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

BC CAMPLIGHT Shortly After Takeoff (Bella Union)
RVG Feral (FIRE RECORDS)
BRAIDS Shadow Offering (Secret City Records)
KOKI NAKANO Pre-Choreographed (No Format)
BAD HISTORY MONTH Old Blues (Exploding In Sound Records)
HAZEL English Wake UP! (Marathon Artists)
LUCINDA WILLIAMS Good Souls Better Angels (Highway 20 Records / Thirty Tigers)
CLAMS CASINO Instrumental Relics (Clams Casino Productions)
VERTIGE Populaire At Home (At(h)ome/Sony Music)
KALI UCHIS To Feel Alive (Universal)
QUELLE CHRIS & CHRIS KEYS Innocent Country 2 (Mellos Music Group)