Aldous Harding, Hyperculte, Biche… : ça sort aujourd’hui et Magic aime

Avec Designer d’Aldous Harding, Massif Occidental d’Hyperculte ou La Nuit Des Perséides de Biche , Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 26 avril.

ALDOUS HARDING – Designer
(4AD)

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Citée en ouverture de notre dossier de six pages consacré aux nouvelles «guitares héroïnes», la Néo-Zélandaise cochait toutes les cases pour y figurer parmi les têtes de proue du mouvement : guitare folk comme instrument principal, épure des sonorités, textes et univers oniriques, et évidemment qualité magistrale. Deux ans après l’acclamé Party, qui lui valut la reconnaissance internationale, Aldous Harding maintient le rythme en faisant paraître Designer, un disque qui, plus encore peut-être que le précédent, est parti pour prendre un abonnement sur nos platines, par choix (c’est magnifique) et par nécessité (cherchons le sens de cette beauté).

HYPERCULTE – Massif Occidental
(Les Disques Bongo Joe / Red Wig)
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La musique d’Hyperculte fait l’effet d’un uppercut. C’était déjà vrai avec un premier album éponyme sorti en 2016. Le coup atteint le menton dès le premier morceau de Massif Occidental, deuxième album du duo genevois. La musique tente de suivre une batterie sauvage et insaisissable qui ne s’accorde avec rien sinon des basses et contrebasses pulsionnelles, sortes de refuges au milieu de vibrantes distorsions libres et constamment sous tension. La musique d’Hyperculte sonne comme un appel au réveil. Inqualifiable, elle résiste pourtant à tout : à son époque, aux modes et sûrement au futur.

BICHE – La Nuit Des Perséides 
(Banquise Records / [PIAS])
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BICHE, cervidé mâle à cinq têtes né dans une forêt des Yvelines, est le témoin lucide de cette torpeur magnifique. L’écoute de leur bedroom pop ouatée suppose un état de lenteur, une disponibilité intérieure, une réceptivité particulière, loin de la pollution sonore du monde moderne.Insomnie, somnolence, langueur, léthargie sont autant de thèmes chers à l’ouvrage. BICHE, roi de nos songes.

KEVIN MORBY – Oh My God
(Dead Oceans)

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Un double album. Une crise mystique. Oh My God ! Qu’arrive-t-il à Kevin Morby ? Au fil des albums, l’Américain s’est affirmé comme l’un des songwriters qui comptent dans le folk moderne. Pour ce cinquième disque, Kevin Morby a écrit essentiellement en avion, la tête dans les nuages… et dans son lit. On espère ne pas le voir redescendre de sitôt.

SOAK – Grim Town
(Rough Trade / Beggars)
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Bridie Monds-Watson, alias Soak, n’avait que dix-neuf ans quand elle s’était révélée avec le touchant Before We Forgot How to Dream. Quatre ans plus tard, l’Irlandaise s’éloigne des rives de l’adolescence qui habitait son premier album pour nous emmener vers Grim Town, destination imaginaire ancrée dans une réalité plus adulte.

GONTARD – 2029
(Petrol Chips / Ici D’ailleurs)
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Gontard nous revient autour de ce concept-album : dépeindre la vie de la classe moyenne, d’un chanteur de seconde zone, de Maria et consorts, dans une ville de province de taille moyenne, Gontard-sur-Misère, 33 000 habitants entre choix à court terme d’élus locaux, désengagement de l’État, crises, écroulements de toutes parts. Après le cinéma-vérité de Jean Rouch, Gontard invente la chanson-vérité.

NOUR – Vain Bleak And Iconic
(Kythibong / L’autre Distribution)
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Issu du collectif tourangeau Capsul, Nour est un faux nouveau groupe. Derrière lui se cachent trois musiciens (formés au jazz) déjà connus sous le nom de Tasty Granny, qui se laissent ici aller à leurs penchants plus pop. Enfin, pop dans l’acception Wyattienne (comme Robert Wyatt) du terme. Les ballades qui constituent la moitié du disque – la magnifique Lit-Upness en tête – semblent en effet tout droit sorties de l’excellent Old Rottenhat (1985) du maître anglais.

ASTROBAL – L’infini, l’Univers et les Mondes
(Karaoke Kalk)
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Dans L’infini, l’Univers et les Mondes, Astrobal, alias Emmanuel Mario, s’amuse à rester sur le fil. Il flirte élégamment avec le kitsch et un new age blue eyed soul. Entre impressionnisme et symbolisme, sa musique dégage un mystère assurément attirant.

L’ÉTRANGLEUSE – Dans Le Lieu Du Non​-​où
(La Curieuse / Red Wig / L’autre Distribution)
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Ce troisième disque du duo lyonnais L’Étrangleuse n’est pas seulement un concept musical autour d’une confrontation harpe-guitare. Dans la galaxie de l’orchestre tout puissant Marcel Duchamp, Mélanie Virot et Maël Saletes inventent un vocabulaire loin de tout folklore rance ou nationaliste.

MATTHIEU MALON – Le Pas De Côté
(Monopsone – Differ-ant)
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Après Désamour, qui se voulait comme un album à la manière des Cure période Pornography, l’Orléanais rebat les cartes de son jeu musical pour un exercice plus techno que son projet électro Laudanum, initié à la fin des années 1990. Comme si Jon Hopkins rencontrait l’école Kompakt.

KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD – Fishing for Fishies
(Flightless Records)
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Après avoir dynamité à peu près tous les genres jouables par une formation instrumentale rock – du métal au free-jazz en passant par le surf et le garage – on se demandait bien où le surproductif groupe australien pouvait encore nous emmener. La réponse, elle vient de là, elle vient du blues.

MOHAMED LAMOURI – Underground Raï Love
(Almost Musique)
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Le chanteur algérien qui fait monter les larmes aux habitués de la ligne 2 du métro parisien sort un premier album de ses propres compositions, chaperonné par le collectif La Souterraine et une dream-team de musiciens voyageurs (Baron Rétif, Mocke, Charlie O, Benjamin Glibert). Momo Lamouri est (enfin) sur les rails pour une reconnaissance hors de l’axe Père Lachaise-Barbès-Clichy.

EZRA COLLECTIVE – You Can’t Steal My Joy
(Enter The Jungle)
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Ne pas se fier au jeune âge des cinq membres de cette formation, qui ressemble de visu plus à un collectif de rap qu’à un groupe de jazz. En survet-basket, à coup de concerts suintants et généreux, de compositions mélangeant les influences sans complexe, ils ravivent l’esprit cool d’un jazz qui s’était momifié avec le temps.

LOCAL NATIVES – Violet Street
(Loma Vista Recordings / Caroline International)
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Trois ans après la sortie du décevant Sunlit Youth, les Américains de Local Natives reviennent avec un Violet Street sous forme de renaissance. Les Angelins – après quelques escapades solo dont le sublime projet Jaws of Love de Kelcey Ayer – ont adopté une configuration plus classique en studio où la composition se fait en face-à-face et chacun puise son inspiration dans l’autre.

CHELOU – Out of Sight
(Concrete Dog Records)
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Comme il est préférable de ne pas juger un livre à sa couverture, il ne faut pas juger un artiste à son nom. Ainsi, Adam Gray, un Londonien de 26 ans, a choisi, pour brouiller les pistes, de s’appeler Chelou. Pour autant, sa musique est claire comme de l’eau de roche : un folktronic, parfaitement troussé chanté d’une voix un brin nasillarde qui rappelle Alt-J.

PETER DOHERTY & THE PUTA MADRES – Peter Doherty & The Puta Madres
(Strap Originals / Differ-ant)

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Deux ans après Hamburg Demonstrations, Peter Doherty s’associe avec sa nouvelle bande, celle des Puta Madres, pour un nouveau chapitre à son histoire musicale. Enregistré en live dans une maison surplombant Étretat (Normandie) en quatre jours au cours de l’été dernier, la moitié des Libertines a décidé de puiser dans l’univers de ses débuts pour composer ce dédale de onze titres.

Malade[S] – Toutes Choses Visibles
(Salamah / Inouïe Distribution)
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Louise Goupil et Tanguy Moaligou avaient, sur le papier, autant de chance de produire un album électro que Leonard Cohen de chanter en falsetto. Mais leur curiosité savante, leur sens de la bidouille, leur goût commun pour les musiques sans frontière et leurs émotions communes les ont conduits à concevoir une musique numérique mais formidablement affranchie. L’exercice a parfois ses limites, mais le voyage est admirable.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

Deadbeat & Camara Trinity Thirty (Constellation Records)
The Mountain Goats –In League With Dragons (Merge Records)
Tankus The Henge – I Crave Affection Baby But Not When I Drive (Inouie Distribution)
Haythem Mahbouli – Catching Moments In Time (Schole Records)
Nick Murphy – Run Fast Sleep Naked (Future Classic Records)
Vanessa Wagner – Inland (Infiné)
Perilymph – Deux  (Six Tonnes De Chair)
Chevance – Outre Musique Pour Enfants (Born Bad)