King Hannah, "Davey Says" clip screenshot
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Magic : le cahier critique du 31 mai 2024

Chaque semaine, retrouvez ici la playlist Magic (en accès libre) et le cahier critique (édition abonnés). Ce 31 mai, BEAK>, King Hannah, Eric Chenaux Trio, Crumb ou Michael Head & The Red Elastic Band sont au programme.

La playlist des sorties de la semaine sera bientôt disponible sous ces deux liens :

Spotify | Deezer

BEAK> - >>>>

BEAK>
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(INVADA) – 28/05/2024

On peut officiellement arrêter de dire que BEAK> est le nouveau groupe de Geoff Barrow, batteur et coproducteur de Portishead. Désormais, et sauf nouvelle heureuse qui infléchirait les faits, Portishead serait plutôt l’ancien projet du leader de BEAK>. En faisant paraître son quatrième album sans annonce préalable il y a quelques jours, le trio anglais aux noms de disques imprononçables (une série de signes comme celui-ci : >) possède officiellement une discographie plus ample et plus étalée dans le temps que celle des auteurs de Glory Box. BEAK> a un point commun avec Portishead : il aime prendre son temps. Geoff Barrow (batterie), Billy Fuller (basse) et Will Young (claviers) n’avaient pas publié d’album abouti depuis 2018 – ce qui ne veut pas dire qu’il fut inactif, avec deux maxis, une soundtrack, un single et, on va y revenir, un paquet de concerts dans l’intervalle. Le promesse qu’ils nous avaient faite à la Route du Rock 2022, celle de publier ce nouvel album en 2023, a pris officiellement un an dans la vue. Entre-temps, un excès d’apparitions scéniques a pu conduire le groupe à «ne plus savoir qui il était», à force de répéter les morceaux les plus rythmiques qu’il sait efficaces en festival, ce qui l’a conduit à reprendre les choses là où ils les avaient commencées en 2008 : «Jouer seuls dans une pièce et ne rien attendre». Cette pièce : un Airbnb au Pays de Galles sans autres vertus que son cadre bucolique et son isolement. Ce quatrième album est le produit de ces étincelles originelles qu’il a fallu susciter à nouveau, et heureusement pour nous, elles enrichissent considérablement l’œuvre du trio plutôt qu’elles ne l’infantilisent. Tout ce que vous pourrez lire sur le fait que BEAK> propose une synthèse intrigante, sinon fascinante, de krautrock, de post-punk, de drum’n’bass voire de jazz aura une pertinence objective mais passera à côté de l’entreprise fondamentale que constitue ce groupe : un acte de résistance, par l’action de trois amis fusionnels, aux tourments du monde. «Jouer seuls dans une pièce et ne rien attendre.» Ces mots d’une simplicité proche du sabotage communicationnel résonnent avec le tableau que nous a présenté le groupe sur son approche artistique, lors de cette rencontre à Saint-Malo en 2022 : «Billy fume un truc, propose une ligne de basse qu’il envoie dans la messagerie, le plus souvent ça nous plaît et on développe le morceau en jouant en live. On arrive tous à identifier quand c’est de la matière excitante ou si c’est de la daube. BEAK>, c’est vraiment nous trois qui nous amusons en jouant de la musique».

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