La couverture de l’album “Crush” de Floating Points.

“La douce musique des pages qui se tournent” : le Top 2019 de Benjamin Pietrapiana

  1. (SANDY) ALEX G, House of Sugar
  2. JPEGMAFIA, All My Heroes Are Cornballs
  3. WAND, Laughing Matter
  4. TYLER, THE CREATOR, Igor
  5. FLOATING POINTS, Crush
  6. ALESSANDRO CORTINI, Volume Massimo
  7. THOM YORKE, Anima
  8. BIG THIEF, U.F.O.F.
  9. NICK CAVE & THE BAD SEEDS, Ghosteen
  10. VANESSA WAGNER, Inland 

    + La réédition BTTB, Ryuichi Sakamoto

Quand je regarde ce top, quand je presse “play” dans la chaîne hi-fi de ma tête, 2019 a déjà une musique particulière, celle, douce, des pages qui se tournent. Un goût, disons-le, tendrement mélancolique. Celui des fins de chapitres, et, aussi, de ma vingtaine à jamais écoulée.  

Ce top 2019 porte cela son cœur. Une sorte de beauté triste et puissante aux reflets sans cesse renouvelés court entre ses entrées. Le reflet endeuillé, sublime et épuré du maestro Nick Cave, celui, gênant, des angoisses de Thom Yorke, celui minimaliste, des notes d’ivoire minimaliste de Vanessa Wagner à son piano, et enfin, celui des incertitudes couchées sur le tapis rêveur U.F.O.F. pour Big Thief. (Sandy) Alex G et ses histoires qui cheminent de l’anodin au dramatique nous captivent dans un sentiment analogue. 

Cette année a aussi été un grand cru pour les amoureux des ondes. Mais même ces audaces sonores recèlent un grain de mélancolie. Folle furieuse chez JPEGmafia, sinistres et brûlantes chez Wand, amoureuse et torturée dans Igor de Tyler, The Creator, élégiaque dans les replis de la folle electronica de Floating Points ou dystopique chez l’Italien Alessandro Cortini. 

Cette année, ce top a peut-être une drôle de couleur, reste qu’il nous fait encore une belle promesse : le sublime est encore de ce monde. Et tant qu’il y aura du sublime, le verre sera à moitié plein.

BENJAMIN PIETRAPIANA a signé pour le quotidien Le Monde, en 2016, l’article annonçant la disparition de Magic, avant sa renaissance en 2017. Pour un jeune homme qui mourait d’envie d’exercer dans la presse musicale en général et dans la revue pop moderne en particulier, et qui participe désormais activement à sa survie, voilà une tristesse désormais amortie.