Aretha Franklin : les 5 albums-clés selon son biographe

Les funérailles d’Aretha Franklin, disparue le 16 août dernier à l’âge de 76 ans, ont eu lieu ce vendredi 31 août à Detroit. Sébastian Danchin, historien des musiques populaires afro-américaines et seul biographe français de la Reine de la soul (Portrait d’une natural woman, Ed. Buchet-Chastel, 2005, 420 pages) , a sélectionné les cinq disques les plus déterminants de son immense carrière et les a commentés pour Magic.

 

UnforgettableA Tribute to Dinah Washington – Columbia LP 8963 – (Mars 1964)

“Très choquée par la mort de celle qu’elle considère comme l’un de ses modèles, Aretha se lance avec enthousiasme dans ce projet en forme d’hommage que lui soumet son producteur Robert Mersey. Ce cinquième album reste peut-être le recueil le plus cohérent de l’héritage Columbia d’Aretha. Habile mélange de best-sellers attachés à la carrière de la «Queen of the Blues» —Evil Gal Blues, Unforgettable, This Bitter Earth… — et de titres plus obscurs, ce disque dévoile le potentiel soul d’Aretha.”

I Never Loved a Man the Way I Love You – Atlantic LP 8139 – (Mars 1967)

“Le disque de la révélation, né dans la souffrance à Muscle Shoals, Alabama. Après avoir mis deux titres en boîte, Jerry Wexler regagne la côte Est en catastrophe, la séance ayant tourné au pugilat entre le mari de la chanteuse, Ted White, et le propriétaire du studio. L’enregistrement se conclut en secret à New York avec les musiciens sudistes et Aretha tient l’album fondateur de son succès commercial, quatorze semaines à la place d’honneur des meilleures ventes black. A la clé, trois best-sellers (dont la chanson titre et R-E-S-P-E-C-T) et le titre de Reine de la Soul.”

Aretha Live at Fillmore West – Atlantic 7205 – (Mai 1971)

“La période Atlantic est marquée par plusieurs enregistrements en public, dont celui réalisé à l’Olympia en plein mai ’68, Aretha in Paris. Sous l’influence de son mari, la chanteuse tourne à l’époque avec un orchestre de qualité discutable, au grand désespoir de son producteur qui décide alors de mettre en chantier ce projet dans le temple du rock, sur la Côte Ouest. Plébiscitée par un public en délire, soutenue par la formation de King Curtis, accompagnée sur un titre par Ray Charles, Aretha s’installe définitivement dans l’arène Pop.”

Amazing Grace – Atlantic 906 – (Juin 1972)

“On le sait peu, mais Aretha a donné au monde du gospel son premier best-seller avec ce double album, qui est également le disque plus vendu de toute sa carrière. Dix mois après avoir conquis la jeune Amérique blanche au Fillmore de San Francisco, la fille du révérend Franklin retrouve ses racines dans l’église de l’un des maîtres à penser de son adolescence, le pasteur James Cleveland. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un concert, mais d’un office religieux, filmé dans son intégralité par le réalisateur Sidney Pollack. On se prend à rêver que ces images sortent un jour des cartons…”

Who’s Zooming Who – Arista 8286 – (Juillet 1985)

“Lorsqu’il signe Aretha Franklin sur son label Arista, Clive Davis souhaite métamorphoser sa chanteuse en artiste universelle, au-delà des barrières musicales traditionnelles. Il lui faudra attendre cinq ans et ce recueil produit par Narada Michael Walden, l’homme qui a révélé le talent de Whitney Houston, pour parvenir à ses fins. Au terme d’une longue traversée du désert, Aretha rejoint Tina Turner dans le groupe de tête des rock-stars noires.”

Recueilli par Benjamin Pietrapiana