Carrie & Lowell : le disque-monde de Sufjan Stevens

Au printemps 2015, Sufjan Stevens sublimait le deuil de sa mère absente sur l'intimiste et dépouillé Carrie & Lowell. Une belle et longue enquête de Jean-Marie Pottier sera imprimée dans notre hors-série Les Années-Modernes à paraître par correspondance le mois prochain.

TEXTE JEAN-MARIE POTTIER

Le recueil de poèmes, paru à compte d’auteure, compte à peine quelques dizaines de pages. Sur sa couverture bariolée, un titre tout aussi bref : I’ll Go, «Je m’en irai». Celle qui l’a écrit, Carrie Marabeas, est morte quelques mois à peine après la publication de ce premier et unique livre, à soixante-deux ans. Elle s’en est allée mais demeure dans nos mémoires. Une silhouette, gilet blanc et yeux mi-clos derrière des lunettes mouche, sur une photo craquelée par le temps. Un prénom, celui qui cosigne, d’une certaine façon, une autre œuvre, un disque publié par son benjamin à l’orée du printemps 2015, moins de trois ans après sa disparition : Carrie & Lowell, de Sufjan Stevens. Le chef-d’œuvre des dix dernières années aux yeux des amoureux de pop moderne. Quand nous avions recensé les disques susceptibles de figurer parmi les cent cinquante disques les plus importants des années 2010 pour notre numéro 216, en juin dernier, la rédaction d’un côté, les lecteurs de Magic de l’autre, l’avaient d’ailleurs largement placé en tête de leurs votes respectifs. Il n’était pas prévu qu’un tel consensus surgisse aussi nettement. Il nous a donné le luxe du temps pour raconter l’histoire d’un album que d’autres anthologies à venir rangeront probablement entre quelques prestigieux aînés au cœur lourd comme Blue de Joni Mitchell, Tonight’s the Night de Neil Young ou Blood on the Tracks de Bob Dylan… La suite ? C’est dans l’hebdo pop moderne #69 ! Ou par ici pour nos abonnés.