This Is Not A Love Song 2017 : retour sur trois jours de réjouissances

Pour sa cinquième édition, le festival nîmois pas comme les autres apparaît une fois de plus comme un point de passage obligé pour les amateurs de musiques indépendantes et éclectiques. Entre confirmations nostalgiques et découvertes réjouissantes, voici quelques fragments impressionnistes d’un week-end  ensoleillé et enthousiasmant.

Par Matthieu Grunfeld

Tout en confirmant année après année ses velléités expansionnistes – il a accueilli cette année pas moins de 16 000 spectateurs répartis sur les cinq scènes désormais offertes au public – le festival This Is No A Love Song est parvenu à conserver le caractère convivial et réjouissant qui nourrit depuis ses débuts son succès et sa réputation. La programmation musicale demeure caractérisée par son exigence et son ouverture, du rock stoner à l’électro en passant par toutes les déclinaisons imaginables de l’indie-pop et du garage. Du coup, le brassage des publics les plus variés dans un cadre idéalement conçu pour profiter des beaux jours constitue en lui-même une source de spectacle et d’émerveillement permanents.

Dans un grand méli-mélo d’uniformes et de panoplies diverses, les membres affiliés de la Turbojugend – ces fans des métallo-rigolos norvégiens de Turbonegro organisés en sections locales de simili-bikers bon enfant – côtoient un contingent de touristes japonaises qui consacrent leurs rares congés à suivre la tournée des vétérans de Teenage Fanclub et qui poussent même la passion pour le merchandising jusqu’à dévaliser, en pleine canicule, un stock de parapluies estampillés du logo de leurs idoles. Alors que leurs aînés officialisent parfois leurs amours festivalières en s’unissant devant un faux Elvis (incarné par Julien Francioli, ex-bassiste de l’ancien groupe de Julien Doré, Dig Up Elvis) ou s’adonnent aux plaisirs manuels de la confection des pièges à rêves,  les plus jeunes spectateurs dûment équipés des protections auditives idoines mises à leur disposition ont ainsi pu tranquillement profiter, en fin d’après-midi dominicale, du blues habité de Bror Gunnar Jansson. L’expérience TINALS, comme on jargonne dans les milieux communiquant, prolonge donc à la perfection une affiche au diapason de cette ouverture, et où les jeunes découvertes (The Coathangers, Shame, Mofo Party Plan) croisent confraternellement le fer avec les gloires confirmées d’hier ou d’avant-hier (Echo And The Bunnymen, Black Angels, Royal Trux). Un festival auquel on retournera sans hésitation, les yeux fermés mais les oreilles grandes ouvertes.

Top 5 des concerts

1/ The Make-Up

Arpentant la scène et le public avec une fougue inaltérable, Ian Svenonius confirme qu’il n’a rien perdu de ses  dons exceptionnels de performer.

2/ Andy Shauf

Un jeune sosie de Jay Mascis avec la voixde Paul Simon ? Oui, mais pas seulement. Des mélodies raffinées servies par une belle science des arrangements qui confirment, en plein air, la côté d’amour acquise par l’une des révélations de l’année 2016.

3/ Teenage Fanclub

Un set parfait qui laisse sans voix. Ayant passé l’entièreté du concert au premier rang à hurler faux les paroles des tubes enchaînés sans discontinuer par les Ecossais au sommet de leur art, l’auteur de ces lignes n’a donc rien à ajouter.

4/ Kokoko

Véritable OVNI musical, le collectif de Kinshasa pratique un recyclage ludique et surprenant, où les instruments bricolés s’entrechoquent avec une esthétique décalée à la Devo.

5/ Primal Scream

Certains spectateurs ont prétendu avoir aperçu Bobby Gillespie traîner, seul et triste, du côté des arènes de Nîmes quelques heures avant son show. Rumeur ou réalité, quoi qu’il en soit, le vétéran écossais avait bel et bien repris une bonne dose de poil de la bête avant d’enflammer la grande scène extérieure et de communier avec la foule en liesse aux sons indémodables de Screamadelica (1990).