The Apartments live 2023
Abonnés
© Julien Courbe

Peter Milton Walsh, mister nostalgia

Samedi 11 novembre, Peter Milton Walsh de The Apartments répondait à l'invitation de l'association Life Is a Minestrone en interprétant ses chansons sous le haut plafond d'une belle maison de Charenton. Il l'aura plongée dans ses clairs-obscurs, et laisser chacun repartir avec des fragments de sa magnifique musique mémorielle.

Se rendre à un concert de The Apartments, c’est avoir rendez-vous avec soi-même. Celui qu’on a été, celui qu’on est devenu. Parfois, ces deux sont réconciliables et les chansons de The Apartments sont là pour nous le révéler car on a vieilli avec elles – ou plutôt grandi, tant elles nous ont élevés. Assister à un concert de The Apartments, c’est découvrir que des émotions que l’on croyait disparues, des souvenirs que l’on imaginait enfouis, sont toujours là, nichés quelque part dans le corps. Ceux-ci sourdent d’un repli, en longs frissons ; éclosent au son des chansons de Peter Milton Walsh.

That’s what the music is for
Memory plays memory games with the past

Bring back the years, bring back the world
Bring back the days that had you in them1

chante Peter, sous le haut plafond d’une belle maison de Charenton. Ce n’est pas la première fois que la précieuse association Life Is a Minestrone l’y invite. Ce 11 novembre 2023, c’est une incarnation resserrée des Apartments qui joue – Peter Walsh, guitare acoustique et voix ; Antoine Chaperon, guitare électrique. Une telle complicité les lie que la musique s’offre limpide, essentielle. Sinueuse et, en un même mouvement, directe. Les lieux sont emplis à craquer et, chose rare, Peter ne porte pas de lunettes noires ce soir. Sa douleur n’a plus l'obscurité pour s’apaiser ou tricher. «La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil», avait compris René Char2 il y a longtemps. Il va falloir à Peter exprimer cette douleur (et nous, la recevoir) en pleine lumière, sans pouvoir en dévier les flèches, en ralentir la course. Outre sa voix «Enfonce-toi dans l'inconnu qui creuse», Char encore , qui fait résonner tout le corps avant de se frayer vite un chemin jusqu’au cœur, nous accueillons ce soir son regard qui balaie la salle, se pose, s’élève, interroge, frôle à peine, regarde loin. Entre en lui-même.

Article réservé aux abonnés. Pourquoi pas vous ?

Vous êtes abonné·e ? .