Been Stellar | Photo © Naz Kawakami
Been Stellar | Photo © Naz Kawakami

Nos 5 pépites du Pitchfork Music Festival Paris 2023

Comme en 2022, votre revue pop moderne préférée est ravie de vous annoncer son partenariat avec le Pitchfork Music Festival Paris, qui se tiendra du 6 au 12 novembre prochain dans divers lieux de la capitale. Qui dit Pitchfork dit talent pour la curation de grande qualité, ce qui explique le potentiel "waouh" de cette programmation dont on vous présente nos cinq coups de cœur. 

Youth Lagoon – 6 novembre, Église Saint-Eustache

Lieu extraordinaire pour concert extraordinaire. Composé par un Trevor Powers alors âgé d’à peine 22 ans, The Year of Hibernation (2011) n’est rien d’autre qu’une pièce mâitresse de la lo-fi de ces quinze dernières années. Au point, peut-être, de s’être révélée trop encombrante pour son auteur, qui mit fin à l’aventure Youth Lagoon en 2016, après deux autres disques. Jusqu’à un retour presque inattendu en 2023, avec un excellent Heaven Is a Junkyard (voir le cahier critique de l’hebdo #59) . La dream pop à fleur de peau de Youth Lagoon trouvera certainement dans l’église Saint-Eustache un écrin à même de transporter un public de chanceux au firmament. C’est tout ce qu’on vous souhaite.

Been Stellar – 6 novembre, Trabendo

On vous rassure – ou pas, c’est peut-être le rêve de certains –, il n’est pas question de voir Ben Stiller sur la scène du Trabendo. Plutôt que du cinéma – même si leur musique possède ce on-ne-sait-quoi de cinématographique –, Been Stellar fait du bruit. On y retrouve l’impétuosité d’une jeunesse qui n’a pourtant jamais pu fréquenter le CBGB, avec ces guitares qui sonnent comme si Is This It avait fricoté avec le Shame de Songs of Praise. Le New York de Been Stellar n’est pas celui de Vogue et de Cosmopolitan, il est viscéral et un peu crasseux, mais il est surtout plein de vie et de charme. Formé en 2017, le quintette n’a pour l’instant révélé qu’une poignée de singles et un EP à leur nom (en 2022). Autant de promesses qui n’attendaient peut-être que le Pitchfork Music Festival Paris pour éclater à la face du monde.

Crumb – 8 novembre, Trabendo

On découvre Crumb en 2016, par l’intermédiaire d’un très court EP éponyme. Trois titres lorgnant du côté lounge de la bedroom pop, avec ce son très feutré et très filtré à la fois. Un an plus tard, c’est l’EP Locket, et, déjà, le début des gros chiffres – près de 100 millions de streams pour le morceau-titre. Signe d’un groupe qui donne l’impression d’avoir musicalement tout compris à son époque, à l’heure où le retour en grâce de la lo-fi donnait naissance à une constellation de micro-genres. Pour Crumb, il fallait concrétiser ça par un passage sur long-format, ce qu’ils ont admirablement fait entre 2019 et 2021 avec Jinx et Ice Melt. Ce ne sera pas le premier passage parisien de la formation menée par Lila Ramani, mais le Pitchfork Music Festival Paris sera l’occasion pour les Angelinos de se frotter à une salle d’exception. On fait confiance à leur pop psychédélique pour transporter l’assistance. 

Picture Parlour – 9 novembre, Petit Bain

Ce qu’il y a de génial avec le Pitchfork Music Festival Paris, c’est qu’on y retrouve autant de pointures que de jeunes pousses qui marchent dans leur sillage. Dans cette catégorie, difficile de faire l’impasse sur Picture Parlour. Le quatuor n’a littéralement qu’un seul single à son actif. Mais quel single. Norwegian Wood, c’est d’abord une voix brisée et brisante à la fois, celle de Katherine Parlour, une voix qui vous prend aux tripes pour ne jamais vous laisser redescendre. C’est aussi un son de guitare à la Weezer qui fonctionne à tous les coups. Le Royaume-Uni s’est alors très vite enflammé lors de la parution du titre au début de l’été 2023, le groupe finissant même par faire la couverture du NME. La venue de Picture Parlour au Petit Bain promet forcément de la nouveauté : vous êtes sûrs de ne connaître qu’une seule chanson de la setlist.

Haley Blais – 12 novembre, Petit Bain

Un peu à la manière de Clairo, Haley Blais a fait ses débuts sur YouTube au milieu des années 2010 avec des reprises à la guitare captées par une simple webcam – une chaîne agrémentée de quelques vlogs et autres délires de podcasteur. Il faudra attendre 2016, avec le trois-titres Late Bloomer, mais surtout 2018 pour que son talent, dans une veine bedroom folk, se cristallise vraiment sur disque. Depuis, c’est deux albums pour la native de Vancouver, dont le dernier en date, Wisecrack, sorti à la rentrée. Une folk, toujours, mais qui sait parfois se montrer très jangly, prouvant que le passage de la sphère Internet à une véritable reconnaissance critique est toujours possible. Il ne reste plus que la reconnaissance scénique – du moins en France. La Canadienne n’avait jamais mis les pieds sur une scène parisienne ; on peut remercier le Pitchfork Music Festival Paris pour ce cadeau. 

Mais aussi !

Weyes Blood, qu’on ne présente évidemment plus. Helado Negro, Dream Wife, Special Interest (qu’on a croisé à la Route du Rock), blackwinterwells, Ichiko Aoba, Tkay Maidza… Beaucoup de très beau monde, en réalité. Il n’y a qu’à lire la programmation du festival pour s’en persuader. Et encore, on ne vous a même pas parlé de sa section Avant-Garde – un Top 5 n’aurait pas suffit, il aurait fallu un Top 20.