Mort de David Berman (Purple Mountains, ex-Silver Jews) à 52 ans

Le cerveau de Purple Mountains et ancien leader des Silver Jews, David Berman, est décédé à l’âge de 52 ans, a annoncé son label Drag City dans la nuit du 7 au 8 août. Les causes de la mort sont inconnues mais elles serrent le cœur de tous ses amis et fans, qui connaissaient ses failles et sa fragilité.

Il nous avait à nouveau offert quelques trésors pop avec la parution du premier album de son projet Purple Mountains, au début de l’été. Il devait partir en tournée aux États-Unis ce week-end pour le promouvoir. Mais la vie de David Berman s’est arrêtée le mercredi 7 août à l’âge de 52 ans, a annoncé son label Drag City. La cause du décès n’a pas été précisée. Dans un tweet, son ancien complice des Silver Jews, Stephen Malkmus, a maudit la dépression.

Berman s’est fait connaître comme le cerveau de ce projet né à Hoboken, tandis qu’il était gardien de nuit au New York’s Whitney Museum of American Art, et qui a donné six albums entre 1994 et 2008. Le musicien avait annoncé en 2009 la dissolution de son groupe et son retrait de la musique. Mais après avoir sorti deux livres et animé un blog avec des poésies et collages (Menthol Mountains), il était revenu à la pop en produisant l’album de Yonatan Gat, Universalists (2018) puis en enregistrant le disque de son propre retour créatif, Purple Mountains.

Paru le 12 juillet de cette année, l’album avait été désigné coup de cœur Magic avec la note maximale de 6 sur 6. Wilfried Paris, et nous tous, voulions croire à son message : « Façon journal intime de la catastrophe permanente, (David Berman) égrène en cavalcades classic-rock les moments les plus misérables de son existence, sentimentaux (She’s Making Friends, I’m Turning Stranger) ou économiques (Margaritas at the Mall). De All My Happiness is Gone et ses violons synthétiques, à la ballade country Maybe I’m the Only One For Me, Berman conte la lente acceptation de soi, en chansons-confessions désarmantes de sincérité, finalement rédemptrices. » Dans son existence en zigzag, les ténèbres ont fini par triompher.

David Berman n’avait jamais fait mystère de sa consommation de drogues rarement maîtrisée depuis le début des années 2000. Dans une interview récente pour le site de la Poetry Foundation, il affirmait n’avoir été 100% sobre qu’autour du cinquième album des Silvers Jews en 2005. Il ajoutait : « En tournée, je fume quotidiennement. C’est la seule façon pour moi de supporter l’agitation et l’ennui. » Ses consommations étaient souvent beaucoup plus dures que le cannabis.

Savoir que tout ceci pouvait être utile à d’autres rendait ma misérable existence plus supportable.

Le musicien avait fait une tentative de suicide le 19 novembre 2003, à Nashville, sauvé par son épouse Cassie, elle aussi musicienne dans The Silver Jews. Le couple avait récemment divorcé, « car les façons dont nous voyions nos 10.000 prochaines nuits étaient diamétralement opposées ». Le couple n’avait pas d’enfant et Berman envisageait de quitter les États-Unis pour le Canada.

En se retirant une première fois de la musique en 2009, David Berman avait par ailleurs révélé être le fils d’un lobbyiste pro-armes à feu et pro-alcool (notamment), Richard Berman, 77 ans aujourd’hui, avec qui il a coupé les ponts à partir de 2006, notamment quand celui-ci a refusé de mettre fin à ses activités. « Je suis le fils d’un démon venu sur terre pour faire triompher le désastre » avait indiqué le musicien. David Berman avait confié en 2010 avoir tenté d’écrire un livre sur le sujet puis interrompu une tentative de transformer ces écrits en pilote de série, pour ne pas donner à l’existence de son géniteur un souffle épique.

« Je n’ai pas de préférence a priori pour l’écriture de chansons autobiographiques, développait David Berman au début de l’été dans son interview à Poetry Magazine. C’est juste que je me suis retrouvé enfermé dans une position psychologique où écrire des chansons a été une sorte de boost, une alchimie me permettant de transformer la vie en art. Savoir que tout ceci pouvait être utile à d’autres rendait ma misérable existence plus supportable. »

C. R.
(Photo Bobbi Fabbian pour Drag City)