Manuel Bienvenu, Lambchop, Brian Eno… Ça sort ce vendredi 13 novembre et Magic aime

Avec "Simple Mind" de Sébastien Tellier, "Trip" de Lambchop, "A Very Chilly Christmas" de Chilly Gonzales ou une anthologie des BO de Brian Eno, Magic a sélectionné les disques à ne pas louper ce vendredi 13 novembre.

MANUEL BIENVENU – Glo
(MICROCULTURES / KURONEKO)

Avec un quatrième album en vingt ans, Manuel Bienvenu ne risque pas de nous incommoder par son omniprésence. En revanche le musicien francilien nous propose, cinq ans après Amanuma, un nouveau disque à tiroirs qui va camper un moment dans nos lecteurs, tandis que nous savons déjà vaine la quête d’une pleine compréhension de cet univers singulier. Sa pop serait l’impossible équation entre la liberté harmonique du jazz, la science sonore de Air et l’inhabituelle présence vocale d’un Mark Hollis ou d’un Robert Wyatt. Un disque où chaque seconde oblige avec élégance et chaleur à réinitialiser la façon dont nos oreilles écoutent la musique. Une autre idée du confort d’écoute propre à la pop. Un nouvel espace sonore d’un autre genre, signé Manuel Bienvenu.

LAMBCHOP – Trip
(CITY SLANG)

Le quatorzième album studio des Américains de Lambchop se plaît à incruster les chansons des autres dans un décor bien à eux. Sur ce disque de reprises, Golden Lady de Stevie Wonder, Reservations de Wilco ou encore le Where Grass Won’t Grow popularisé par George Jones se retrouvent à flotter dans un halo propre à leur country spleenétique.

BRIAN ENO – Film Music 1976-2020
(UNIVERSAL)

Avec ou sans son frère Roger, Brian Eno a composé un certain nombre de bandes originales pour le grand et le petit écran. Cette rétrospective, qui pioche aussi bien dans les grandes étendues pour SF costumée (Dune, David Lynch) que dans la tension contenue d’un face-à-face imminent (Heat, Michael Mann), décline les environnements sonores tout terrain du père de l’ambient.

CHILLY GONZALES – A Very Chilly Christmas
(GENTLE THREAT LTD)

C’est sans doute le seul endroit où Mariah Carey et le regretté David Berman pouvaient être présentés l’un à l’autre. Pas en personne, mais par l’intermédiaire de leur chanson respective, couchée sur le piano sans œillères de Chilly Gonzales. Sur ce disque de Noël qui brasse chants traditionnels et pop enguirlandée (Wham!), le Canadien convie ses complices Feist et Jarvis Cocker autour d’un programme qui panse les revers de l’année passée.

DOMENIQUE DUMONT – People on Sunday
(THE LEAF LABEL)

Voici une création sonore qui n’était pas destinée à finir sur un album. Mais qu’il aurait été bête de réserver au seul public du festival pour lequel elle été créée. Le deuxième album du Letton Domenique Dumont (ex-duo désormais ramené à la seule personne d’Arturs Liepins) correspond à la mise en musique imaginée de People on Sunday (Menschen am Sonntag en v.o.), un film muet allemand réalisé en 1930 par Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer. Soit quarante minutes d’ambient ridée de vaguelettes minimalistes.

SUTJA GUTIÉRREZ – Phylax Society
(LUMIÈRE NOIRE)

Samples mâchés et découpés, voix qui surgissent comme des hallucinations auditives, environnement lo-fi hostile et glue électro : le troisième album de l’Espagnol Sutja Gutiérrez assemble sa pop psychédélique par petits bouts. Et laisse sa jungle assistée par ordinateur absorber un auditeur perdu mais fasciné.

STAR FEMININE BAND – Star Feminine Band
(BORN BAD RECORDS)

En 2016, sur l’invitation d’une radio locale, sept jeunes filles de la ville de Natitingou, dans le nord du Bénin, se sont regroupées autour du musicien André Balaguemon pour ce qu’on appellerait une formation musicale accélérée – aucune d’entre elles n’avait jamais approché un instrument. Qu’elles puissent, après seulement quatre ans, se présenter avec un tel album sous le bras relève donc d’une petite prouesse. À la croisée de la rumba congolaise, du highlife et de la joie manifeste du jouer ensemble. Impressionnant de précocité et gorgé de vitamines.

SABINE HAPPARD – Live EP
(LA SOUTERRAINE)

La jeune auteure-compositrice-interprète nous laissait coi il y a tout juste un an avec ses reprises de l’artiste Jean-Luc Le Ténia. Live, son premier EP, s’enfonce du côté de la mélancolie. Comme sur Le désastre des eaux claires, un hommage au chanteur Christophe, écrit après leur rencontre autour d’un couscous à Ménilmontant. Ailleurs, la plume de Sabine Happard court sur des lignes ingénues, souvent mélo, avec la dramaturgie d’une Françoise Hardy.

GABRIEL ÓLAFS – Absent Minded Reworks
(ONE LITTLE INDEPENDENT RECORDS)

Piano Works, paru en juin dernier, était déjà une relecture de son précédent – et premier – album, Absent Minded (2019). Celui-ci, baptisé Absent Minded Reworks, vient ainsi appliquer une deuxième couche puisque le très jeune Islandais y charge d’autres compositeurs de retravailler ses pièces pour piano. Le résultat reconfigure totalement l’espace des compositions en faisant courir tout au long de leur ossature instruments nouveaux et vibrations électro.

YES BASKETBALL – Goodbye Basketball
(A TANT RÊVER DU ROI / L’AUTRE DISTRIBUTION)

Rien ne pouvait sortir indemne d’un carambolage comme celui-ci. Goodbye Basketball, le premier album du projet solo du Français Pierre Marolleau, envoie du hip-hop primaire se briser contre des instrumentaux math-rock et n’hésite pas à couper certains morceaux dans leurs élans pop. Le même genre de fracture qui s’appliquait systématiquement à tout ce que touchait le Beck de Mellow Gold (1994).

KRUDER & DORFMEISTER – 1995
(G-STONE RECORDINGS)

Pas d’inquiétude, le duo autrichien Kruder & Dorfmeister n’est pas près de rejoindre la liste de ces groupes partis sur un chef-d’œuvre pour finalement tout gâcher vingt ans plus tard avec un come-back discographique dérisoire. Comme son nom l’indique, 1995 tient en fait de l’exhumation d’archives et rassemble quinze titres que ces maîtres d’une formule trip-hop gavée aux samples avaient (à tort) laissés dormir dans des cartons. Ouf !

TREES – Trees [50th Anniversary Edition]
(FIRE RECORDS)

Souvent étiquetés comme des sous Fairport Convention – la même configuration de formation folk à chanteuse, la même célébration de l’Angleterre pastorale, en moins bien –, leurs compatriotes Trees avaient néanmoins une facette acide plus affirmée. Et le temps de deux albums parus en 1970, The Garden of Jane Delawney et On the Shore, ils proposèrent une variante intéressante qui tirait vers des jams à rallonge. Ce coffret anniversaire rassemble l’ensemble de leur œuvre, y compris des démos et des sessions radio.

FATEN KANAAN – A Mythology of Circles
(FIRE RECORS)

Comme l’Américaine Holly Herndon qui travaille main dans la main avec une intelligence artificielle, la compositrice et performeuse Faten Kanaan est fascinée par ce que la machine a à dire sur l’humain. Les boucles de synthés qu’elle monte sur ce quatrième album en cinq ans dessinent une banquise déserte où les rares voix humaines ne savent formuler rien d’autre qu’un lointain écho.

NADA SURF – Never Not Together
(édition deluxe chez CITY SLANG)

Les rééditions deluxe, de nos jours, ne laissent même plus le temps aux disques de vieillir. Ainsi, Never Not Together, le neuvième album de Nada Surf paru en février dernier, s’offre une nouvelle sortie for fans only – et seulement disponible en numérique – qui l’enrichit comme il se doit de versions acoustiques, orchestrales, en langues étrangères et de trois inédits. De quoi doper ce disque qui manquait peut-être d’un peu d’unité.

BERTRAND BURGALAT – De Gaulle bâtisseur B.O.
(TRICATEL)

Le cinquantième anniversaire de la mort du Général de Gaulle sera célébré par la diffusion, le 16 novembre sur France 3, du documentaire De Gaulle Bâtisseur, une histoire des trente glorieuses réalisé par Camille Juzat. Disponible dès ce vendredi, la bande originale signée Bertrand Burgalat laisse entendre que l’élévation des premiers grands ensembles et le déploiement du réseau autoroutier auront droit à des orchestrations grande classe. Avec cordes de velours, chœurs dramatiques et averse de synthés.

LE VOLUME COURBE – Fourteen Years EP
(HONEST JON’S RECORDS)

Aussi rare sur album (deux œuvres en 2005 et 2015) que précieuse à chaque apparition, la Franco-Londonienne Charlotte Marionneau revient avec un magnifique maxi de quatre morceaux, trois chansons et un instru-cri de douleur intitulé MRI Song. “MRI” comme “IRM”, ces examens qui détermineront la taille de vos tumeurs cancéreuses, épreuve que traverse la musicienne depuis 2019, quand elle avait dû se soustraire à la tournée de Noël Gallagher “pour raisons personnelles”. Sa page bandcamp ne fait plus mystère de l’épreuve et insiste sur l’instinct vital qui a présidé la réalisation de ce maxi épaulé par Terry Hall et Noel Gallagher sur le morceau Mind Contorted. Volume Courbe, un son fragile et lumineux, et très espiègle sur le Fourteen Years qui lui sert de titre.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

  • RYUICHI SAKAMOTO – Hidari Ude No Yume (réédition chez WEWANTSOUNDS / MODULOR)
  • SUN RA & HIS ASTRO-GALACTIC-INFINITY-ARKESTRA – Dark Myth Equation Visitation – vinyle (STRUT RECORDS)
  • JOHNNY CASH – Johnny Cash and The Royal Philarmonic Orchestra (SONY MUSIC)
  • WILLIAM BASINSKI – Lamentations (TEMPORARY RESIDENCE LTD)
  • AESOP ROCK – Spirit World Field Guide (RHYMESAYERS ENTERTAINMENT / MODULOR)
  • SÉBASTIEN TELLIER – Simple Mind (RECORD MAKERS)
  • MARINA HACKMAN – Covers (SUB POP)
  • ILHAN ERSAHIN’S ISTANBUL SESSIONS – Bir Zamanlar Simdi (NUBLU RECORDS)
  • THE CRIBS – Night Network (SONIC BLEW / [PIAS])
  • FREDDA – Bisolaire (MICROCULTURES)
  • LIRAZ – Zan (GLITTERBEAT / MODULOR)
  • JUR – Sangria (JUR / L’AUTRE DISTRIBUTION)
  • S8JFOU – Cynism (PARAPENTE MUSIC)
  • JIM YOUNGER’S SPIRIT – El Malpais (WATONWAN RECORDS)
  • ZOLA MENNENÖH – Longing for Belonging (FIGUREIGHT RECORDS)
  • MARK PRITCHARD – MP Productions – EP1 (WARP RECORDS)