Un extrait de la pochette de Making of you de Snowgoose

Lumières dans la grisaille : le Top 2020 de Julien Courbe

Jusqu'à la fin du mois, nos rédacteurs résument leur année pop dans un Top 10 de leurs albums préférés. Aujourd'hui, Julien Courbe extrait quelques nouveautés qui ont empêché 2020 d'être fade.

  1. CABANE – Grande est la maison [Cabane Records]
  2. THIS IS THE KIT – Off off on [Rough Trade]
  3. SNOWGOOSE – The making of you [Glass Modern]
  4. MAN OF MOON – Dark sea [Cosmic Pool]
  5. KOKI NAKANO – Pre-choreographed [No Format]
  6. JARV IS – Beyond the pale [Rough Trade]
  7. THOUSAND – Au paradis [Talitres]
  8. JULIEN GASC – L’appel de la forêt [Born Bad Records]
  9. DOMINIQUE A – Vie étrange [Cinq]
  10. OUMOU SANGARÉ – Acoustic [No Format]

Cette année ne ressemblera à aucune autre. Détestable, désespérante, révélatrice du pire, bouleversant les habitudes et, souvent, les certitudes. Pas/peu de concerts pour se nourrir de découvertes et de coups de cœur inattendus, moins d’échanges et de débats…

Il a fallu se rassurer. Pour moi, à l’inverse de toute logique, les périodes de confinement de cette année singulière ont été celles pendant lesquelles j’ai écouté le moins de musique. Plus précisément celles pendant lesquelles j’ai écouté le moins de nouvelles musiques : j’ai préféré me replonger avec parcimonie dans mes disques de chevet (ceux de Songs : Ohia, de Peeps into Fairyland, d’Anouar Brahem…) et m’en trouver d’autres.

Un autre : Grande est la maison de Cabane, immense baume sur des plaies imaginaires, classique instantané, disque référence dont on ne fera (et dont on ne fait déjà) que des dérivés. Le talent de Thomas Van Cottom et les interprétations superbes de Kate Stables et Will Oldham ont enluminé des journées grises et distribué espoirs et enthousiasmes sobres et intenses.

Tout aurait pu être fade après cela, mais les albums de This Is The Kit de Kate Stables (encore, quelle voix !) et de Snowgoose (l’Anglaise Anna Sheard et l’Écossais Jim McCulloch, ancien de Soup Dragons, accompagnés de membres de Belle and Sebastian et de Teenage Fanclub) ont porté aussi haute une certaine idée de l’élégance, folk d’un côté, “glaswégienne” de l’autre, enchanteresse des deux…

Tout est ensuite bigarré, à l’instar des émotions en montagnes russes et des séquences d’espoir/résignation vécues pendant ces neuf derniers mois : des disques vifs et prenant comme ceux du duo écossais de Man of Moon (Twilight Sad vs. Joy Division) ou du jeune vétéran Jarvis Cocker (avec son Jarv Is en forme de Pulp 2.0, pétillant et érudit), des albums plus introspectifs comme ceux de Dominique A (le minimalisme de Remué en légèrement plus gai) ou de Julien Gasc (orfèvre d’un pop intime sous des abords luxuriants) et des confirmations d’OVNI avec la valeur désormais sûre de Thousand et son disque iconoclaste et fervent.

Mention spéciale au label No Format et ses deux sorties inspirantes de l’année, aux antipodes l’une de l’autre : le disque pointilleux et fragile du pianiste dit expérimental japonais Koki Nakano et celui instinctif de la diva malienne Oumou Sangaré

2021 débutera avec un nouvel album d’Arab Strap, seize ans après leur The Last Romance. Une raison suffisante pour espérer : jamais un virus ne pourra détruire la foi inébranlable en quelques accords essentiels de guitares.

Bonus : Roddy Woomble et son Everyday Sun EP ou comment le chanteur d’Idlewild transcende les genres et se révèle dans le spoken-word minimaliste…