Le Top 100 2025 de Magic, partie 5 – de la 5ème à la 1ère place

Cette année, Magic s’y prend un peu plus tôt que d’habitude pour dévoiler son classement des cent meilleurs albums de l’année. Un palmarès qui tranche nettement – surtout dans ses premières places – avec ceux de nos « concurrents ». Preuve qu’en 2025, plus que jamais, la pop s’est pensée et écrite au pluriel, et que de nombreuses scènes ont su s’imposer comme incontournables. Alors que notre hors-série est disponible en précommande jusqu’à dimanche 7 décembre à minuit, voici la dernière partie de notre Top 100.

5. BAR ITALIA – Some Like It Hot (MATADOR)

« Ok. Il est enfin là. Deux ans que j’attendais ce moment – ça compte déjà comme “des années”, non ? Mais si je suis déçu, qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je m’en remettrais ? Bon, le disque s’ouvre avec Fundraiser : si le reste est du même niveau, ça devrait aller, non ? Jezmi, Sam, Nina… ne me laissez pas tomber. » Bienvenue dans mon cerveau avant d’écouter Some Like It Hot. Et après ? Disons qu’il y a de quoi être très, très, très heureux de retrouver bar italia à ce niveau. Un faux pas aurait donc sérieusement écorné ma réputation – déjà que certains se moquent du tee-shirt que je porte religieusement dès que j’ai une occasion de le faire. Je continuerai donc à porter mon tee-shirt floqué en leur nom. Plus crânement encore qu’avant.

4. OKLOU – choke enough (BECAUSE MUSIC)

Cette année, des sons étranges et doux n’ont cessé d’accompagner mes rêves. Ils étaient tous signés par une certaine Marylou Mayniel, désormais plus connue sous l’alias Oklou. Si la Pictavienne semble vivre un conte de fées, choke enough, son premier album, est le fruit d’une gestation longue et patiente. À sa manière, Oklou réinvente la pop française en la rendant à nouveau liquide, instinctive et sensuelle. choke enough scelle la naissance d’une artiste totale. Message reçu O.K., code Marylou.

3. CAROLINE – Caroline 2 (ROUGH TRADE RECORDS / BEGGARS)

Tout à la fois mélancolique et triomphal, caroline 2 débute avec des accords de guitares cycliquement décalés, façon Steve Reich, une batterie heavy et une voix éthérée évoquant on ne sait quel « départ » avant que tambours, trompettes et violons n’entraînent tout dans une énorme saturation, le morceau s’achevant avec tous les instruments éparpillés sur la grève comme après une tempête. “What if I? What if I tire? Then if I try / Not to try?” Et si je n’essayais pas ? On connaissait la Fear of Missing Out, caroline vient d’inventer la Joy of Missing Out.

2. HEARTWORMS – Glutton for Punishment (SPEEDY WUNDERGROUND)

Glutton for Punishment (« amatrice de punition ») prend tout son sens à la lumière de cette histoire. À l’écoute des neuf titres, on en découvre la double portée : intime et globale. Jojo Orme y traite autant de familles brisées, de relations fracturées ou d’amitiés toxiques que de guerre, de violence humaine et d’autosabotage. Et puisqu’il faut bien lâcher un joker : Dan Carey est aux manettes. Le sorcier de Speedy Wunderground imprime ici une touche reconnaissable sur un post-punk électronique, sombre mais dansant, parfois expérimental, toujours captivant. La magie du disque réside dans la passion de son autrice : une voix rageuse, une énergie sombre, une poésie brute et une instrumentation riche. Heartworms signe à la fois un premier disque et un grand disque en moins de quarante minutes.

1. GEESE – Getting Killed (PARTISAN RECORDS / [PIAS])

On le pressentait à l’écoute de l’excellent premier single Taxes. Getting Killed allait être un grand album. Pari tenu. Paru le 26 septembre, le troisième album du quatuor de Brooklyn poursuit, depuis, c’est-à-dire moins d’un trimestre, une carrière qui s’est transformée en hype méritée et monumentale, d’une intensité devenue peu commune pour un groupe indé à guitares. Au moment où ce trimestriel est bouclé, Getting Killed est le deuxième disque le plus vendu derrière Lux de Rosalía sur la plateforme Discogs, devant tous les mastodontes du show business pourtant fort actifs ces dernières semaines. Le groupe a clos sa tournée d’automne par un double sold out au Brooklyn Paramount de New York. L’Asie, l’Australie et l’Europe attendent leur tour pour 2026. Depuis leurs concerts à Vancouver, Canada, en octobre, où le prix des places en deuxième main s’est envolé jusqu’à 800 dollars, et où les leaks de leur prestation sur Internet ont donné à voir des musiciens en état de grâce en fusion avec des fans transis, Geese est devenu le groupe à voir, à entendre, à palper ; il est bien possible qu’aucune formation de rock n’ait connu pareille ascension depuis The Strokes. Ceci, Geese le doit aux onze chansons de Getting Killed, meilleur assemblage de l’année selon un consensus rare à la rédaction de Magic, toutes générations confondues.