Lucie Antunes - "It's Amazing" clip screenshot
Lucie Antunes – “It’s Amazing” clip screenshot

Dix émois, une oubliée et une intuition : le Top 2023 d’Alexandra Dumont

Alexandra Dumont glisse 11 disques dans son Top 10 de 2023. C'est de la triche mais il n'y avait pas meilleure façon d'imager cette sélection tapageuse et rentre-dedans.

  1. 1. LUCIE ANTUNES – Carnaval [InFiné / CryBaby]
  2. 2. DEENA ABDELWAHED – Jbal Rrsas [InFiné]
  3. 3. NABIHAH IQBAL – DREAMER [Ninja Tune]
  4. 4. FEVER RAY – Radical Romantics [Rabid Records / [PIAS]]
  5. 5. CAROLINE POLACHEK – Desire, I Want to Turn Into You [Perpetual Novice]
  6. 6. AGAR AGAR – Player Non Player [Cracki Records]
  7. 7. SABRINA BELLAOUEL – Al Hadr [InFiné]
  8. 8. HELENA DELAND – Goodnight Summerland [Chivi Chivi]
  9. 9. CAROLINE ROSE – The Art of Forgetting [New West Records]
  10. 10. LAEL NEALE – Star Eaters Delight [Sub Pop Records]
  11. +1 : LAUREN AUDER – the infinite spine [True Panther Sounds]

Il est possible que j’anticipe ce moment chaque année. Non seulement je dois dresser la liste des albums qui m’ont accompagnée cette année mais en plus je dois établir un classement par affinité d’ordre personnel et forcément souverain. Mais voilà, une fois mon Top établi, j’ai (toujours) envie d’y revenir. Je ne crois pas à son immobilisme. C’est plus mouvant que ça à mes oreilles. Et en cette année 2023 (suffocante), les frissons de la découverte, l’effet de surprise n’étaient pas des plus intenses. Celle qui a rempli ce rôle en tous points, c’est Lucie Antunes. Je ne lui dispute pas la première place. Au contraire. Son deuxième album Carnaval est un cri de joie qui donne matière à sourire ! C’est tapageur, ça carillonne, c’est un appel à la transe, tambour battant, façon fanfare mais pas folklore, et sa voix, généreuse, exaltée, qui s’exprime pour la première fois, dans le souffle, les respirations, les essoufflements, concentre toute la tension de ce disque majeur.

Tension, sophistication, éruption

Niveau de tension qui semble d’ailleurs guider chacun de mes choix. Ajouter à cela une gravité excessive et une sophistication tapageuse et c’est là que naît chez moi l’émoi esthétique. Je l’ai surtout ressenti chez (par ordre alphabétique) Agar Agar, Caroline Polachek, Deena Abdelwahed, Fever Ray, Sabrina Bellaouel, en proportion variable, et encore plus à l’écoute d’un grand disque oublié de ma sélection : the infinite spine de Lauren Auder. Un exercice de style volontairement bravache. Déjà, il y a sa voix souveraine, d’une ténébrosité sans pareille, son phrasé éruptif, qui hurle sa vérité, celle d’un corps coupable, constamment empêché, menacé et bafoué, et abîmé par la cupidité, son incarnation parfois théâtrale mais pleine de délicatesse amochée. Et puis, sa façon d’éventrer les codes de la pop avec une électro-noise-techno percutante aux accents industriels. Un sommet !

Et pour parfaire ce Top, réduit au nombre de dix, une intuition ! MALVINA, la nouvelle super recrue du label français Pop Noire, fondé par Johnny Hostile et Jehnny Beth. Munie d’un sérieux bagage classique, qu’elle se plaît à malmener, elle multiplie (spoiler alert) les grands écarts stylistiques, alliant la brillance de l’hyperpop aux sons plus métalliques de la techno industrielle, pour faire ressentir dans ses textes la radicalité de ses expériences personnelles liées à la découverte du BDSM. Ceux qui étaient comme moi à la Boule noire, le 20 décembre dernier, savent de quoi je parle. En attendant l’album à paraître en 2024, écoutez BRAT !