Massimo Palma - The Velvet Underground. Le son de l’excès
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Bonnes feuilles : penser le Velvet Underground

Magic vous propose en avant-première et en exclusivité les bonnes feuilles du livre "The Velvet Underground. Le son de l’excès", de Massimo Palma, dont la traduction aux Éditions de la variation arrive dans les librairies le 21 avril.

Ceci est la reproduction de la colonne «Dans la célébration de l'outrage, la sensation d'une indifférence profonde» parue dans l’hebdo pop moderne n°52.

Extrait de l'entretien avec l'auteur

la variation : Écrire sur le rock, ce n’est pas une chose ordinaire pour un philosophe – de quelle manière la philosophie forme-t-elle l’oreille à écouter la musique, ou plutôt, comment décrirais-tu ce que peut avoir de spécifique la manière dont un philosophe écoute la musique ? D’une manière plus générale, dans quelle mesure pourrait-on considérer la philosophie comme un art de l’écoute ?

Massimo Palma : La philosophie est véritablement une discipline de l’écoute. Elle naît en tant qu’attention, non pas à ce qui est dit, mais au non-dit, à ce qui est censé être impossible à dire, ou en tant qu’attention à ce qui ne pourra être dit que dans l’avenir. Dans ce cas, il faut admettre qu’une portion énorme de non-dit existe dans n’importe quel tube, dans n’importe quelle chanson. Il y a répétition, litanie, capacité d’attraction rituelle et dionysiaque pour les masses – souvent tout tient en une formule extrêmement banale. Alors, un regard «philosophique» (mais je pourrais tout aussi bien dire anthropologique, sociologique, philologique) doit fournir des points d’accès sur ce que la musique veut exprimer, avec ses mots, sans le communiquer directement. Il s’agit d’un phénomène social, de masse, qui possède une apparence vulgaire, brute, mais qui n’est pas sans posséder en même temps un secret, imperceptible. Il s’agit de décrypter le secret, de trouver ses modes d’expression, ses modes d’influence. Le cas du Velvet est, en ce sens-là, monstrueux : un groupe de freaks qui exerce une influence colossale sur des masses hétérogènes en parlant du «mal» alors que tout le monde, à la fin des années 1960, disait : “Peace and Love”. Voilà le secret.

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