Double Virgo - screenshot "no sweat"
Double Virgo – screenshot « no sweat »

Double Virgo, (2/3 de) bar italia avant bar italia

Alors que Double Virgo joue le 24 mai prochain au Point Ephémère, nous vous proposons de relire un extrait de l’enquête que nous menions pour découvrir quels étaient les groupes ayant donné naissance à bar italia.

Double Virgo, proto bar italia ? Sans nul doute. Tout comme le trio, Internet semble vide d’informations fiables sur Double Virgo. Très peu de portraits, aucun communiqué de presse, aucune interview. Bandcamp minimal. Rien, à part quelques chroniques par-ci, par-là. Rien, si ce n’est la certitude – on le voit sur la pochette de Foolish Narratives (2022) ou dans le clip de No Sweat – qu’on a bel et bien affaire à Jezmi Tarik Fehmi et Samuel Fenton. Ça, on l’entend aussi avec leur son de guitare si caractéristique, parfois râpeux comme la langue d’un chat noir, parfois lisse comme le glaçon d’un whisky on the rocks. On l’entend dans leur timbre de voix noyé dans un océan de fatigue, comme s’ils avaient passé les 140 dernières nuits à peaufiner la recette de leur non-succès. Comme dans bar italia, qu’ils ont l’air d’avoir débuté au même moment, Double Virgo cultive une certaine réinterprétation, une certaine revigoration même, de tout un pan de la pop à guitares des années 1980 et 1990. On y entend Felt ou les Smiths, les Pastels ou Pavement, les Stone Roses ou Radiohead. Mais ce qui frappe chez le duo, c’est surtout sa productivité inversement proportionnelle à celle de bar italia à la même période.

Double Virgo, c’est pas moins de sept EP et un album sorti entre 2020 et 2022, plus une collection de 36 chutes de studio et autres démos parue en 2023 (hardrive heat seeking). Oui, leur disque dur doit saturer, d’autant plus qu’il existe certaines rumeurs d’un retour de leur part en 2024. S’il ne fallait retenir qu’un seul de leurs projets, ce serait Eros in the Bunker, paru le 14 octobre 2022 sur PLZ Make It Ruins. Là où ses prédécesseurs donnaient dans un style slacker pop à deux de tension, EITB prouve que les deux comparses ne sont pas les derniers lorsqu’il s’agit de faire grincer, gronder et exploser des guitares. Dessinant les contours du versant plus shoegaze de bar italia, celui qui s’entend sur F.O.B., Friends et Missus Morality (Tracey Denim), worlds greatest emoter, Brush w Faith et glory hunter (The Twits). Mais plutôt que les pulls trop grands de My Bloody Valentine, le shoegaze de Double Virgo se pare d’une élégance digne des quartiers de Londres dans lesquels on retrouve tout cet écosystème. Une noise pop gentrifiée, «upcyclée», que l’on s’attend plus à retrouver dans un after de la London Fashion Week que dans la cave d’un pub de quartier col bleu. Mais, comme on dit, il faut de tout pour faire un monde.