Temples, The Monochrome Set, Thomas Fersen… : ça sort aujourd'hui et Magic aime

Avec Hot Motion de Temples, Fabula Mendax de The Monochrome Set, C’est tout ce qu’il me reste de Thomas Fersen et le coffret anniversaire des cinquante ans d’Abbey Road des Beatles, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 27 septembre.

TEMPLES Hot Motion
(ATO RECORDS / [PIAS])
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Pour leur troisième album, les Anglais de Temples ont abandonné les mélodies effusives pop de Volcano (2017) pour renouer avec les sonorités rock sixties et seventies qui avaient fait leur premier succès. Harmonies planantes, atmosphère psychédélique et morceaux hypnotisants : le trio prouve une nouvelle fois qu’il sait s’approprier les références classiques du rock anglais, des Beatles aux Pink Floyd. Peut-être trop ?

THE MONOCHROME SET – Fabula Mendax
(TAPETE RECORDS)
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Fabula Mendax, quinzième album de The Monochrome Set est une belle surprise, un enchantement. Les chansons recèlent de cette classe et cette inventivité qui caractérisent The Monochrome Set depuis ses débuts : mélodies renversantes, arrangements inouïs, rythmes élastiques, sonorités luxuriantes – et la voix de Bid, au velours intact. 

THOMAS FERSEN C’est tout ce qu’il me reste
(ÉDITION BUCÉPHALE / BELIEVE)
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C’est tout ce qu’il me reste, onzième disque studio de Thomas Fersen, continue de distiller sa folie douce comme un chaînon manquant entre Anne Sylvestre et Jacques Higelin. Même si la langue est gourmandise, on n’utilisera jamais le vilain mot de chanson à textes. Car comme Chagall, Thomas Fersen dessine à grands traits naïfs un bestiaire mi-humain, mi-symbole. 

THE BEATLES Abbey Road – 50th Anniversary Edition
(APPLE CORPS / UNIVERSAL MUSIC)

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Comme toujours le remix nous fait un drôle d’effet (oui ça en jette, mais n’est-ce pas sacrilège?), comme toujours les Beatles sont touchants par leurs hésitations si contre-intuitives, comme toujours on ne s’excite que sur quelques fragments épars (les orgues sur I Want you, l’instru de Because), comme toujours on va quand même y laisser un bras.

TRENTEMØLLER – Obverse
(IN MY ROOM)

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Le Danois emprunte de nouveau magistralement le pont entre les rives electronica downtempo et rock gazeux, marqué de sa signature unique de noir nordique. Il mélange aujourd’hui le goût des synthés modulaires d’un Thom York aux ténèbres de HTRK, les ambiances spectrales du shoegaze (dont il a convoqué une icône, Rachel Goswell de Slowdive sur Cold Comfort) aux murs de guitares à la Soft Moon. Et même s’il dérape sur Try a Little, tout lui est pardonné.

KEFAYA & ELAHA SOROOR Songs of Our Mothers
(BELLA UNION / [PIAS])
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Les Afghanes sont des résistantes. C’est ce que dit l’album Songs of Our Mothers, de la chanteuse Elaha Soroor (née en Iran et d’origine afghane hazara) et du duo de producteurs Kefaya (Al MacSween et Giullamo Modarelli). Les trois musiciens évoquent aussi bien les escapades orientales d’Orange Blossom qu’un dub lancinant, et raniment des chants anciens de joie affirmée.

ELLE – Hunting for the Lights
(TZAR MUSIC SP)
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La dynamique de ce faux EP (7 morceaux pour 37 minutes) dessine un univers très personnel et attachant. Les chansons introspectives de ce musicien allemand et berlinois d’adoption possèdent un pouvoir hypnotique fort, serties d’arrangements adroits, fussent-ils de cordes, de flûtes ou de synthés. L’ensemble doit conforter Zeiser dans la pertinence de son univers.

WHY MUD VHS
(BAGUETTE PUBLISHING)
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Après le remarquable Adam & Joe (2015) et un EP d’envergure Ketchup (2017), Why Mud rempile avec leur nouveau chapitre VHS exclusivement dans la langue de Molière. L’exercice peut paraître casse-gueule quand on a décidé depuis le départ d’écarter les textes en français. Et pourtant. Le résultat surproduit mais bien calibré s’avère plutôt accrocheur, toujours avec cette ultra-influence Tame Impalesque qui fait l’originalité de Why Mud.

HTRK Nostalgia (Réédition)
(FIRE RECORDS)

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Ce magma post punk, no wave et noise, porté par Nigel Yang, Jonnine Standish et Sean Stewart, qui évoque autant Suicide et Throbbing Gristle que Sonic Youth, est au fil des années devenu un objet de culte. Avec cette réédition, on comprend bien pourquoi cet EP, nommé d’après le film de Tarkovski, a fini par ouvrir à cette bande d’Australiens en 2007, les portes du tout aussi culte Fire Records.

MOON DUO Stars Are the Light
(SACRED BONES RECORDS)
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Pour ce septième album de Moon Duo, les deux musiciens baignent leurs influences rock psychédélique, krautrock et rock garage, aux sonorités électro et aux rythmes disco. Stars Are the Light file la quête d’une musique répétitives avec la production de Sonic Boom (fondateur de Spacemen 3 et de Spectrum) pour ouvrir des brèches d’espace pur dans ces morceaux. Et avec ces voix hautement mêlées, Moon Duo s’attache à explorer la face occulte de notre monde.

PIERRE DAVEN-KELLER Kino Music
(KWAIDAN RECORDS)
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Kino Music nous propulse dans une musique de film imaginaire des années 1960. Comme Cecilia, l’héroïne de La Rose pourpre du Caire, nous voici de l’autre côté du miroir entre ambiances bossa nova sorties d’un vieux film de Philippe De Broca, ou ici dans Casino Royale avec un Burt Bacharach juvénile. Mais plus qu’une simple B.O., Kino Music dégage un charme solaire.

VANESSA WAGNER – Inland Versions
(InFiné)

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Signe supplémentaire de cette diffusion actuelle du piano dans tous les univers musicaux, que l’on vous racontait dans l’article Piano Tout Puissant (Magic 217, paru en septembre 2019), voilà Inland, l’album de la grande interprète Vanessa Wagner, paru en avril et aujourd’hui remixé par des artistes venus d’univers aussi riches que divers. Le synthétique prophète Marc Mélia, le brumeux Allemand Gas ou la pionnière italo-américaine Suzanne Ciani, pour ne citer qu’eux, infusent leurs esthétiques de cette grâce pianistique. Et c’est une réussite.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :


H. Takahashi – Sonne und Wasser (Where To Now? Records)
Boy & Bear – Suck on Light (Nettwerk Records)
John Coltrane – Blue World (Impulse!)
Field Guides – This Is Just A Place (Whatever’s Clever)
The Comet Is Coming – The Afterlife (Impulse!)
The Roots – Things Fall Apart [20th Anniversary Edition] (Geffen)
Girl Band – The Talkies Rough (Trade Records)
Baba Zula – Derin Derin (Glitterbeat / Differ-ant)
Swedish Death Candy – Are you nervous ? (Fargo)
Vagabon – All the Women in Me (Nonesuch Records)
Alessandro Cortini – Volume Massimo (Mute)
Emel Mathlouthi – Everywhere we looked was burning (Partisan)
Mars Red Sky – The Task Eternal (Listenable Records)
Dinosaur Jr. – Quatre albums réédités (Cherry Red Records)
Les Rita Mitsouko – Discographie rééditée en vinyles (Because Music)
Rank-O – Rank-O EP (Another records)