Tame Impala, Moses Boyd, Bambara… : Ça sort aujourd’hui et Magic aime

Avec "The Slow Rush" de Tame Impala, "Stray" de Bambara et "Dark Matter" de Moses Boyd, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 14 février.

TAME IMPALA – The Slow Rush 
(CAROLINE)
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Borderline n’ouvre pas le quatrième album de Tame Impala mais ce titre, sorti l’année dernière en avril, symbolise à lui seul un désir de changement, voulu par Kevin Parker, et qui traverse pendant une heure cette œuvre d’abord déstabilisante puis finalement exaltante. Stylistiquement, la patte Tame Impala se ressent mais l’univers a changé entre influences rétros et inspirations modernes. Un pas vers des sons nouveaux, audacieux car, après trois albums sortis entre 2010 et 2015, l’Australien a patiemment attendu pour mettre en forme ce The Slow Rush, ouvrant un nouveau cycle dans la carrière du groupe. Il faudra sûrement attendre quelques années avant d’écouter une prochaine heure de plus dans la carrière de Tame Impala. À coup sûr, elle marquera la décennie. 

BAMBARA – Stray 
(WHARF CAT RECORDS / DIFFER-ANT)
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Autant placer la barre au niveau où elle le mérite : Stray, le deuxième album du trio Bambara, sera notre premier grand choc de l’année. Les jumeaux Reid et Blaze Bateh et le bassiste William Brookshire ne sont pas les premiers à nous chroniquer l’Amérique des marges avec du BPM qui envoie du lourd. Mais dotés de l’énergie révoltée d’Idles et de la classe crépusculaire du Nick Cave de Let Love In (1994), ils proposent un grand disque hanté par la mort qui rôde et les incertitudes de la nuit.

MOSES BOYD – Dark Matter 
(EXODUS RECORDS / THE ORCHARD) 
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Le batteur anglais Moses Boyd fait déjà figure d’ancien au sein de la «nouvelle scène anglaise» (il a été vu avec Sampha, Zara Mcfarlane ou Binker Golding). Dark Matter rappelle qu’il aime laisser voguer sa créativité autant vers l’électronica que vers le grime, l’afrobeat ou le jazz. Très produit, très électronique, dans la lignée de ses précédents travaux en solo, Dark Matter contribue à installer la signature sonore de Moses Boyd. 

OISEAUX-TEMPÊTE – Tlamess
(SUB ROSA/DIFFER-ANT)
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La musique d’Oiseaux-Tempête, intrinsèquement cinématographique, avait déjà inspiré et accompagné nombre de cinéastes (Hinde Boujemaa, Léa Fehner…) mais le groupe n’avait jusqu’à présent jamais composé expressément pour un long métrage. “Anomalie” réparée avec la Bande Originale du film d’Ala Eddine Slim, fabriquée en quatuor (Frédéric D. Oberland, Stéphane Pigneul, Mondkopf et Jean-Michel Pirès) autour des rushes du film. Improvisations, longues séquences hypnotiques et surcouches électroniques : à l’image de l’impressionnant Cimetière, un pas de côté vers une sorte de post-rock idéal, sans voix ni chant ni poncifs du genre, plus radical encore que le précédent album From Somewhere Invisible (2019)…

OCTAVE NOIRE – Monolithe 
(YOTANKA / [PIAS]) 
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De Dominique A à Arman Méliès, il n’y a qu’un pas. D’Arman Méliès à Octave Noire aussi. On retrouve quelques traces de l’incarnation électronique du Méliès d’AM IV (2013) sur ce Monolithe où l’on croise Dominique A sur J’ai choisi qui semble concilier les Notwist et le Loney Dear de Dear John (2009). Octave Noire invente un univers singulier à l’ampleur et au relief charnel et incarné.

THE SAXOPHONES – Eternity Bay 
(FULL TIME HOBBY)
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On retrouve à peu de choses près le duo américain The Saxophones là où on l’avait laissé en 2018 avec l’inaugural Songs of. « Pourquoi changer ce qui fonctionne ? », semble nous interroger, ou nous affirmer, Alexi Erenkov de sa voix nonchalante. Il a raison. Il y a les disques qui veulent tout révolutionner et accouchent de pas grand-chose et puis il y a les autres, plus humbles. The Saxophones signe un album à la fois facétieux, mélancolique et délicieusement suranné.

FABRIZIO RATShades Of Blue
(LA MACHINA)
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Mettant de côté son piano habituellement employé sur Shades Of Blue, Fabrizio Rat préfère cette fois-ci explorer les étendues infinies des synthétiseurs modulaires. Étrange paradoxe que de se confronter à la technologie pour en tirer une matière qui doit plus à la polyphonie médiévale qu’à Kraftwerk. Prolongeant les leçons tirées par Autechre, Shades Of Blue n’est pas un disque facile mais d’une complexité qui le rend passionnant.

DAVID SHAW & THE BEAT – Love Songs With a Kick Vol. One
(HER MAJESTY’S SHIP)
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Pour son deuxième album solo, l’ex-Blackstrobe, ex-Siskid, ex-collaborateur de Cardini ou Vitalic, mâtine ses arpeggiateurs et boîtes à rythmes technoïdes de guitares rockabilly fifities satinées ou saturées, et d’une voix de crooner en bottes croco. Façon Alan Vega (Juke Box Babe) à la Concrete ou Lou (Reed on the wild side) sous amphètes, le Parisiano-Mancunien concilie efficacement le groove et le rock, chantant l’amour avec un kick (c’est le titre), des handclaps glam, et des chœurs « ouin-ouin » dans les coins.

Mais rien ne vous empêche d’écouter les autres sorties du jour :

Ryuichi Sakamoto – The Staggering Girl (Original Motion Picture Soundtrack) (KAB America / IBLA Film / Sony Music)
Nathaniel Rateliff – And It’s Still Alright (Fargo Mafia)
Post animal – Forward Motion Godyssey (Polyvinyl Record Co.)
Tennis – Swimmer (Mutually Detrimental)
Beach Bunny – Honeymoon (MOM & POP)
Cindy Lee – What’s Tonight To Eternity (W.25TH / Superior Viaduct)
Mush – 3D Routine (Memphis Industries)
Rejoicer – Spiritual Sleaze (Stone Throw Records)
Shadow Show – Silhouettes (Burger Records)
Sign Libra – Sea to Sea (RVNG Intl.)