The Weather Station, 2021
© Daniel Dorsa, 2021

Des brèches vers la lumière : le Top 2021 de Laurence Buisson

Les rédacteurs de "Magic" défendent leurs dix albums de l'année dans un Top 10 très personnel. The Weather Station, Shannon Lay et Low trônent dans le classement de Laurence Buisson.

  1. THE WEATHER STATION – Ignorance (Fat Possum Records)
  2. SHANNON LAY – Geist (Sub Pop / Modulor)
  3. LOW – Hey What (Sub Pop / Modulor)
  4. CASSANDRA JENKINS – An Overview on Phenomenal Nature (Ba Da Bing Records)
  5. PIERS FACCINI – Shapes of The Fall (No Format)
  6. RENEE REED – Renée Reed (Keeled Scales / Modulor)
  7. ADRIAN CROWLEY – The Watchful Eye of The Stars (Chemikal Underground)
  8. CHANTAL ACDA – Saturday Moon (Glitterhouse Records)
  9. AROOJ AFTAB – Vulture Prince (New Amsterdam)
  10. FIELD WORKS – Cedars (Temporary Residence / Modulor)

« There is a crack in everything / That’s how the light gets in » (« Il y a une brèche en toute chose / C’est ainsi qu’entre la lumière ») chantait Leonard Cohen. Il offrait ainsi, sans doute, la plus belle des définitions à la quête artistique, dont l’objectif ultime est de transformer le chaos en beauté. En ces temps particulièrement troublés, l’alchimie n’est malheureusement pas chose aisée et trouver les brèches vers la lumière nécessite plus que jamais de plonger au plus profond de notre humanité. 

Bien qu’empruntant des lignes musicales différentes, les 10 albums de mon Top 2021 illustrent précisément cette recherche salutaire. Pour y parvenir, plusieurs chemins nous sont ici proposés. Affirmer notre besoin impérieux de connexion aux autres malgré la sombre indifférence de nos sociétés égocentrées. Affronter notre propre vulnérabilité pour mieux cicatriser nos blessures les plus intimes. Ou bien encore célébrer la tolérance face à un obscurantisme rampant qui ne cesse de se propager. Aucune de ces routes n’est facile mais toutes sont porteuses d’un espoir possible au bout du compte.

Epurée à l’extrême (Renée Reed) ou délicieusement flamboyante (The Weather Station), parfois même quasi expérimentale (Low), la musique de ces dix disques précieux transcende la finitude de notre condition tout en restant fondamentalement organique (Chantal Acda, Adrian Crowley, Renée Reed) et ouverte sur le monde (Arooj Aftab, Piers Faccini, Field Works).

Ici douce et méditative (Cassandra Jenkins, Shannon Lay), là abrasive et fascinante (Low), elle affronte la folie ambiante et l’abîme des émotions humaines mais nourrit aussi en même temps une foi viscérale en l’avenir.  De l’éclatante mue pop de The Weather Station à l’envoûtant mariage de sonorités offert par Field Works, elle nous invite à dépasser nos souffrances, préjugés et différences pour au final nous aider à mieux nous (re)trouver. 

« Ring the bells that still can ring / That’s how the light gets in » (« Sonnez les cloches qui peuvent encore sonner / C’est ainsi qu’entre la lumière ») chantait Leonard Cohen. En redonnant du sens à un quotidien qui en a grandement besoin, ces dix albums apportent incontestablement une lumière réconfortante dans nos vies. Alors, profitons de cette chance et délectons-nous de leur écoute !

En bonus :
BRIGID MAE POWER – Burn Your Light (Fire Records)

S’essayant à l’exercice ancestral de la reprise, l’auteure-compositrice-interprète irlandaise revisite sur ce maxi des titres autrefois portés par Townes Van Zandt, Bob Dylan, Aretha Franklin, Songs:Ohia (Jason Molina), ou encore Patsy Cline. Un concentré de talent et d’émotions qui met superbement en avant la voix si belle et unique de Brigid tout en célébrant l’art essentiel du songwriting. Quel régal !