St. Vincent par Julien Bourgeois : “C’était juste dingue”

Julien Bourgeois, l’oeil de Magic, a sélectionné quatorze de ses photographies réalisées et parues cette année dans le mag Pop moderne. Il nous raconte les coulisses de chacun de ses clichés. Deuxième épisode avec St-Vincent, notre « une » du #206.

“C’était la quatrième fois que je photographiais St. Vincent. Je l’ai photographiée pour tous ses précédents albums et voir l’évolution de son image est quelque chose d’assez étonnant. La première fois que je l’ai rencontrée, elle était juste venue à Paris avec sa guitare acoustique. Quelques années plus tard, je la retrouve dans un grand studio londonien. Je la vois arriver dans cette combinaison improbable avec des bottes de l’espace et cette grosse chaîne autour d’elle, c’était juste dingue !

Il y avait tellement à faire… C’est quelqu’un qui ne donne pas énormément, qui reste un peu distante. Il fallait vraiment provoquer l’image.

Je sentais que c’était la fin de journée pour elle. J’étais le dernier à passer, il y avait eu beaucoup de retard, je devais prendre mon train pour rentrer à Paris quelques minutes plus tard… il fallait vraiment qu’on ne prenne pas plus qu’un quart d’heure ! Et tout d’un coup je lui dis “est-ce que tu veux bien t’allonger par terre ?”

Dans mon esprit je voulais qu’elle s’allonge par terre mais qu’on mette l’image verticale. Je voulais qu’on ait cette impression où on ne se repère plus dans l’espace. Ça allait très bien avec sa tenue. Le manque de temps t’oblige à avoir des idées très vite et à laisser ton instinct parler. Ici, j’ai accepté de me faire confiance.

La deuxième photo je la trouve différente du reste de la série, on la sent fatiguée, plus vulnérable et c’est quelque chose qu’elle laisse très peu transparaître. On a l’impression qu’elle est presque nue. On sent qu’elle a chaud avec ses cheveux collés sur sa joue. C’est une image qui représente le contraire du formatage et de la parfaite maîtrise qu’elle essaye de mettre en avant.”

Julien Bourgeois (série coordonnée par Julia Borel)