(c) Titouan Massé

Les 4 concerts que Magic a préféré le samedi 24 août au Festival Check In Party

Magic n’a malheureusement pas pu être présent pendant toute la durée du festival… Nous tenions néanmoins à être présent pour la première édition de ce festival qui a présenté une programmation de qualité tout au long des trois jours. Qu’à cela ne tienne, nous y étions quand même le samedi où la journée était pleine de promesses. Voici les 4 concerts qui nous ont le plus convaincus.

Altin Gün

Une semaine avant, Altin Gün avait mis tout le monde d’accord à La Route du Rock. D’emblée, ce qui impressionne c’est le son que produit le groupe sur la grande scène Wall Of Sound Stage. Le savant mélange de musique pop et de musiques traditionnelles turques est vraiment très convaincant. De longs instrumentaux ponctuent le concert entre solos de guitare endiablés très psychés et parties de saz, luth à manche long, l’une des marques de fabrique d’Altin Gün. L’ambiance est bonne autant sur la scène que dans le public. Dans une jolie robe blanche à fleurs, Merve Dasdemir, chanteuse du groupe, danse aussi à merveille et convie le public le 12 septembre à la Cigale. Très convaincant ! 

Deerhunter

On a longtemps vu Bradford Cox comme un lointain cousin américain de Jarvis Cocker : même dégaine, même classe décalée et talent de songwriter au moins aussi élevé. Quand sur la scène du Check In Party, le leader de Deerhunter interrompt un de ses morceaux à cause du bruit du soundcheck de Oh Sees, apostrophe John Dwyer, lui demande d’attendre son tour, de fermer sa grande gueule puis de le rejoindre sur le parking après le concert pour s’expliquer, on repense soudainement au leader de Pulp qui s’en prend à Michael Jackson sur la scène des Brit Awards en 1996. A ceci près que Bradford Cox le prend avec le sourire et intègre cet aléa de façon très naturelle à son set élégant. Pop feutrée qui dévie souvent vers un rock volontiers noisy, la musique de Deerhunter est tout aussi appréciable dans l’obscurité des salles froides, qu’en plein jour et pleine chaleur. Chemises aux manches relevées, rock à bras le corps, Deerhunter a “fait le boulot” magnifiquement…

Oh Sees

Deux batteries (configuration désormais habituelle du groupe sur scène), basse, guitare et synthé, et The Dream, morceau emblématique, joué dès le début du set : John Dwyer et ses acolytes ne sont pas venus pour faire dans la demi-mesure. Excepté La Colonie de Vacances un peu plus tard, personne n’aura fait autant de bruit que le groupe américain ce soir-là… Mais un bruit fédérateur, à la fois rugueux et subtil, aussi à l’aise dans les envolées punks que les digressions free-rock/jazz, aussi jubilatoire dans le classicisme harcore que dans les moments plus posés. Oh Sees se bonifie au gré des disques et des concerts (et des changements de noms du groupe…) et a confirmé ce soir-là son statut d’énorme groupe de scène. Programmé judicieusement au soleil couchant, la transition était parfaite pour la décompression avec l’électro calme de Flavien Berger quelques minutes plus tard.

Black Midi

Le groupe en pleine explosion fut sans doute l’un des meilleurs moments de la soirée. Juste après un bien sage concert de Balthazar, nous nous aventurons sur la petite scène “Spitfire Stage”. Le concert à déjà commencé. Il est 0h00 et beaucoup de personnes ont préféré Black Midi à The Blaze. Ils ne seront pas déçus… Quatre (très) jeunes hommes sont sur la scène. On pense d’abord à une sorte de Math Rock un peu binaire mais au fur et à mesure du concert, on se rend compte que les compositions sont particulièrement complexes, hachées, triturées. Geordie Greep chanteur du groupe et sosie de Jérémie Rénier est comme habité. A sa droite, le bassiste a disposé une serviette autour de son coup comme s‘il venait d’entrer dans une salle de sport alors qu’à gauche le guitariste a mis un chapeau qui lui cache complètement le visage. On est très loin du Dress Code de Balthazar. Le set est complètement fou. Entre les longues logorrhées du chanteur et autres envolées d’onomatopées, une ambiance très particulière, un peu absurde est entrain de prendre. L’énergie produite par le groupe est assez exceptionnelle. Des déflagrations électriques explosent sans trop prévenir. Le guitariste balance tout, jette sa guitare avant de la reprendre pour cette fois y mettre les dents. Après ce qu’on peut appeler une prestation de haut vol, le groupe quitte rapidement la scène. Seul Geordie Greep reste sur la scène. ll remercie le public encore brûlant, éteint les amplis, met un lourd manteau qui lui donne des airs de pasteur… La messe est dite. On reste un peu ébahi par ce qu’on vient d’entendre… 

Merci à toute l’équipe du Festival Check In Party et plus particulièrement à Nadine Simoni. On l’embrasse bien fort et on espère la voir l’année prochaine ! La retraite peut attendre un peu hein !

Crédits photo : Titouan Massé