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© Simon Russell

On a trop souvent réduit la musique de l’Irlandais Sean O’Hagan à la répétition de formes anciennes – sunshine pop, bossa nova, musique de films – avec Brian Wilson et Van Dyke Parks en indétrônables figures tutélaires. À 65 ans, le musicien s’offre une rafraîchissante cure de jouvence sur le onzième album de ses High Llamas, enrobant ses mélodies mouvantes et riches harmonies des atours (synthés, sub-bass et Auto-Tune) de la musique populaire la plus contemporaine. Avec passion, érudition et très peu de nostalgie, il nous raconte ici son chemin vers cette nouvelle jeunesse.

Le dernier album des High Llamas, Here Come the Rattling Trees, remonte à 2016, et quoique tu aies sorti un album solo en 2019 (Radum Calls, Radum Calls), qu’est-il advenu des High Llamas pendant tout ce temps ? Tu parlais même de «retraite» pour le groupe en 2019…

Oui, plusieurs choses sont arrivées. Après Here Come the Rattling Trees, qui avait été créé au départ pour une représentation théâtrale, j’ai un peu douté des raisons pour lesquelles le groupe existait. Parfois, on perd confiance et on a l’impression que ce qu’on fait ennuie tout le monde dans la pièce. Et je crois que je cherchais alors à faire une sortie honorable. Les gens qui aiment bien les High Llamas en parlent comme d’un groupe qui écrit de belles chansons avec un feeling rétro, mais les gens un peu méchants disent qu’on ne fait qu’imiter des choses qui existent déjà. J’avais l’impression que je ne pourrais plus revisiter une musique du passé, que ce soit de la sunshine pop, de la bossa ou de la musique de films, comme j’aime le faire. Alors, la solution était de faire un album solo, qui enlevait cette pression aux High Llamas et me permettait de me réinventer en quelque sorte, en collaborant avec mon vieil ami Cathal Coughlan [membre de Microdisney, le premier groupe de Sean, entre 1980 et 1988, ndlr] et en explorant la musique qui m’intéressait alors, la musique actuelle : des artistes comme Solange, Kadhja Bonet, MF DOOM, Pearl & the Oysters, et des labels comme Stones Throw, qui selon moi, créaient un son vraiment intéressant, vraiment nouveau. Donc, au lieu de me tourner vers le passé, j’ai voulu m’intéresser au présent, en faire partie. Ça a été comme un réveil. J’ai alors rencontré Ben Garrett, du projet frYars, pour qui j’ai fait des arrangements. Il vient du hip-hop et du R’n’B et il est plus jeune que moi d’une trentaine d’années, mais il m’a appris le langage et les méthodes modernes de studio. C’était rafraîchissant, comme retourner à l’école, et ça m’a donné envie de faire de nouvelles chansons. Radum Calls, Radum Calls n’est pas complètement contemporain : harmoniquement, on reconnaît les accords et les mélodies des High Llamas, mais les synthétiseurs, les rythmes, les subs sont très actuelles. Je voulais en quelque sorte prouver qu’à 65 ans, je pouvais célébrer la magie de la musique actuelle. Les gens de mon âge sont passés à travers tellement de courants musicaux – enfants dans les années 1960, adolescents dans les seventies et musiciens dans les années 1980 – qu’ils ont l’impression d’être propriétaires du passé et que toute la musique contemporaine se réfère à eux. C’est tellement faux. J’en suis presque à éduquer les gens de mon âge, à leur expliquer qu’ils ne sont plus au volant, mais que c’est la nouvelle génération qui conduit la voiture désormais.

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