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Giorgio Poi le 16 juin au Trabendo | Photo © Luc Magoutier

La première édition du festival Fiore Verde du Trabendo a célébré pendant 5 jours, à Paris, le vent nouveau de la pop italienne. Le brillant "cantautore" Giorgio Poi était à l'affiche et notre journaliste Luc Magoutier dans le public. Reportage.

«Giorgio Poi est le roi.» Cette phrase prononcée par Stefano Bottura (voir Magic n°223), directeur du site Rockit, une référence pour les amateurs de musique transalpine, résonne en nous depuis de longs mois maintenant. Le natif de Novare (seconde ville du Piémont après Turin) illustre, presque à lui tout seul, la révolution pop qu’a connue l’Italie ces dernières années. Choisir le cantautore (mot qui réunit la notion d’auteur, compositeur et interprète dans la langue de Dante) comme l’une des têtes d’affiche d’un nouveau festival de musique italienne à Paris relevait de l’évidence.

Une formidable idée imaginée par les équipes du Trabendo avec la création du Fiore Verde. Et cette première édition, organisée sur 5 jours du 14 au 18 juin, a parfaitement rempli sa mission : rendre hommage à la culture verte, blanche et rouge. Porter une scène en pleine explosion, encore aujourd’hui en phase ascendante. Combler un manque dans l’offre des festivals parisiens. Un choix payant en ce très chaud vendredi 16 juin : la soirée affiche complet. Dans le public, la diaspora italienne est évidemment présente en nombre. Mais pas seulement.

Une forme d’excitation se ressent à l’approche du concert. À son entrée, Giorgio Poi est plus qu’acclamé. Lui semble concentré sur sa guitare électrique. Lance des regards au groupe qui l’accompagne (un bassiste, un batteur, un clavier) et livre ses premiers frissons à une foule exaltée et démonstrative sur I Pomeriggi, l’un des titres phares de son excellent dernier album Gommapiuma. L’Italien n’a qu’une petite heure devant lui, alors il ne lambine pas.

«Qu’est-ce que vous préférez ? Que je parle en italien ou en anglais ?», demande-t-il à la foule lors de sa première prise de parole. Quelle question ! La foule hurle son choix sans surprise. Poi sourit. Il comprend qu’il est en territoire conquis. Puis enchaîne avec quelques-uns de ses meilleurs tubes : les plus électriques Acqua Minerale, Niente Di Strano ou Ossesso (son dernier single). Les plus indie comme Stella ou Estate. Les plus mélodieux comme Rococò, Giorni Felici ou Supermercato. Pour conclure, il offre son morceau le plus profond, Moai, et le plus iconique, Tubature, où l’ensemble de la foule reprend le fameux “Palapapa” qui accompagne le refrain.

Si le festival Fiore Verde ambitionne de devenir une porte d’entrée naturelle vers la populaire et exigeante scène italienne, programmer Giorgio Poi pour cette édition inaugurale permet aux néophytes présents ce soir-là de comprendre l’essence de cette musique : le «roi» montre que les mélodies de l’autre côté des Alpes peuvent être électriques, pop, orchestrales, émouvantes, mélancoliques ou euphoriques. Tout dans ses notes éclaire sur cette renaissance si belle et met en lumière une nouvelle génération sans complexe, enfin prête à déferler sur l’Europe.

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© Fanny Magoutier

Car si Giorgio Poi a été le grand moment des deux jours auxquels nous avons assistés, le reste de la programmation a également été passionnant et révélateur de la vitalité de la scène italienne, et ceci dans de nombreux styles. Juste avant Poi, les Post Nebbia, originaires de Padoue, avaient impressionné avec leurs escapades psyché, pop, électroniques et synthétiques. Notamment sur des titres comme Voce fuori campo, Vietnam ou Cuore semplice. Plus qu’une promesse, la formation s’impose déjà comme l’une des signatures les plus sûres d’Italie.

Avant eux, la pop douce d’Her Skin, qui, elle, chante en anglais, nous avait charmé, surtout quand ses harmonies se font encore plus électriques. Le lendemain, les notes jazz et électro de Maria Chiara Argirò ont prouvé l’étendue stylistique de la musique italienne. Tout comme l’électro survitaminée, conceptuelle et déstructurée de Lorenzo Senni.

La première édition du Fiore Verde s’impose comme une réussite indiscutable. Dans tous les domaines. Le vivier d’artistes en Italie est tellement énorme que de nouvelles éditions semblent inévitables. Préparez-vous à voir débarquer à Paris ces prochaines années des talents passionnants comme Colombre, Venerus, bnkr44, WISM, Drast, BLUEM, Colapesce, Dimartino, Calcutta, Coma_Cose, Marco Castello, Galeffi, Francesco De Leo, Ibisco. Et tant d’autres.

Un autre long format ?