Gommapiuma
Giorgio Poi
Bomba Dischi

Avec «Gommapiuma», Giorgio Poi s’impose comme une référence de la pop italienne

Sorti au début du mois, l’album de l’Italien Giorgio Poi place encore un peu plus son auteur au rang de référence dans son pays.

Colombre, Galeffi, Colapesce, Francesco De Leo, Post Nebbia, Germanò, See Maw, Piccolo… Depuis le milieu des années 2010, la pop italienne à la sauce indé connaît une renaissance passionnante et foisonnante. Face à cette apparition littéralement historique d’artistes sans complexe et privilégiant dans une large majorité leur langue maternelle, un trio sert de référence à cette jeune scène transalpine. D’abord l’inévitable Andrea Laszlo De Simone, auteur en 2020 du mirifique EP, Immensità. Ensuite, Calcutta dont l’album Evergreen lui avait permis de faire un passage plus que remarqué à l’Élysée Montmartre à Paris en novembre 2019. Et enfin, Giorgio Poi. 

D’abord actif en groupe (avec Vadoinmessico et Cairobi), le natif de Novara dans la région du Piémont signe une brillante carrière solo depuis la sortie de Fa Niente en 2017. L’Italien de 35 ans y multiplie des mélodies imparables, portées par des tubes lo-fi, où la guitare électrique tient une place prépondérante (le titre le plus révélateur étant évidemment Acqua minerale). 

Dans les pas de ses plus illustres prédécesseurs, de Lucio Dalla en passant par Rino Gaetano, Vasco Rossi ou Lucio Battisti, il sort Smog en 2019, un disque moins électrique, plus pop, où l’écriture de l’artiste se fait encore plus ciselée et développe davantage sa singularité. Moment de grâce absolu, La musica italiana, le dernier titre, voit Giorgio Poi s’associer à Calcutta pour une sorte de manifeste, non dénué d’ironie, à cette génération dorée.

Avec Gommapiuma (qui peut se traduire par caoutchouc et toujours sorti par Bomba Dischi, le label derrière ce renouveau pop italien), paru au début du mois, le compositeur part cette fois à la recherche de sonorités plus acoustiques. «Gommapiuma est un peu né du contraste entre les sons électriques du premier album et ceux plus synthétiques du second», explique-t-il à GQ Italia. Désormais installé à Bologne, Giorgio Poi souhaite accorder une légèreté nouvelle à son univers, un calme qui s’accompagne d’un quatuor à cordes et d’un piano inspiré, en plus de sa guitare folk. En huit morceaux et un peu plus de 30 minutes, l’Italien offre une œuvre d’une délicatesse merveilleuse, sans s’interdire quelques tubes à fredonner (I Pomeriggi, Rococò).

Impressionnant de facilité, capable de textes touchants, le disque donne une impression de simplicité. Si tous les titres ont été écrits durant le confinement de l’autre côté des Alpes, Giorgio Poi façonne des mélodies d’une précision fantastique et d’une émotion fragile (Giorni Felici, Supermercato et surtout la piste finale, l’incroyable Moai où un saxophone sert une guitare fascinante). L’Italien poursuit sa discographie parfaite : un œil vers le passé en ingurgitant un héritage national riche et des influences anglo-saxonnes ici discrètes ; un œil vers le futur en donnant une autre dimension à la musique de son pays, toujours plus enthousiasmante et en prenant le leadership d’un courant indie-it qui n’a pas fini de faire quelques miracles.

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