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Plus ou moins vieux, plus ou moins rares, plus ou moins déjà usés jusqu’à la corde, les disques ressortent pour mille raisons, des plus puériles aux plus pertinentes. En prévision de la fin d'année, Magic fait son petit tour sur le grand marché des rééditions.

Pigeons consentants

Si demain nous le décidions, nous pourrions lancer un magazine sur les disques qui paraissent et ne font que recycler des enregistrements passés. On ne parle pas d’une adaptation française des magazines rétromaniaques britanniques comme Mojo, Uncut ou autres publications (de qualité !) qui surfent sur une certaine nostalgie et la grande histoire du rock, et ceci quelle que soit l’actu. On parle d’un mag qui aurait pour seul objet l’accompagnement éditorial des «rééditions» que nous proposent les maisons de disques, toutes les semaines, par demi-douzaines, contre des sommes à deux ou, le plus souvent, trois chiffres. Réédition : voilà un mot qui, face à la prolifération des disques recyclés – vinyles, CD et parfois Blu-ray ou autres supports plus excentriques –, mériterait d’être explicité. Alors que la plupart des «intégrales» des plus grands sont parues dans les années 2000 et 2010, qu’aucun grand classique n’a été oublié dans la course aux remastérisations et aux versions deluxe associées, la décennie 2020 est devenue celle de la grande jungle dans laquelle se cachent parfois des ré-rééditions. Plus ou moins vieux, plus ou moins rares, plus ou moins déjà usés jusqu’à la corde, les disques ressortent pour mille raisons, anniversaire ou pas, des plus puériles (pressage couleur limité, sans bonus ni travail artistique digne de ce nom autour de la musique ou de l’artwork) aux plus pertinentes (mise au jour d’inédits de grande valeur, travail sur le son donnant une nouvelle ampleur à l’œuvre). Trouver son chemin dans les palettes de sorties hebdomadaires, y voir clair entre toutes les propositions de valeur, c’est devenu une science à part entière, comme l’aura relevé tout lecteur régulier du site Super Deluxe Edition, site indépendant et fiable de recensement de ces sorties dans le monde anglo-saxon. Mais nous ne serions pas soumis à autant de tentations si nous ne formions pas, tous ensemble, un «marché», manifestement loin d’être asséché, pour ces produits à mi-chemin de l’industrie du disque et de celle des produits dérivés. Quelques petites voix nous parlent fort à chaque achat objectivement dispensable – «Je l’ai déjà», «Les inédits seront sur Spotify», «Un jeune groupe a besoin de cet argent» – mais il faut croire que la fidélité à nos totems, l’envie d’attraper une goutte supplémentaire de leur univers artistique, constituent un moteur irrésistible. À mesure que Noël approche, le rythme de ces rééditions s’accélère et, tandis que nous privilégions chaque semaine dans ces colonnes les disques inédits qui nous sont proposés, nous avons décidé de vous prendre à témoin des rééditions que nous avions pu manquer avant un mois de décembre qui s’annonce fourmillant. Le meilleur cadeau de Noël, cela dit, restera toujours un abonnement à Magic.

Cédric Rouquette

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