Belvoir (Nouvel Anormal) bannière
© Raphaëlle Giaretto

Le duo français Belvoir, formé par Romain Vasset et François Le Roux, vient de sortir son premier album, "Nouvel Anormal", ce vendredi 21 octobre. Un objet sonore difficile à cerner. Ils ont répondu aux questions de Magic pour tenter d’y parvenir.

Le premier album de Belvoir, Nouvel Anormal, commence par un cri. Le premier album de Belvoir est un cri. Le duo – Romain Vasset, membre de Frànçois & The Atlas Mountains, et François Le Roux, par ailleurs programmateur avec le collectif Pieg – s’est construit entre Bristol (Belvoir Road justement, où le projet est né en janvier 2018) et Belleville.

L’idée de départ ? «Faire une sorte de chanson moderne avec des thématiques militantes tout en mettant un pied dans la pop expérimentale, résume François Le Roux. Évoquer des sujets forts, des choses que l’on peut traverser. J’ai habité Saint-Denis pendant sept ans, Belleville cinq ans. J’avais envie de parler de ce que je voyais mais de le faire de façon accessible, pas donneur de leçon.»

Le duo débute en se lançant le défi de boucler chaque morceau en un jour. François trouve les morceaux à la guitare, écrit les paroles, Romain s’occupe de la production, des rythmiques. «Les morceaux de François à la base sont hyper folk. Ma prod’ vient ensuite changer la façon de les chanter, confie Romain Vasset.

Résultat : un premier EP de six titres, Incendies, publié en 2018. Quatre ans plus tard, un album arrive enfin : «Par rapport au premier disque qui était très instinctif, on a pris le temps de réfléchir à des idées des compositions, de mixes, à ce qu’on avait envie de raconter, résume le duo. Et ça a pris du temps de savoir où était notre musique. Ce qui en était le fond».

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© Raphaëlle Giaretto

Alors c’est quoi, Belvoir ? De la chanson poético-politique, qui puise ses racines dans la chanson déclamatoire des années 1960 et 1970, de Colette Magny à Mouloudji et Brigitte Fontaine, passée à la moulinette bruitiste. «Quand François compose au piano ou à la guitare, il a un ton très Léo Ferré et en passant par la production ça se durcit. Alors qu’au départ, c’est hyper lyrique. C’est ça qui donne le son de Belvoir», détaille Romain Vasset.

Passionné de folk anglo-saxon (Bob Dylan, Nick Drake) dans sa jeunesse, François Le Roux a finalement opté pour le français après avoir entendu des artistes comme Tôle Froide, Balladur et même Bertrand Belin : «Au départ,  j’imaginais chercher le beau plutôt que le côté qui gratte. Mais en voyant qu’il y avait de plus en plus de groupes à le faire en français, ça m’a décidé. L’anglais te permet plus de te masquer mais il y a un moment où tu arrives à t’affirmer, une forme de maturité personnelle».

Trop pop pour le milieu expérimental, trop expérimental pour le milieu pop, Belvoir ne craint pas de jouer dans les marges. Le duo a aussi bien pu assurer quelques premières parties pour Bertrand Belin que jouer dans des squats antifa. «Ce qui m’exalte, c’est d’arriver à faire un pas de côté par rapport aux styles que l’on revendique : chanson, pop, expérimental», sourit François Le Roux.

Seule obligation, «en concert, il faut que le message passe mais aussi que ce soit une grande fête, insiste François Roux. Le sous-commandant Marcos disait : “Si ta révolution ne danse pas, ne m’invite à pas à ta révolution”. Avec leurs costumes tout en rouge (forcément) et leur énergie communicative, Belvoir n’est peut-être pas une révolution mais un cri. De colère et de joie, d’humanité et d’empathie.

Nouvel Anormal
(ANOTHER RECORD / CHEPTEL RECORDS)
Sortie le 21/10/2022

Pour nos abonnés, la chronique de Nouvel Anormal est à retrouver par ici.

Release party le vendredi 11 novembre à La Boule noire (Paris).

Un autre long format ?