Move Through The Dawn, le huitième album de The Coral, est présenté par le groupe de Liverpool comme une nouvelle réaction contre eux-mêmes. Une constante dans leur carrière, soulignent-ils.

Dans une chambre d’hôtel étouffante du cossu IXe arrondissement de Paris, le claviériste Nick Power et le guitariste James Skelly de The Coral nous accueillent. En roue libre totale. Ces musiciens originaires de Wirral, en face de Liverpool, aiment la déconne. Nick éclate volontiers de rire. James, lui, est plutôt du genre pince-sans-rire. Et même s’ils enchaînent les vannes bon enfant, entre deux accès d’hilarité se dessine un idéalisme et une force de conviction impressionnante. Si Move Through The Dawn, leur huitième album à paraître ce vendredi 10 août, est inégal, ces deux good lads ont éclairci son propos.

Qu’avez-vous voulu accomplir avec cet album ?

James Skelly : On est parti à l’opposé du son de Distance Inbetween (2016), parce que c’est là qu’il nous restait à aller. C’est devenu un objectif en soi d’aller dans cette direction. En fait, on a décidé de faire ce qui était le moins attendu de notre part.

Nick Power : On a voulu écrire un album mélodique, réjouissant et concis. On avait en tête l’idée d’un album mythique d’un groupe culte, qui ne serait jamais sorti, à part peut-être au Japon, dans une version rare. D’où notre pochette volontairement cheap. Et puisqu’on a toujours souhaité que ce disque fantasmé sorte et que ça n’a jamais eu lieu, on a dû le faire. Move Through The Dawnc’est un peu comme si un groupe des 60’s sortait un disque dans les 80’s – une décennie que les artistes de cette génération ont tous eu du mal à aborder – avec les moyens de productions d’aujourd’hui.

Vous procédez donc en réaction à ce que vous avez pu faire auparavant ?

N. P. : Oui, on est obligés ! On est des puristes, tu sais…  J’aimerais avoir un peu moins de moralité à ce sujet. On se ferait plus de thunes… Mais je n’y arrive pas.

J. S. : Au fond, on aurait pu refaire le précédent disque. Tu vois ? Il a été plutôt bien reçu par la critique… Mais si on se base là-dessus, c’est vraiment petit… Tu crois qu’on aurait peut-être dû faire deux fois le premier album avant d’aller de l’avant ? C’est pas possible. On se doit de toujours s’améliorer par rapport à ce qu’on vient de faire. Je pense que cette logique s’entend vraiment de manière flagrante entre Nightfreak and the Sons of Becker (2004) et The Invisible Invasion (2005). Si tu n’évolues pas ou que tu ne progresses pas, c’est que tu stagnes…

Avant votre précédent album, vous aviez fait une pause de quatre ans, pour vous demander pourquoi vous étiez dans The Coral… Avez-vous trouvé la réponse ?

J. S. : Oui. On est revenu à The Coral parce qu’on ne sait rien faire d’autres (Ndlr., rires). On est des crétins et on a besoin d’être entre crétins. Car même les freaks ne nous aiment pas…

N. P. : Certaines personnes sont nées pour faire telle ou telle chose… Nous on est nés pour être dans The Coral. A côté de ça, on est rejetés de toutes les couches de la société. Donc on fait de la musique parce que c’est la seule chose pour laquelle on est vraiment doués.

Recueilli par Benjamin Pietrapiana

Un autre long format ?