Lambchop fait partie de ses groupes trop rares qui surprennent autant par leurs métamorphoses que par leur continuité dans l’excellence. L’une des seules formations dont on peut affirmer à chacune de ses sorties qu’elle dépasse les sommets déjà atteints auparavant. Faisant suite au carnaval soul et scintillant de Nixon, Is A Woman apparaît, par contraste, comme un chef-d’œuvre de poésie feutrée et intimiste, un recueil de ballades épurées. Et Kurt Wagner se montre tout aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de pratiquer l’art du trio qu’en chef d’orchestre et de fanfare. Décidément, tout est bon dans Lambchop.

ARTICLE Matthieu Grunfeld
PARUTION magic n°58Ce pourrait être l’équivalent musical de ce petit jeu qu’on pratiquait étant enfant et qui consistait à faire deviner, rien qu’au bruit, combien de cailloux on tenait dans les mains. Il suffirait de modifier, juste un peu, la rengaine qui accompagnait immanquablement cet exercice ludique et de remplacer “combien de sous dans mon panier ?” par “combien de musiciens dans mon Lambchop ?” À ce jeu-là, Kurt Wagner reste un champion probablement imbattable, un as du contre-pied. On l’avait quitté, il y a moins de deux ans, accompagné d’une bonne douzaine de musiciens, occupé à dessiner cette fusion cosmique entre toutes les écoles de la musique populaire américaine dont rêvait en son temps Gram Parsons.

On le pensait donc encore occupé à célébrer en fanfare les noces de la country et de la soul. Surprise : ayant achevé cette phase d’expansion, l’univers de Lambchop s’est depuis rétracté. Sur Is A Woman, Wagner débarque sans tambour ni trompette, accompagné presque exclusivement par deux musiciens, un guitariste et un pianiste. Cuivres et cordes ont, pour le moment, disparu. Et c’est d’ailleurs sous le nom de The Kurt Wagner Trio que le groupe se produira pour les premières dates de sa tournée américaine. On s’attendait à retrouver Curtis Mayfield et voilà que Cole Porter débarque ! Une rupture trop évidente pour ne pas être délibérée.

“J’avais envie depuis longtemps de faire un disque qui tournerait autour du piano, un album qui serait peut-être moins éclectique, moins tape-à-l’œil que Nixon. Une série de variations autour d’un son bien défini. Sur le précédent, j’avais essayé de montrer tout ce dont Lambchop était capable en tant que groupe. Sur Is A Woman, l’idée était plutôt de m’imposer des contraintes des restrictions volontaires pour m’obliger à travailler plus en profondeur, notamment pour l’écriture. Je souhaitais trouver une formule qui mette mieux en valeur les textes des chansons, qui les laisse davantage respirer. J’ai donc essentiellement travaillé avec Tony Crow, notre nouveau pianiste, et Mark Nevers, notre ingénieur du son, qui joue aussi de la guitare. En plus, la plupart des membres du groupe ont déménagé en banlieue de Nashville depuis Nixon. Il devenait donc plus difficile de tout travailler collectivement”.

Chaise Roulante

Cette accalmie n’est pas sans rapport avec le contexte dans lequel ont été élaborées la plupart des chansons de ce nouvel album. Première nouveauté de taille : depuis l’été 2000, Kurt Wagner n’est plus un musicien amateur. Lui qui consacrait depuis quatorze ans une bonne moitié de son temps à polir des parquets et à fignoler des pieds de table s’adonne désormais aux plaisirs d’une retraite volontairement anticipée. Cédant aux pressions des médecins, il a décidé de se consacrer à plein temps à ce qu’il avait toujours tenu à concevoir comme un hobby : les chansons. “Ma décision est plutôt liée à des raisons physiques qu’artistiques. À force de travailler à quatre pattes au milieu des produits chimiques, j’ai fini par bousiller complètement mon dos, mes genoux et mes poumons aussi. Je n’avais pas vraiment le choix : soit j’arrêtais, soit c’était la chaise roulante”.

On aurait pu s’attendre à ce qu’Is A Woman, disque du temps libre enfin retrouvé, reflète un sentiment dominant de libération ou de bonheur. Les choses semblent pourtant un peu plus complexes et les émotions, plus mitigées. Après tout, Wagner ne cessait de proclamer depuis une bonne décennie à quel point l’absence de professionnalisme intégral représentait, à ses yeux, une dimension essentielle du travail de Lambchop. “La vie de musicien à plein temps ne m’a jamais vraiment fasciné. J’avais un peu peur qu’on finisse par tourner toute l’année, loin de chez nous, ce qui n’a rien de très exaltant. Si le travail me manque ? Non, mais l’argent me manque beaucoup ! (Rires.) Plus sérieusement, c’est plutôt un soulagement, bien sûr. Mais c’est vrai que j’appréciais le côté structurant, concret du travail manuel. J’avais l’impression de ne pas être qu’un musicien inutile”.

C’est que Kurt n’est pas tout à fait un songwriter comme les autres. Et si son œuvre occupe, évidemment, une place importante dans ses préoccupations, sa vie ne doit pas pour autant passer au second plan. “J’ai toujours eu envie de combiner les deux choses : m’amuser en faisant de la musique, mais aussi avoir une vie normale. Avant, c’était le travail qui jouait ce rôle de stabilisateur dans ma vie. Maintenant, c’est un peu différent. Je passe beaucoup plus de temps chez moi. Ce sont les tâches domestiques qui me permettent de rester normal, en contact avec la réalité. Je fais la vaisselle, le ménage. Je nettoie la merde du chien. Toutes ces choses qui permettent de rester assez concentré sur le quotidien. De toute façon, je n’ai jamais eu l’intention de devenir un Rolling Stone. J’en serais incapable, même si je le voulais”.Ce n’est pas non plus un hasard si la coupure avec le monde de l’ébénisterie coïncide avec la sortie d’un opus sur lequel Wagner se retrouve plus que jamais propulsé au premier plan alors même que la plupart des autres membres du groupe semblent avoir opté pour la discrétion ou le silence. Lui pourtant si réticent à s’imposer ou à se définir comme leader doit faire face aux conséquences inévitables de ses décisions récentes. “Quand j’ai arrêté mon boulot, j’espérais que ça me laisse beaucoup plus de temps pour me concentrer sur l’aspect créatif des choses. En fait, je suis devenu une espèce d’administrateur. Résultat : j’ai un emploi du temps beaucoup plus chargé qu’avant. Nous n’avons jamais eu de manager. Et, même si je n’aime pas jouer les chefs, avec tout ce qui nous est arrivé depuis quelques années, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de gérer Lambchop et prenne un peu les choses en main pour insuffler du changement. C’est donc moi qui dois m’occuper d’organiser tout ce qui concerne l’emploi du temps du groupe, les tournées, les relations avec notre maison de disques. C’était vraiment une nécessité, mais je préférerais écrire un peu plus et administrer un peu moins (Sourire.)”.

Quoi qu’il en dise, Wagner ne s’est pas transformé du jour au lendemain en gestionnaire de PME, en expert stratégique spécialisé dans le développement des artistes méconnus. Son pot de départ une fois célébré, les dernières cacahuètes avalées, il est rentré chez lui pour se consacrer avant tout à l’écriture d’Is A Woman. Installé dans la cour arrière de la maison, à l’ombre du mimosa, casquette vissée sur la tête et cigarette à la bouche, Kurt a profité de ce repos estival, de cette tranquillité d’esprit retrouvée pour mettre en forme sur l’ordinateur portable emprunté à son père quelques-unes des chansons les plus intimes et les plus bouleversantes qu’il ait jamais écrites. C’est que, à quelques encablures à peine du havre domestique qui lui sert de refuge et d’atelier, se sont déroulées simultanément quelques-unes de ces petites tragédies quotidiennes qui constituent, depuis toujours, la matière essentielle de l’inspiration de Wagner.

“Quand j’écris, je m’appuie toujours sur l’expérience des proches ou sur la mienne. Je suis un très mauvais auteur pour ce qui concerne l’imagination. Par exemple, je serais totalement incapable d’écrire de façon générale ou abstraite sur la mort. Par contre, pendant cette période, j’ai des amis à qui il est arrivé deux ou trois choses assez déplaisantes : l’un a fait une tentative de suicide, d’autres ont dû affronter le décès de leurs proches, d’autres encore ont divorcé. En général, j’essaie de me mettre à leur place, de m’inspirer de leur douleur ou de leurs angoisses”.À l’écoute d’Is A Woman, on a donc parfois l’impression de saisir au vol des bribes de conversations amicales, des moments privilégiés de confession qui frappent par leur intensité et leur authenticité. Sur My Blue Wave en particulier, on entend ce récit dramatique : “And William called and tried to tell me that his sister’s boyfriend had just died/He’s not sure what to do/And I’m not sure what to tell him he should do/Sometimes William we’re just screwed”. Et si on frôle ici l’impudeur, Wagner assume pleinement ses choix et intentions. “Je n’ai cité qu’un seul nom sur tout le disque, celui de mon ami William. Mais la plupart du temps, les gens ont tendance à croire que j’écris sur eux alors que c’est très rarement le cas. Ici, ce n’était pas pour étaler sa vie privée en public. C’était juste une façon de le secouer, de m’adresser à lui un peu violemment parce que je pense qu’il en avait besoin. D’ailleurs, il l’a très bien compris quand il a entendu la chanson. Je trouve qu’il y a une phrase sur The New Cobweb Summer qui résume assez bien le contenu général et les émotions que j’essaie de restituer : ‘As we grow out of our bruises’. J’essaie souvent de décrire les blessures des gens ou les miennes. Mais aussi la façon dont on arrive à les surmonter, à continuer malgré tout à avancer”.

Si loin, si proche

Depuis 1993, on a maintes fois souligné les liens de parenté musicale plus ou moins directs qui rattachait Lambchop à ses racines nashvilliennes. Si Kurt Wagner apparaît comme l’héritier spirituel tout à fait présentable des grands noms de la country classique, de Hank Williams à Johnny Cash, c’est avant tout en raison de ce qui les unit dans l’écriture. Dans les chansons de Lambchop, comme dans celles de ses glorieux aînés, il est question de chiens qui aboient, d’amis qui meurent et de cigarettes qui se consument. Le talent de Wagner et de ses pairs réside dans leur capacité à conférer une portée presque métaphysique à la plus triviale des anecdotes ou des sensations. Peu d’auteurs s’avèrent ainsi capables de susciter une vraie émotion en commençant par évoquer leur voyage en autobus vers Barcelone, au petit matin, avec les roadies d’Embrace (The Old Matchbook Trick).

“J’aime bien partir de petits détails concrets, qui ont l’air insignifiants, des choses qui sont apparemment sans liens entre elles mais qui se rejoignent ensuite : un bruit, un objet, une lumière. C’est toujours en procédant ainsi qu’on découvre des choses intéressantes. En même temps, plus c’est concret, plus l’interprétation est libre. C’est comme pour le titre de l’album. Qu’est-ce qu’une femme exactement ? Ce pourrait être l’amour, l’espoir, la mort. En fonction des morceaux, le sens change”. Tony Crow, pianiste désormais attitré et grand spécialiste ès country, confirme cette intuition : “Kurt s’inspire de sensations très fugitives, qui ne durent que quelques secondes et il arrive à en tirer des superbes chansons de cinq minutes. Je ne suis pas toujours sûr de saisir le sens de ce qu’il écrit, mais il y a toujours quelque chose de suffisamment concret et universel pour que ça me touche. C’est vrai que la musique de Lambchop n’a pas grand-chose à voir avec la country institutionnalisée ou le ‘mainstream’. Par contre, les textes de Kurt, ses chansons en elles-mêmes, pour moi, c’est vraiment de la country”.

Après tout, cette ambivalence n’a rien de très surprenant. Elle n’est que le prolongement esthétique des sentiments d’attachement et de rejet que la plupart des membres de Lambchop, Wagner en tête, ont toujours éprouvé à l’égard de leur ville et de la musique qu’elle incarne. Né de parents yankees et progressistes dans la capitale mondiale du conservatisme réactionnaire et des cow-boys à paillettes, il avoue ne s’être jamais senti totalement à l’aise dans un lieu qu’il n’est jamais parvenu, pourtant, à quitter durablement.

“Le simple fait de vivre à Nashville a forcément influencé ma façon de concevoir la musique. C’est un son qui fait forcément partie de la vie quotidienne quand on habite là-bas, même si je trouvais cette musique insupportable quand j’étais enfant. Mais je ne me suis jamais senti totalement à ma place dans cet univers. Je n’avais pas le bon accent, pas les bonnes idées. Pendant mon adolescence, j’étais assez solitaire. C’était les années 60. Il y avait tous ces mouvements pour les droits civils. J’étais pour, bien sûr, mais c’était une position assez minoritaire à Nashville. J’ai donc passé la plupart de mon temps à essayer d’éviter les emmerdes. C’est un peu la même chose aujourd’hui. Nous vivons tous là depuis au moins dix ou quinze ans, mais nous ne sommes toujours pas très bien intégrés au système de l’industrie country. Aucune maison de disques locale n’est jamais venue nous voir. Ah, si, Steve Earle est venu assister à un concert, il y a trois ans. Dès qu’il est arrivé, on s’est mis à jouer comme des pieds. (Rires.) Quand il est parti, tout s’est remis à fonctionner normalement”.Oscillant en permanence entre acceptation et rejet, Kurt Wagner décide de fuir un moment les “rednecks”, fans de country, qui ne le considéreront jamais, bien heureusement, comme l’un des leurs. Il rompt pendant une dizaine d’années avec sa ville natale avant d’y revenir définitivement en 1986. Il met à profit cette phase d’éloignement pour compléter sa formation d’homme et d’artiste à Memphis, Chicago et dans le Montana, où il croise brièvement la route de l’écrivain Richard Brautigan. Loin de ses bases, il délaisse un temps la musique pour se consacrer aux beaux-arts en général, et à la peinture en particulier. Depuis qu’il a cessé, il y a quelques années, d’illustrer les pochettes de ses albums, il ne reste plus trace dans l’œuvre de Wagner de sa vocation de peintre.

“Le songwriting est plus proche de la sculpture en fait. Il y a des aspects très physiques, comme lorsqu’on taille de la pierre. Et puis, il faut considérer toutes les dimensions d’une chanson. Le son fonctionne aussi un peu comme la sculpture : l’absence de son ou le silence comptent tout autant que les notes qu’on entend. Comme pour le volume d’une sculpture qui se découpe”. De ces années d’apprentissage et de vadrouille, il conserve tout de même un souvenir positif, mais distant et peu nostalgique.

“Toutes ces rencontres que j’ai pu faire à l’époque ont changé ma façon de travailler, mais de manière indirecte. Quand j’étais étudiant, j’avais des prises de position très théoriques sur l’art. J’ai compris au cours de ces années qu’il ne servait à rien de se définir abstraitement comme un peintre de telle école ou un artiste de tel ou tel courant. Que ce soit la peinture ou la chanson, c’est juste une façon de vivre sa vie au quotidien. Tous les grands artistes sont des gens qui ne tracent pas de frontière entre leur vie et leur œuvre. Pour certains, ça débouche sur quelque chose de très autodestructeur. Moi, ceux que je préfère ce sont les gens normaux, pas compliqués. Ils se lèvent, nourrissent le chien, écrivent une chanson, prennent leur dîner et s’endorment. Je ne suis plus exactement un teenager. (Sourire.) Pour moi, le travail artistique est quelque chose de simple et quotidien. Pas besoin d’un chevalet pour peindre. Pas besoin d’un grand studio tout équipé pour faire de la musique. L’art n’a rien à voir avec un truc élitiste ou avec l’image des pop stars. Tout le monde peut le faire”.

Jerry Lewis

Cette profession de foi et cette volonté d’abolir les frontières entre culture savante et art populaire constituent sans doute l’une des clefs essentielles de l’œuvre de Lambchop. Tony Crow le formule de façon très claire : “J’aime à penser que n’importe qui peut faire partie de Lambchop à condition d’avoir la bonne attitude. Au départ, c’était simplement l’association d’amis qui se réunissaient selon les occasions. Et c’est toujours la même chose en fait”. On comprend alors mieux pourquoi, depuis un bon moment, les disques du groupe évoquaient curieusement ce que Greil Marcus, dans Mystery Train, écrivait à propos de The Band. Même si, sur le plan formel, la formation à géométrie variable emmenée par Wagner n’entretient que fort peu de rapport avec l’ancien orchestre de Bob Dylan, on y retrouve une musique qui se plonge dans les racines multicolores de la tradition américaine pour mieux la réinventer.

Surtout, les deux groupes incarnent pareillement une sorte d’idéal inaccessible de communauté démocratique où l’on parvient à se réunir pour parler d’une seule voix, mais où l’individualité de chacun des membres est toujours respectée. Une petite société harmonieuse où les instruments se mêlent sans se confondre, où les conflits d’ego n’ont pas lieu d’être et où les leaders n’abuseraient pas de leur autorité. C’est encore le cas sur Is A Woman, même si la présence de certains participants s’est faite plus discrète.

“Quand ils ont entendu les premières esquisses que je leur ai présentées, les autres membres ont été un peu surpris, c’est certain. Mais je leur ai montré qu’on pouvait tous les impliquer ensuite. C’est simplement un album qui nous donne un peu plus de flexibilité que Nixon, où il fallait vraiment qu’on soit au moins douze sur scène pour reproduire un son intéressant. Is A Woman peut être joué par une grande ou une petite formation. J’aime que Lambchop reste cette structure très ouverte, très souple, plutôt que de ressembler à une pièce sans fenêtre qui sentirait vite le renfermé. Même si je continue à écrire la plupart des chansons, chaque musicien peut faire entendre sa voix. C’est un peu comme une banque d’images où je peux aller piocher tel ou tel film selon les besoins. Tony m’a apporté beaucoup sur l’album. Mark a vraiment sculpté notre son. Quand on était en studio, ils m’ont vraiment surpris en permanence. Le résultat final est complètement différent de ce que j’avais en tête avant de travailler avec eux. C’est toujours ce que j’essaie de faire : écrire de façon à ce que tout le monde puisse s’impliquer et participer, à un moment ou à un autre. Je me compare souvent à quelqu’un qui jetterait des pièces de monnaie au fond d’une piscine. Après, c’est aux autres de plonger pour essayer des les attraper”. Des propos que confirment les intéressés eux-mêmes, Tony Crow le premier. “Les chansons avec lesquelles Kurt est arrivé en studio étaient construites autour d’arrangements très simples, très basiques. J’ai donc pu facilement m’y glisser pour ajouter quelques petites touches personnelles. C’est une autre forme de travail d’écriture, tout aussi gratifiante que de faire une chanson”.

Lambchop affiche donc une indéfectible solidarité à l’égard de tous les membres, y compris envers les absents. Greil Marcus soulignait d’ailleurs à juste titre ce qu’il peut y avoir de paradoxal et de savoureux à voir ce mythe si typiquement américain d’une union à la fois conviviale et individualiste s’incarner précisément chez les parias de l’industrie musicale, les marginaux de Nashville. Bref, chez ceux que l’Amérique dominante envoie, comme à son habitude, se faire reconnaître et célébrer ailleurs. En Europe dans le cas de Lambchop. “C’est assez étonnant, dans la mesure où notre musique est un mélange de plusieurs styles très typiquement américains. Je suppose que c’est ce qui plaît en Europe : le côté dépaysant. Bon, en même temps, je me méfie. Parfois, les Européens ont des goûts bizarres. Je ne voudrais pas qu’on devienne les Jerry Lewis de la country. (Rires.)”

Un autre long format ?