Locust Tree Lane
Richard Allen

Richard Allen, univers de chambre

Avec son troisième album, l'Amiénois Richard Allen sublime toutes les sinuosités de ses racines folk. Qui poussent en direction du jazz et d'orchestrations toujours plus délicates.

S’il fallait trouver un intérêt à la frénésie de l’actualité musicale, c’est bien celui-ci : ce sont finalement les disques qu’on attend le moins qui ont le plus de chances de nous surprendre.  

Ce Locust Tree Lane, signé Richard Allen, est de ceux-là. À moins de connaître les moindres recoins de Bandcamp, ou d’être Amiénois, il est fort à parier que vous n’ayez jamais entendu ces noms. Pourtant, ils méritent votre entière attention.

Remontons dans l’histoire de ce trentenaire franco-britannique, qui a débuté au sein de Wolves & Moons. Avec ce quatuor, formé en 2012 de Louis Morati (clavier/ percussions), Maxime Picquart (guitare) et Jocelyn Soler (batterie), Richard a sorti deux EPs pleins de promesses qui se concrétisent aujourd’hui. La plus belle étant les sublimes harmonies, vocales et pas que, à la manière des Fleet Foxes, qui s’envolent à présent. Ce Locust Tree Lane prolonge ce qu’on pouvait entendre également sur ses deux premières sorties solo : le classique mais charmant et dépouillé In The Front Room (2014), puis High (2016), que venait orner un beau piano, et de nouveau, ces chœurs.

Toute la magie de ce parcours est aujourd’hui réunie dans ce LP. Il a muri, mais le talent est intact. Il a laissé un peu derrière lui, les mélodies à la Nick Drake pour trouver ses propres sinuosités et aller fureter ailleurs, plus loin, et ramener ses chansons dans un territoire plus orchestré, grâce au compagnonnage de Sylvain Kenny Ruby, multi-instrumentiste plus capé, collaborateur de Sandra N’Kake, Guts ou Iggy Pop.

Ses racines dans le folk et son revival, en passant notamment par Bert Jansch et Judee Sill jusqu’à ses prolongements contemporains avec les Fleet Foxes, se subliment aujourd’hui grâce cette collaboration. “Kenny Ruby a su valoriser le potentiel “jazz” des compositions sans les travestir”, explique Richard. Son songwriting léger, simple et juste, ses petites histoires où l’ont peut tous se retrouver, parsemées de mille et une délicatesses d’arrangement, et parfois même de modernité, tout cela crée le paradoxe qu’un disque qui sonne très chamber, puisse aussi détenir un univers. 

Même si les formules superlatives déshonorent souvent l’intelligence de celui qui les profère, prenons le risque, voilà un des plus beaux disques de cette année.

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