En seulement 4 titres, les Français de Pampa Folks nous ont donné envie d’en savoir plus sur leur compte. Leur EP, Golden Gates, paru en janvier, est un enchaînement de mélodies folk, pop et indie parfaitement ciselées et influencées par les deux côtés de l’Atlantique. Derrière des envolées aussi westerns qu’accrocheuses se cache le chanteur, guitariste et compositeur Thomas Lavernhe. Il explique pour Magic les spécificités d’un groupe à suivre de très près.

 

Comment est né Pampa Folks ?

J’avais envie de faire quelque chose de différent après l’arrêt de mon ancien groupe, KarmaStone. J’ai recommencé à faire de la musique tout seul, à chercher des nouveaux musiciens. Pampa Folks est alors né de l’envie de créer. L’équipe est stable depuis deux ans maintenant. Je joue avec le batteur Johan Barrer (Groove Catchers, Joyful Noise…), le bassiste David Sultan (Les Fils du Calvaire, Opé Smith, Lili Poe, Hello Happiness…) et le claviériste Pierre Lelièvre, le petit jeune de l’équipe, qui est encore étudiant. Notre nom est arrivé à la fin pour boucler le processus de création et le travail qui a conduit cette année à la sortie de notre EP, Golden Gates.

Comment qualifies-tu la musique de Pampa Folks ?

J’ai une grosse culture du rock anglais des années soixante, soixante-dix et tout ce qui en découle. Les Beatles, en premier, m’ont bercé. Même si ce n’est pas ce que je cherche à refaire, je pense qu’on retrouve ça dans mes chansons. J’aime créer de la pop, du rock avec des mélodies intéressantes qui me font vibrer.

Pampa Folks se dit également influencé par le blues ou le western psychédélique. D’où cela vient ?

Au-delà des mélodies, la part de musique “western” s’est rajoutée plus dans les arrangements et les choix de productions. Dans Pampa Folks, tu as un mix entre l’univers pop anglaise et des influences plus américaines. Je ne cherche pas à faire de la musique de western. Ce n’est pas du tout mon style mais naturellement, c’était un peu mon son. Par exemple, j’apprécie certains éléments dans la musique d’Ennio Morricone. J’ai essayé de ne pas en faire des tonnes, sauf sur le titre Golden Gates où c’est assumé. Et de garder des petites touches, comme ça me plaisait, dans d’autres morceaux que je pouvais écouter dans mille autres styles différents.

 

Ta musique semble aussi très cinématographique. Y as-tu pensé pendant l’enregistrement de l’EP ?

Oui. Ce n’était pas du tout le cas avant. Au cours de cette période d’expérimentation entre mes deux groupes, j’ai travaillé beaucoup les matières, enregistré énormément de bouts de morceaux, parfois sur du vieux matos, parce que je suis très geek aussi. Et il y avait aussi des musiques de films. Ce sont des exercices que j’ai adoré faire, parce que tu dois correspondre à une image, rentrer dans un style qui n’est pas forcément le tien. Ça ouvre des portes. Tu comprends les mécanismes de pas mal de choses. Quand tu sors des choses dont tu as l’habitude, tu te mets un peu en danger, tu as de bons résultats. Toutes ces expériences, je les ai accumulées. Quand j’ai écrit pour Pampa Folks, c’est rentré en considération sans forcément que je m’en rende compte.

Perceval Carré (ingénieur du son officiant à la fois en live et en studio, avec Isaac Delusion, L’Impératrice…) t’a accompagné à la production. Qu’a-t-il apporté ?

Beaucoup de recul. J’avais des envies et je ne savais pas si c’était réalisable ou pas. J’avais pas mal de questions, il avait pas mal de réponses. Ce qui était très agréable avec lui aussi, c’est qu’il aime expérimenter. Il ne dit pas non. Il cherche à apprendre tout le temps. Il est assez humble pour se remettre en question par rapport à mes demandes parfois un peu particulières. Avec lui, on a passé quelques stades sur des morceaux où l’on pensait être arrivé au maximum de notre potentiel.

 

Es-tu à l’aise avec ta voix ?

Je n’ai jamais trop aimé ma voix. Quand j’étais jeune, je m’étais fait à l’idée que je ne chanterais pas et que je composerais des choses pour d’autres. J’ai pris des cours de chant pour corriger des défauts. J’ai toujours l’impression d’être plus à l’aise dans les graves mais de composer des morceaux où je dois chanter aigu. Alors que j’ai une voix grave à la base ! Des chansons comme celles de Timber Timbre, ce serait parfait pour moi (rires). Je pense que je ne compose pas des chansons pour ma voix, je compose des chansons que j’ai envie de faire et j’essaie de suivre à la voix.

Le texte possède-t-il la même importance que la musique dans Pampa Folks ?

Ils sont au service de la mélodie, mais j’y accorde beaucoup d’importance quand même. Je passe beaucoup de temps dessus. Souvent, il y a pas mal de sens caché derrière mes mots, mes métaphores… J’adore les textes de Dylan par exemple. Il raconte des histoires, de manière très poétique avec un début, une fin. Ça, je l’ai dans plusieurs chansons aussi. Blind Silhouettes comporte par exemple un scénario avec un dénouement. Je passe trois mois à écrire pour une chanson. C’est hyper long. Je suis assez difficile là-dessus.

Quels thèmes aimes-tu développer ?

Le thème du voyage. Ça peut être l’aventure, la découverte vers l’inconnu, des sphères un peu parallèle, des trucs métaphysiques. Ce thème revient dans beaucoup de chansons. Je m’en suis rendu compte après. Ça correspond bien avec le concept de l’album.

Toutes les chansons sont chantées en anglais. Pourquoi ?

Je suis beaucoup plus à l’aise en anglais. Je n’arrive pas à chanter en français. J’ai une culture musicale totalement anglophone. J’ai commencé à écouter de la musique française à vingt ans avec Gainsbourg. Je n’avais jamais été attiré par ça auparavant. A dix ans, j’écrivais des textes en anglais avec mon grand-père et mon père. Ma démarche, c’est d’abord la musique puis les mots viennent se poser sur elle. Avec la langue anglaise, ça fonctionne tout de suite. Chanter en français, c’est peut-être un défi que je pourrais me lancer plus tard, on verra.

Après la sortie de votre EP, c’est quoi la suite pour Pampa Folks ?

Notre premier album sort au printemps. C’est le résultat de trois ans de travail. Après, notre but, c’est d’avoir un tourneur très rapidement. On a besoin de faire des concerts, de rencontrer le public, de jouer ces chansons au maximum. L’album parle beaucoup du voyage, je pense que maintenant les chansons doivent voyager elles-mêmes pour se faire connaître au maximum. Pour ma part, la suite c’est aussi la reprise de l’écriture. Une fois que l’album sera sorti et les concerts annoncés, je me mettrai devant ma feuille blanche pour composer. J’ai des milliards d’idées donc j’ai hâte de commencer !

Texte : Luc Magoutier
Photos : © F. Saez

En concert jeudi au Pop-up du Label (Paris) à 20h00

Un autre long format ?