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Ce n’est pas son premier album, mais le nom de Rachael Dadd n’avait jusque-là pas accroché notre regard, pourtant régulièrement tourné vers des territoires qu’elle arpente en compagnie d’artistes qui nous sont familiers, comme Rozi Plain, Kate Stables (This Is The Kit) ou Alessi Laurent-Marke (Alessi’s Ark) – les deux premières rencontrées sur les bancs de la faculté et les planches de soirées open mic, la dernière en tournée. Autant d’amitiés anciennes cimentées par la musique qui éloignent Rachael Dadd de la bulle du folk alternatif anglais apparue il y a quelques années et en partie éclatée depuis. Il faut dire que sa musique ne se rapporte que partiellement au genre, par son goût pour les instrumentations acoustiques et les orchestres portables.

Mais il y a sur son formidable effort We Resonate une fantaisie et une inventivité qui vont bien au-delà des genres, inspirées par des influences de toujours (Kate Bush, Joni Mitchell), des découvertes d’adulte (Steve Reich, le mouvement Fluxus) mais aussi des voyages. Les tournées, bien sûr, et surtout une installation au Japon en 2008, là où elle a rencontré son mari, le musicien Ichi, et conçu son premier LP, Bite The Mountain (2011), réalisé en nomade en différents endroits de l’archipel et quasiment seule. Changement de cadre et de méthode pour We Resonate, l’un des deux heureux événements conçus à domicile par la dame : “L’essentiel des enregistrements a eu lieu chez moi, à Bristol, parce que j’étais enceinte de sept ou huit mois. (Sourire.) Je ne voulais pas voyager et je souhaitais surtout jouer sur mon piano, à la maison, parce que j’ai pas mal expérimenté dessus avec des techniques de piano préparé. Et puis, enfin, mon mari fabrique des instruments et je voulais utiliser ceux qu’il avait faits de ses mains. J’ai donc invité mes amis musiciens à la maison, où ils sont restés une semaine. Un très bon moment.”

La liste des instruments utilisés pour ces chansons gracieuses est en elle-même un joli poème : ukulélé, banjo, clarinette, piano préparé, percussions, orgue électrique, guitare, klaxon et… battements de cœur d’un enfant à naître. Un enregistrement qui joue à la fois sur la magie du bricolage et le confort d’un son magnifique. En tête, une fidélité à un esprit DIY qui a toujours guidé Rachael Dadd et identifie les nombreux disques qu’elle a publiés, elle qui a commencé à composer à l’âge de treize ans aime à dire que We Resonate est son cinquième album même si c’est le deuxième véritable long format à paraître sur un label.

“Quand j’ai commencé à jouer sur scène et enregistrer des disques, je le faisais avec les moyens du bord. Il y a une vraie scène DIY à Bristol avec des gens qui gravent eux-mêmes leurs CD-R et font leurs propres pochettes. Mes débuts dans la musique, c’était ça : enregistrer seule et fabriquer des petits objets vendus à la fin des concerts. Ça a évolué depuis, j’enregistre en studio, mais j’espère que l’esthétique est toujours là. Et je continue à fabriquer des objets et à vendre des CD-R à mes concerts. Sur les précédents, je faisais le graphisme moi-même en utilisant beaucoup le tissu, la couture, mais aussi le dessin. Aujourd’hui, je suis maman et j’ai beaucoup moins de temps à y consacrer. Comme l’idée de collaboration traverse ce nouvel album, je me suis dit que cela pouvait aussi s’appliquer à l’artwork. Aussi, pour la première fois de ma vie, j’ai demandé à quelqu’un d’autre de réaliser la pochette, en l’occurrence ma sœur, qui est une artiste brillante, diplômée du Royal College of Art et spécialisée dans l’animation, la peinture et l’impression. Un choix parfait pour moi.” Et pour nous donc, avec cet album à la séduction immédiate et durable, mélodies épanouies et arrangements inventifs à la clé, les unes comme les autres supportant merveilleusement les écoutes en boucle.

Un autre long format ?