Matthieu Malon – Peut-Être Un Jour

C’est à la fin du siècle dernier que commence notre relation d’amour musical avec Matthieu Malon, en découvrant une première chanson sur la compilation Panorama (1997) du Village Vert. Elle s’appelait On Baisse Les Bras et c’est peu dire que ce titre paradoxal correspond bien mal à la lutte continuelle menée par le natif d’Orléans pour publier contre vents et marées les jalons successifs d’une œuvre toujours plus considérable. Après trois albums fortement imprégnés de sonorités électroniques sous le pseudonyme de Laudanum (dont l’immense System:On en 2002), voici enfin venu le temps du retour à la langue natale, pour la première fois depuis près de dix ans et la sortie prématurément avortée de ce qui devait être son deuxième LP francophone, Les Jours Sont Comptés, condamné à la seule diffusion virtuelle faute de label. On y retrouve avec un immense plaisir sa passion jamais démentie pour les climats musicaux bruitistes en clair-obscur et surtout cette capacité hors du commun à évoquer le désarroi ordinaire.

Qu’il s’agisse d’aborder les aspects les plus sombres ou les plus légers du quotidien – le suicide d’un proche sur Tu Étais Mon Pote ou les exutoires nocturnes à la dépression sur le très pop La Tête À L’Envers aux faux airs de Daho –, Matthieu Malon se raconte toujours au juste point d’équilibre entre pudeur retenue et dévoilement intime. Entre confessions égotistes et regards critiques jetés sur les travers de l’époque, ces propos dépourvus de la moindre trace de complaisance acquièrent d’autant plus de poids qu’ils sont, comme chez Diabologum autrefois, énoncés avec ce phrasé presque atone qui balance entre rage contenue et neutralité résignée et qui sert de parfait contrepoint aux détonations intenses des guitares. Alors, dans un contexte que l’on espère plus favorable à la reconnaissance de son talent et où il pourrait à juste titre faire figure de précurseur de bien des jeunes pousses de la nouvelle scène pop hexagonale, Peut-Être Un Jour sera-t-il célébré à la hauteur de ses mérites ? Pour nous, pas de doute, c’est certainement et pour l’éternité.


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