Simon & Garfunkel, les Kinks et Leonard Cohen pour le songwriting ; George Martin, Belle & Sebastian et Vampire Weekend pour les arrangements. Les références de Rémi Antoni sont à l’image des compositions d’Orouni, le groupe dont il est, à 36 ans, le fondateur et la tête pensante : pop, élégantes et parfois étonnantes. Son dernier EP, l’euphorisant Somewhere in Dreamland, est l’un de nos coups de coeur de l’automne. Vous devez absolument en savoir plus sur cette pop parfaite.
Comment est né Orouni ?
J’ai enregistré mes premiers morceaux en 2005. A l’époque, j’étais en Erasmus au Danemark. J’étais seul avec une guitare dans ma chambre d’étudiant, donc j’ai composé quelque chose qu’on pourrait qualifier de folk lo-fi, même si j’avais à peu près les mêmes influences qu’aujourd’hui. En 2006 et 2008, j’ai sorti coup sur coup deux albums (A Matter of Scale, Jump out the Window), sur lesquels je jouais tous les instruments, des claviers aux percussions. Avec le temps, je me suis entouré de vrais musiciens et les arrangements se sont peu à peu sophistiqués.
Avec qui travailles-tu aujourd’hui ?
Même si je fais souvent appel à des instrumentistes extérieurs, notamment en studio, je suis accompagné par un noyau dur. Lors des sessions d’enregistrement, j’essaye par exemple toujours d’avoir pour batteur Jean Thevenin, de François and the Atlas Mountain. Le bassiste/guitariste Steffen Charron et le claviériste/trompettiste Raphaël Thyss m’accompagnent également depuis longtemps. Et notre dernière “recrue” est Emma Broughton, qui chante et joue de la flûte.
Emma Broughton a collaboré avec avec Bon Iver, Vincent Delerm, O, ou encore Thousand. Qu’a-t-elle apporté à Orouni ?
J’ai rencontré Emma en 2011-2012 car on avait deux groupes d’amis en commun. Il manquait des voix féminines à l’album Grand Tour, on a fait des essais et j’ai trouvé que son timbre contrebalançait très bien le mien, qui est assez nasal. On a enregistré deux chansons puis, en 2015, une reprise de REM, Find the River, pour le webzine “A découvrir absolument”. Des concerts ont suivi et elle fait aujourd’hui pleinement partie du groupe. Elle a apporté une espèce de grâce dans le projet, le côté duo fille/garçon et aussi une certaine richesse musicale grâce à la flûte.
La musique d’Orouni est assez originale, avec beaucoup d’instruments, des arrangements très soignés… Tu écris toutes ces parties ?
Je crois que je suis trop mauvais pour vraiment écrire des partitions ! J’ai étudié la guitare classique pendant deux ans seulement… En général, je trouve d’abord une mélodie. Cela m’arrive par exemple quand je marche dans la rue – je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression que la marche a un drôle d’effet sur mon cerveau. J’enregistre immédiatement ma voix sur mon téléphone puis, quand je rentre, je trouve mes suites d’accord à la guitare. Après quoi, je développe mes harmonies sur mon clavier et je les envoie aux instrumentistes, qui se les approprient.
Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?
On a un album en préparation pour 2018. Il est même déjà enregistré mais pas encore mixé. C’est un projet qui devrait surprendre : on remet un peu en question les pratiques habituelles, par exemple en inversant les arrangements des couplets et des refrains, ce genre de choses. Le but était de faire tendre l’oreille à l’auditeur mais je pense que cela restera aux yeux de tous un album pop et accessible.
Texte : Robin Korda
Photo : Mickaël Adamadorassy