Moon Gogo – International

(Havalina Records/Differ-Ant)

Cap vers l’Asie, mais comme un punk. Pour singer le livre d’Henri Michaux, cet album est comme la route tracée d’un punk en Asie. Pas un barbare, juste un type incroyablement libre qui semble se foutre des convenances. Enregistré entre Nantes et Noirmoutier, International est un drôle de jeu d’échecs. L’homme est concentré sur sa partie avec comme adversaire une bouteille de vodka.

Les surprises vont donc hérisser leur dos. La méthode est simple : suivre l’instinct des rythmes et des pulsions musicales en confrontant des cultures distinctes. D’un côté, le songwriting de Federico Pellegrini, jamais gangréné par l’habitude ; de l’autre, l’austérité apparente du geomungo de la Coréenne E’Joung-Ju. On peut trouver cela improbable, mais à l’écoute de ces sept compositions, l’harmonie est évidente. Un peu comme si Dogbowl avait enregistré avec Ali Farka Touré. Aussi logique qu’une balade nocturne les yeux bandés ou que de traire une vache et lui foutre le lait à la figure.

Le premier album de Moon Gogo est une révolte en sourdine. L’extrait Let’s Shout ressemble à une petite comptine vicieuse. On pense à Lou Reed ou à Nick Cave pour les ambiances qui collent comme certaines substances. Voire à un Jarvis Cocker halluciné qui ferait, en plein décalage horaire, un concert improvisé dans un 7-Eleven thaïlandais. Doigt d’honneur massif au conformisme, ce disque est une nécessité absolue.

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