Silver Ladders
Mary Lattimore
Ghostly International

Mary Lattimore touchée par la grâce sur “Silver Ladders”

Après "Hundred of Days" en 2018, l'Américaine Mary Lattimore nous revient avec un disque sublimé par les talents du producteur de Slowdive, Neil Halstead.

Si 2020 a été un cauchemar de bout en bout, la harpe de Mary Lattimore sonne, elle, comme un songe réconfortant, un miracle à la magnificence extatique.

Déjà, dans le temps d’avant, l’Américaine, hyperproductive depuis The Withdrawing Room en 2012, avait impressionnée par sa grâce, son monde précieux, surtout avec l’acclamé Hundreds of Days, sorti en 2018. Avec Silver Ladders, l’artiste atteint un sommet jusqu’alors inexploré au regard de sa discographie. Si ses compositions sinueuses traversent toujours des paysages en clair-obscur, son écriture s’épaissit, se diversifie, s’ouvre.

Au commencement de cette douce réinvention, le producteur Neil Halstead de Slowdive, qu’elle rencontre en 2019 lors d’un festival. En moins de vingt-quatre heures, Mary Lattimore lui propose de produire son prochain album. C’est une première pour celle qui a l’habitude d’être seule à la barre. Le compositeur accepte et elle s’envole pour les Cornouailles, où se trouve le studio de l’Anglais. Cette rencontre fortuite sonne comme une évidence, un signe magique du destin.

Lattimore ne pouvait pas espérer un producteur plus adapté à son art. Le mariage entre le raffinement de sa harpe et la six cordes brumeuse d’Halstead offre des territoires nouveaux à sa musique et des sonorités inédites à ses compositions. Le guitariste, en posant ses effets de larsen vrombissants, épure paradoxalement des pistes qui deviennent plus claires et ordonnées, moins fuyantes et impénétrables qu’auparavant.

Le respect entre les deux artistes est total et se ressent sur un titre aussi magistral que Til a Mermaid Drags You Under. Le morceau commence avec quelques notes, presque en retenue, avant que la guitare d’Halstead ne débarque en compagnie d’un brouillard d’effets. Puis la harpe, d’abord très simple, s’excite, se mêle aux accords du shoegazeur, pour aboutir à un enchevêtrement de mélodies splendides, faussement noires mais surtout oniriques et mélancoliques.

Lattimore et Halstead ne cessent de jouer sur les silences, les ambiances, la retenue, notamment sur Chop on the Climbout. Au fil des sept morceaux, Silver Ladders s’écoute comme une œuvre contemplative, libre, ouverte au monde. Elle vagabonde dans un univers néo-classique, sans avoir peur de se draper de pop sur Sometimes He’s In My Dreams ou même d’electronica (Pine Trees).

Mary Lattimore s’inspire du mouvement de la nature, de sa lumière et de son ombre, pour réaliser un album ultra-maîtrisé et virtuose. C’est une plongée dans un rêve, fait de sensations. Un voyage sonore si pertinent dans notre époque.

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