Pour la première fois, le Marché des Labels Indépendants de ce samedi 5 octobre, dans la Halle des Blancs Manteaux à Paris, accueillera un stand "Music Declares Emergency", pour que la musique indé contribue à la prise de conscience écologique. Entretien avec Nigel Adams, fondateur de Full Time Hobby et membre de l'organisation.

Comment est né le project Music Declares Emergency (MDE) ?

Nigel Adams :
MDE s’inspire d’Extinction Rebellion (un mouvement mondial de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique lancé en octobre 2018 au Royaume-Uni, NDLR) aussi bien que du mouvement grandissant des grèves de la jeunesse, ainsi que du sentiment partagé que le business de la musique doit se mobiliser et prendre la parole au sujet de la crise climatique, et changer pour que cette industrie soit plus durable.

Pourquoi avoir un stand au Marché des Labels indépendants de Paris cette année ?
On espère encourager les acteurs de la musique français à s’engager, peut-être les faire signer notre déclaration et si possible qu’ils forment leur propre organisation pour agir en France.

Quels sont les projets futurs de votre organisation ?
Nous avons tenu notre premier événement cette semaine à Londres, avec des performances de Johnny Flynn, Tunng, Eska et Shingai, ainsi que des débats sur l’industrie musicale et ses tentatives d’atteindre un modèle plus durable, avec des représentants de Ninja tune, Roundhouse venue, Universal Music, The May Project et du Shambala festival. On espère organiser d’autres événements et forums de ce genre pour parler d’une seule voix et faire du lobbying auprès des gouvernements pour un vrai changement de système.

Comment les filières de la musique peuvent-elles faire la différence dans cette situation d’urgence ?
En réalité, chaque secteur de la société va devoir changer dans les prochaines années si l’on veut avoir la moindre chance d’atténuer certains des effets de l’effondrement climatique et sociétal. La musique doit changer comme toutes les pans de la société, mais elle a cette capacité d’attirer l’attention sur certains sujets que d’autres n’ont pas. Il est crucial que nous l’utilisions d’une manière signifiante et non pas superficielle. Je pense que la musique a une place particulière dans la vie des gens et qu’elle peut aider à changer les opinions. On doit agir vite cependant.

Concrètement comment la musique indépendante peut changer ses pratiques pour réduire son empreinte écologique ?
Les indépendants ont toujours été plus flexibles et ouverts au changement. Comment ? En faisant des tournées en train. En prenant moins l’avion juste pour faire de la promo. En proposant des packaging recyclés avec des encres non polluantes. En soutenant des artistes qui prennent la parole en ce sens et qui tournent d’une manière durable. Le débat doit être ouvert pour partager des idées qui pourraient être adoptées par tous. Tout en sachant que ce qui doit vraiment changer est systémique et que cela ne pourra vraiment qu’être porté par les gouvernements et les industries des énergies fossiles.

Y a-t-il un déjà accomplissement dont vous êtes fiers ?
Que plus de 2000 artistes, labels, agents, individus et autres entreprises de l’industrie est déjà un bon début ! Enchaîner avec des actions concrètes est la prochaine étape.

Un autre long format ?