Low – Ones And Sixes

(Sub Pop/PIAS)

Drums And Guns (2007) était déjà un coup de cisaille. Humeur synthétique, controversée et tapageuse. Alan Sparhawk revient aujourd’hui travailler ce sillon vertigineux et prosaïque à la fois. Car il se dégage de Ones And Sixes des formes simples et une économie de moyens remarquable. La boîte à rythmes et des voix, c’est presque tout. Parfois quelques saturations de guitares viennent tonner dans une accalmie glaçante.

Ce revirement radical a l’effet d’une gifle. Dès Gentle, on comprend que Low se dirige vers un endroit que l’on ne soupçonnait pas. Minimalisme électronique et remugles cold-wave filent une atmosphère insaisissable. La virulence larvée de No Comprende est symptomatique, seule la voix de Mimi Parker venant fendre l’ambiance de plomb, la lourdeur du couvercle. Symphonie neurasthénique au flegme terrifiant, Ones And Sixes n’est pas avare en moments grandioses. Lies palpe les cieux avec délicatesse, intense duo de voix perdues entre froideur et douceur. Landslide apparaît comme le seul coup de tonnerre, le seul instant où les guitares se font voraces et ténébreuses. What Part Of Me donne dans la légèreté et la sérénité, fragment de lumière esseulé.

Climat contrasté, beauté inconcevable, ce disque ressemble à une éclaircie dérangeante qui nous est presque étrangère. Une inquiétante étrangeté qui noie tous nos sens sous d’immenses vagues approximatives. Alan Sparhawk essaie de mettre un peu de méthode dans sa dépression, mais la folie l’emporte. Autant apprendre à un tigre les bienfaits du ronronnement.

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