Il sort beaucoup, beaucoup, beaucoup [...] beaucoup de disques chaque année. Et même si on en chronique beaucoup [...] beaucoup chez Magic, certains passent quand-même sous notre radar. Voici donc le premier volet des chroniques-rattrapages de cette riche année 2025 !
TEETHE
Magic Of The Sale
(WINSPEAR) – 08/08/2025

Depuis tout petit, j’ai une fascination certaine pour les États-Unis. Un pays où, paradoxalement, je n’ai jamais mis les pieds. Une fascination largement nourrie par la musique. Il était de toute façon évident qu’un simili-continent peuplé de plus de 300 000 000 d’habitants – oui, ça fait beaucoup de zéros – abriterait forcément une impressionnante quantité de groupes, plus ou moins géniaux. Mais parmi ces 300 000 000, il y en a quatre – Boone Patrello, Grahm Robinson, Madeline Dowd et Jordan Garrett – qui ont signé l’un des plus beaux disques passés sous les radars de 2025. Magic Of The Sale, deuxième album de Teethe après un premier jet éponyme paru en 2020, n’aura malheureusement fait que très, trop peu de bruit par chez nous, malgré un passage bien trop furtif – et bien trop court – au Trabendo, lors du Pitchfork Festival de cette année.
Pourtant, dès son ouverture, la mélancolie s’impose avec Tires & Bookmarks : le décor est planté. Nous voilà plongés au cœur d’un Texas peint en nuances d’ocre et de bleu nuit, chaque note, chaque riff, chaque arpège ressemblant alors à un coup de pinceau légèrement fantomatique. La chanson éponyme arrive dès la deuxième piste et révèle l’une des grandes forces de Teethe : ces envolées en slide qui sonnent comme un violon en sanglots dans un saloon, ou comme une bourrasque soulevant le sable du désert de Chihuahua. Les guitares – à la fois méticuleusement claires et orageusement saturées – sont le cœur battant du projet. Et laissez-moi vous dire que les qualifier de « belles » serait encore très en deçà de ce qu’elles méritent. S’ajoutent à cela des touches de piano, de violoncelle ou de lap-steel façon cowboy sensible, et une rythmique qui ne s’aventure jamais au-delà de la centaine de BPM. On se laisse dorloter dans une pure veine slowcore, une délicatesse capable de nous tirer un bon paquet de larmes – au moment où j’écris ces lignes, Push You Forever passe dans mon casque, et mes yeux commencent sérieusement à s’humidifier.
Même lorsque le groupe se rapproche d’un registre grunge-gaze, comme sur Holy Water, qui rappelle Wednesday – on retrouve d’ailleurs Xandy Chelmis au lap-steel sur quelques morceaux – Teethe reste profondément émouvant. Surtout, le quatuor continue de chuchoter, quel que soit le volume du chaos alentour. Les voix, constamment échangées entre les membres, restent noyées dans la brume et finissent par se fondre en un tout : une communauté qui nous chante ce que signifie construire sa vie à une époque où l’effondrement collectif est devenu la norme. En quatorze morceaux – dont quelques pépites comme Push You Forever, Lead Letters, Funny, Hate Goodbyes ou Iron Wine – Magic Of The Sale inscrit une nouvelle formation sur la carte de l’alternative country. Une formation qui brille bien plus fort que n’importe quelle dent en or.
Jules Vandale •••••°
FAMILLE NOMBREUSE
Désolé Pour L’Attente
(FAMILLE NOMBREUSE) – 04/07/2025

Honnêtement, je n’ai jamais été un immense fan de rap. Mais il arrive qu’un projet réussisse à franchir le pare-feu – « mais attends, y a pas de guitare distordue et de mec qui chante comme un dépressif dans ton truc ? » – solidement installé dans mes oreilles. Cette année, le grand gagnant de ce concours que tout le monde rêve de remporter est… un duo originaire d’Annecy. Fers de lance du rap Detroit-style en France – basses 808 à contre-temps, mélodies appuyées, percussions tortueuses et flow sous autotune volontairement bancal – Honey et Fuego, alias Famille Nombreuse, sont actifs depuis au moins la fin des années 2010. Mais leur formule actuelle, ils la trouvent sur Zi en 2022. Désolé Pour l’Attente peut donc être vu comme leur forme finale. «C’est pas du shit talk que j’fais, c’est du rap conscient sous ecstasy pur» ou «J’dis que j’fais du coupé-décalé, pas du chopped & screwed» : Accident au Studio 2.5 résume assez parfaitement la philosophie du duo. Le shit talk, littéralement «dire de la merde», est cet art de la punchline absurde, parfois volontairement répétitive – Honey et Fuego vous rappelleront souvent que leur lean est la plus forte, leur jean le plus cher, et leur swag le plus swag – mais qui flirte très souvent avec l’hilarant.
Au menu : références pointues au rap américain et français («Je chasse les fans de Playboi Carti comme si j’étais Abraham Lincoln», dans Pas d’Rencard, quand on sait que les fans de Carti s’habillent souvent comme des vampires et que Lincoln fut dépeint en chasseur de vampires dans un film de 2012) ; patriotisme version Famille Nombreuse («J’suis tellement un çais-fran que je coupe ma lean avec d’la vinasse», dans Colline) ; conseils mode («Elle monte sur moi avec du Salomon comme si j’étais une randonné» dans Jeune) ; fascination pour les cow-boys («Annecy c’est le Texas français, j’suis un gardien de troupeau d’vaches», dans Discret), réflexions linguistiques («Arrête de parler anglais dans tes sons parce que moi j’parle pas anglais» dans Limbo) ou encore tacles politiques appuyés («J’ai dépouillé un mec qui était de gauche mais d’la même gauche qu’Éric Naulleau (ça va)», dans Moment de Représenter), entre autres fourberies. Le tout, porté par des prods lo-fi percutantes façonnées par DJ Lex, véritable «animateur radio» de l’album. Pas besoin de s’excuser pour l’attente, les gars. Foutez juste Naissance du Rap sur Spotify et on oublie tout.
Jules Vandale ••••°°
HIGHSCHOOL
Highschool
([PIAS]) – 31/10/2025

Punaise. J’ai terminé le lycée il y a dix ans, et voilà que HighSchool me donne presque envie de revivre trois des années les plus étranges de ma vie. J’accepte uniquement si le duo formé par Rory Trobbiani et Luke Scott remplace les groupes amateurs des traditionnelles journées des talents, ceux qui reprenaient Arctic Monkeys de façon plus qu’hasardeuse. Basé à Sydney, HighSchool s’inscrit dans une lignée très identifiable : celle de l’indie rock pour cool kids mélancoliques, un axe qui va de Londres à Los Angeles, et dont l’Australie semblait jusqu’ici relativement préservée. La pochette le dit d’ailleurs très bien : elle me renvoie direct en seconde, quand je regardais Marion embrasser Antoine à la récré alors que ça aurait clairement dû être moi à la place d’Antoine.
Je pourrais vous dire que HighSchool ressemble à bar italia, mais il y a chez eux quelque chose de profondément 80’s – des années 80 fantasmées par un gamin de 18 ans qui adore les fripes de luxe et les photos aesthetic où l’on fume des clopes en prenant des poses dignes d’un lookbook Céline. Le chorus est l’ingrédient phare de guitares souvent jangly, les boîtes à rythmes sonnent comme toute bonne machine en plastique qui se respecte, et une mélancolie légèrement dansante traverse ces mélodies accrocheuses, portées par des voix qui semblent avoir été captées par un micro hors de prix conçu pour imiter un artefact exhumé d’une capsule temporelle. HighSchool ne réinvente absolument pas l’indie rock. Mais il est de ceux qui s’installent en douce dans vos playlists et n’en repartent plus. C’est déjà le cas pour moi – j’y glisse systématiquement One Lucky Man, 149, Chaplins ou Dipped. Et vous ?
Jules Vandale ••••°°
DEER PARK
Terra Infirma
(DELETED) – 04/04/2025

Qui croire ? Spotify qui inclut Deer Park dans une playlist Cph+ censée «explorer la scène alternative de Copenhague», ou la bio de Deer Park, qui se résume à un nom de ville – New York ? Terra Infirma commence d’ailleurs avec le tressaillement d’un violon sur The Whole Truth, rappelant Astrid Sonne, cheffe de file de la capitale danoise. Je vous la fait courte – Deer Park est bien de NYC, mais il s’inclut dans une veine pop expérimentale, bricolée dans un appartement trop cher et trop mal éclairé, qu’on retrouve autant là que dans la ville de la Petite Sirène.
Une pop expérimentale qui, sur Terra Infirma, prend deux visages. Le premier, plus «conventionnel», avec ces chansons quasi-pop, mais spectrales à souhait – je suis sûr que ces guitares ne sont que des fantômes à cordes de nickel, branchés sur un ampli en fin de vie –, noyées dans les échos des temps passés, touchant parfois même au cloud-rap sur Red White Gold. Le deuxième, mélangeant bidouillages électroniques, collages de samples et contrepoint acoustique, à la manière de Chanel Beads, qui collabore d’ailleurs sur Clear Sky Rain. Autre invitée du projet, sur Clear Sky Rain et Pharmacy, Ivy Knight continue d’apparaître fugacement, avec sa voix d’or voilée, sur des projets de cette scène qu’on a maintenant très envie d’appeler cloud-rock. On va même l’appeler comme ça. Donc, pour 2026, branchez-vous cloud-rock.
Jules Vandale ••••°°
THE SAINTS
Long March Through the Jazz Age
(FIRE RECORDS) – 28/11/2025

On a longtemps cru que King of the Sun, le quatorzième album des Australiens The Saints paru en 2012, serait le dernier. Il y eut un silence de dix années et puis, en 2022, le décès de Chris Bailey, le chanteur et auteur des chansons du groupe. Or, voici qu’en cet automne 2025 paraît un quinzième album, Long March Through the Jazz Age. Quelques secondes et les inquiétudes qui naissent immanquablement à l’annonce de ce type de disque – un album inachevé et complété par-delà la mort de son principal créateur – sont dissipées. Le premier morceau, Empires (Sometimes We Fall), est extraordinaire et dans la meilleure manière des Saints tardifs – plus Dylan que Clash, de ce classicisme teinté d’étrangeté qui caractérise certains artistes majeurs. La basse post-punk et la guitare acoustique aux fragrances flamencas qui se mêlent en son entame rappellent les audaces des débuts : quand les Saints plongeaient, à la fin des seventies, le cuivre d’un saxophone dans leur bouillon punk rageur.
Le songwriting a toujours primé chez Bailey sur l’attitude, la recherche des arrangements les plus justes sur l’air du temps – ici s’explique en partie la longévité des Saints, fondés en 73 et délivrant un premier 45-tours punk dès 76, « single de la semaine et de toutes les semaines qui suivront », selon le magazine britannique Sounds. Le premier titre de ce dernier album, au message élémentaire (« Parfois nous nous élevons, parfois nous chutons »), semble un regard posé sur plus de quatre décennies de musique – un ciel fait de lueurs comme d’éclipses – et il n’en est que plus déchirant. Chris Bailey a enregistré ces dernières chansons à Sydney, dans les Church Street Studios, avec d’anciens camarades des Saints : le guitariste Sean Carey (également ingénieur du son), le batteur Pete Wilkinson et le guitariste Davey Lane. Tous trois se sont chargés, après la disparition de leur ami, de finaliser les démos réalisées par le quartet fin 2018, invitant certains musiciens de passage, tel le pianiste Shannon Stitt et la violoncelliste Clare Kahn.
Les compositions sont si belles, et les arrangements si aboutis, que l’on tient là la véritable dernière œuvre de The Saints. Un album majeur du groupe, qui se hisse dans les altitudes de All Fools Day (1986) et Prodigal Son (1988), autres réussites entre électricité et americana. La voix de Bailey a certes, depuis toutes ces années, pris en épaisseur et en raucité, mais demeurent noués en elle ce poing brandi de l’adolescence, cette soif de dire à tout prix qui, au détour de A Vision of Grace ou Vikings, pourraient bien vous faire chavirer. Si ce n’est le cas, l’extraordinaire final Will You Still Be There s’en chargera. « Des fantômes se cachent dans les décombres / Mes amis partis sont toujours présents / En vérité, aucune seconde chance n’est donnée / Alors continuons / Continuons notre chemin / Trébuchant aveuglément jour après jour / Jusqu’à ce que nous ne soyons plus qu’un souvenir / Et vous, serez-vous toujours là ? » Oui. Avec une chanson des Saints dans la tête.
Pierre Lemarchand •••••°
JESSE SYKES & THE SWEET HEREAFTER
Forever, I’ve Been Being Born
(IDEOLOGIC ORGAN) – 28/11/2025

Le dernier album en date de Jesse Sykes et ses Sweet Hereafter remonte à 2011 et, depuis, nous n’avons plus eu de nouvelles du groupe, à part la parution en éclaireur du single Dewayne… en 2018. Les lendemains du quatrième album semblent n’avoir pas été si doux qu’escompté ; pour expliquer le premier gouffre silencieux, l’Américaine évoque le deuil occasionné par le départ de la section rythmique du groupe après la parution de Marble Son. Quant au second hiatus, si elle n’en éclaire pas le motif, elle en célèbre la pertinence : ces chansons de perte épousent notre époque, en particulier les ténèbres dans lesquelles le Clown a plongé l’Amérique. C’est un bonheur de retrouver intacte la musique de Jesse, telle qu’elle a apparu au début du vingt-et-unième siècle. Forever, I’ve Been Being Born renoue avec le folk électrifié et planant des deux premiers albums et s’éloigne du tournant plus heavy et psychédélique qu’avaient emprunté les deux suivants. Ce cinquième album propose un bouquet de chansons ciselées, aux arrangements d’une grande justesse, dont chaque note, chaque effet semble avoir été mis dans la balance avant d’être enregistré puis gravé. La tonalité générale, légèrement cafardeuse, habitée par l’esprit du blues, baignée d’une lumière de crépuscule, happe. L’album se resserre sur le dialogue entre les guitares de Phil Wandscher et Jesse Sykes et sur la voix de cette dernière, de plus en plus proche de celle de Karen Dalton. La fragilité qui se dégage du disque prolonge le miracle qui étreint à l’écoute de ces chansons rescapées. Un retour d’une classe infinie que nous ne manquerons pas, comme Jesse y invite les auditeurs, à « écouter dans le noir ».
Pierre Lemarchand •••••°
THE MOONLANDINGZ
No Roquet Required
(TRANSGRESSIVE) – 25/04/2025

On croyait The Moonlandingz, énièmes rejetons dégénérés de la Fat White Family,
morts, enterrés sous une montagne de canettes et de mauvaises décisions. Raté. Sept
ans après leur premier crash spatial, les voilà de retour avec No Rocket Required,
flanqués de sacrés passagers. Iggy Pop grogne comme un vieux prophète carbonisé,
Nadine Shah glisse son venin avec une élégance de mante religieuse et Jessica Winter
surgit comme une tragédienne sous anxiolytiques. La musique, elle, ressemble à une
rave dans un laboratoire clandestin. Some People’s Music ouvre les hostilités en
mutant disco toxique, Yama Yama bascule dans la techno orientale de warehouse
cramée, It’s Where I’m From convoque le fantôme de Burt Bacharach et le reste
navigue entre glam poisseux, électro vrillée et pop déviante, sans jamais tenir en
place plus de trente secondes. Au centre, Lias Saoudi avance tel un gourou mi-
crooner, mi-prêcheur d’apocalypse, jetant ses phrases comme des bouteilles
incendiaires. Tout semble bancal mais tout tombe juste, comme si le groupe avait
trouvé la formule parfaite pour transformer la crasse en propulsion cosmique. Aussi
absurde que jubilatoire, No Rocket Required n’est pas un simple retour, c’est une
rechute glorieuse, une victoire par chaos technique.
Frank Narquin ••••°°
COPYCAT
Morning Routine
(SURFER ROSA / OLALA RECORDS) – 14/02/2025

Le duo Copycat, c’est deux cousines qui découvrent – selon leur storytelling – que leurs voix s’harmonisent pas si mal à la fin d’un déjeuner familial et décident. Vrai ou faux, peu importe, y’a un truc. Zoé et Appoline sont plutôt pop, voire électropop, que rock, mais à tendance bien énervée. Cela s’entend vite sur l’éclaté va-tout qui démarre gentiment comme une comptine un peu coquine avant d’exploser en mode electro clash, techno turbine : un hymne qui donne envie de sauter très fort, dans tous les sens, de gesticuler, de pogoter et de se cogner les uns contre les autres. Copycat enchaîne ensuite avec 16, une petite ritournelle géniale que l’on se retrouve à fredonner malgré soi, mélangeant habilement paroles malignes et dysfonctionnelles (« Pour moins me détester, je mange pas / À part quand je défonce le Nutella / Je me fais vomir, et après ça va / Promis, promis, c’est la dernière fois… »), solo de guitare punky et tempo electro.
Entre Wet Leg (cf. Oulala) et Lily Allen musicalement, même si Zoé et Appoline citent plutôt Django Django, R.E.M., Nada Surf et Asaf Avidan comme références communes, Copycat semble disposer d’une facilité déconcertante à composer des morceaux en apparence très pop bubble-gum, mais qui ont tout ce qu’il faut pour s’incruster et revenir en tête (et sur les lèvres) à l’improviste quand, détendu, on se prend soudain à siffloter un petit air. Il n’y a que sept titres sur ce premier EP des deux cousines, enregistré en une semaine et financé via crowdfunding, mais largement de quoi s’ambiancer. On ne demande maintenant qu’à voir ce que Copycat donne en concert… Lubie ou furies ? On écrit ça comme ça, mais à tout prendre, on préférerait la seconde option. Plus durable.
Frédérick Rapilly ••••°°
FRANK RABEYROLLES
In Conversations
(ARAKI RECORDS / WOOLRECORDINGS) – 14/02/2025

De ce Frank Rabeyrolles, je ne sais pas grand-chose, sinon qu’il doit vivre du côté de Montpellier, puisque c’est lors d’un passage fin janvier dans cette cité étudiante du Sud – pendant lequel j’avais demandé, via les réseaux sociaux, s’il y avait deux ou trois trucs à faire, à voir, dans les parages – qu’il m’avait contacté par mail et proposé d’écouter, après une visite chez le disquaire local, son nouvel album, qui devait sortir quelques jours plus tard. J’ai un peu, beaucoup tardé à chroniquer ce disque, accaparé par des sorties plus tonitruantes, mais plusieurs fois cette année, je suis revenu écouter In Conversations. Un disque tout en discrétion, délicatesse, élégance… De la pop chantée, ou plutôt susurrée en anglais (pas du tout tonitruante, donc), un peu mélancolique, comme ce morceau baptisé Sometimes, rehaussé de petits arpèges de guitare acoustique.
Si Frank Rabeyrolles fait un peu figure de dernier des Mohicans avec ses chansons qui ressemblent à des confidences intimes ou à des lettres à des êtres aimés (Your Green Jacket), il n’est pas si loin de ces balladins que l’on apprécie tant que sont Lloyd Cole (ex-The Commotions) ou Robert Forster (ex-The Go-Betweens). Il suffit d’écouter la petite musique de You Call It Love ou de se laisser gagner par la douceur cotonneuse et nuageuse de Oh No pour s’en convaincre. En cette période hivernale où l’on n’a parfois qu’une envie, celle de se calfeutrer, l’album (son neuvième, si j’en crois mes informations) de Frank Rabeyrolles, ses chansons, ont ce je-ne-sais-quoi de réconfortant, ce juste ce qu’il faut de tristesse pour résonner comme des « fuck you », index bien tendu, à tout ce qui nous embrume le cerveau, nous sabote les neurones. Des « fuck you very, very much ». Thank you, Frank.
Frédérick Rapilly ••••°°