EDH – Lava Club

Plus de dix ans après Morgen (2003), la musique d’Emmanuelle de Héricourt garde toujours son répondant et sa pertinence. Pourtant, celle-ci a considérablement muté et s’est remarquablement enrichie. Si l’on compte bien, Lava Club est le quatrième album officiel d’EDH en solo, et c’est aussi l’un des plus sombres. Comme d’habitude, le corps et l’émotion sont intimement liés dans la musique de la Parisienne. Ici, le corps figuré sur la pochette est celui d’une sirène à la silhouette cadavérique. On imagine aisément pour décor de ce disque un nightclub hanté par une menace latente, une tension de tous les instants qui pèse comme une chape de plomb. Lava Club, disque à forte valeur cathartique, s’ouvre ainsi avec Chlore sur un beat violent et une caisse claire syncopée, comme si Coil avait pris le contrôle de la piste de danse. Les mélodies vocales sont toujours douces et vaporeuses mais elles sont généralement noyées sous de nombreuses couches d’effets et de sonorités angoissantes. Avec leurs rythmiques martiales, leurs scansions, leurs sons d’orgues électroniques et leur space disco de l’apocalypse, Pensum et Hoaxy Beast font songer aux atmosphères nerveuses de Songs (2006) de John Maus. À l’image de l’album entier, Private Isolation (sommet de ce nouvel effort) oscille entre les moments de cauchemar et de fantaisie qui finissent immanquablement par se fondre l’un dans l’autre. La fin de Lava Club, plus calme et dépouillée, offre quelques moments de sérénité qui prennent des allures de salut (Shall We Go, Fiji Mermaid). À la fois binaire et complexe, froide et onirique, l’electro d’EDH est certes très intello, mais cela ne l’empêche en rien d’être terriblement émouvante.

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