Jungle (Volcano) bannière
© Lydia Kitto

À l'heure du quatrième album, "Volcano", Jungle maintient son identité funk et vernissée. Sans recette et en faisant bon usage de curiosité, comme nous l'explique Tom McFarland, moitié du duo londonien. Extrait d'un entretien à paraître dans l'une de nos publications papier.

Comment avez-vous créé votre nouvel album, Volcano ?

Tom McFarland : Pour commencer, nous saisissons chaque occasion possible pour écrire. Nous essayons toujours de trouver de nouvelles idées, et de travailler autant que nos capacités nous le permettent. La majorité de l’album a dû être ébauchée au cours de l’année dernière. En avril 2022, entre deux tournées, nous avons passé quelques semaines à Los Angeles dans un studio pour travailler dessus, et nous avons fait de même pendant l’été à Londres entre les week-ends de festival. Puis, en décembre dernier, nous avons décidé de nous y mettre plus sérieusement dans un grand studio londonien. Nous avons donc rassemblé et passé en revue toutes les démos et les idées que nous avions écrites et enregistrées avec les moyens du bord au cours des douze mois précédents. Nous avons fait un grand tri entre ce qui valait le coup d’être retravaillé, et d’autres choses que nous avons préféré laisser de côté. Avec une idée précise de ce que nous devions terminer, nous avons vite avancé et affiné le tout. Ensuite, il faut en quelque sorte se mettre à la place de son public, pour s’assurer que les morceaux sont cohérents. Il arrive parfois de se fixer sur une idée avec la certitude d’avoir quelque chose de spécial, en étant en réalité à côté de la plaque. 

Qui joue alors ce rôle de public test ?

C’est nous-mêmes, généralement. On essaie de prendre du recul par rapport au projet dans sa globalité, et chacun s’efforce de faire preuve d’honnêteté et de sens critique au jour le jour. Ma méthode personnelle consiste à m’éloigner de mon travail quelques jours, pour ensuite revenir dessus avec davantage de lucidité quant aux choses à garder comme telles, à changer, ou même à supprimer. Une chose que nous avons apprise depuis que nous produisons de la musique c’est qu’il faut se faire confiance. Vous ne pouvez pas vous fier à l’opinion de quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, tout le monde a un avis sur tout, qu’il s’agisse des meilleures croquettes à servir à son chat ou du meilleur déodorant, et chacun pense que son point de vue a plus de valeur que celui des autres. Il est donc facile de se perdre en demandant l’avis de personnes extérieures au processus de création, car elles vous diront toujours de faire certaines choses différemment. C’est comme ça qu’on finit par remettre en question sa créativité. Et dès que vous commencez à remettre en question ces choses-là, c’est fini.

Il y a beaucoup d’éléments nouveaux dans cet album, mais tout semble avoir sa place dans votre discographie. Qu’est-ce qui fait ce son signature de Jungle ?

C’est très difficile pour nous de le savoir. Je suppose que puisque c’est nous qui faisons la musique, elle doit sonner comme venant du même endroit. Nous essayons de varier les genres et les sons sur chaque morceau et non de répliquer une formule qui fonctionne. Par exemple, les cuivres sur le refrain de Busy Earnin’ nous ont valu du succès, et là où d’autres auraient pu s’en servir pour produire de nouveaux hits, nous ne les avons plus jamais utilisés. Nous sommes constamment à la recherche d’un nouveau son pour chaque titre. Si vous regardez les quatre albums de Jungle sur le papier, vous constaterez qu’il y a beaucoup de disparités entre eux. Mais d’une manière ou d’une autre, je suppose que nous maintenons une certaine formule si vous parvenez à voir le fil conducteur et entendre la cohérence d’un projet à l’autre.

Un autre long format ?