Volage – Heart Healing

C’est en s’intéressant à ceux qui pervertissent les codes du garage rock traditionnel que le label parisien Born Bad a su engendrer une lignée de groupes français toujours plus inventifs. Les hérauts Cheveu ou The Feeling Of Love ont ainsi ouvert la voie à une seconde vague, transcendant encore plus cette frénésie primitive, où l’on trouve par exemple Catholic Spray, JC Satàn et les labels Teenage Menopause ou Eighteen Records. Parallèlement, depuis trois ans environ, une autre génération émerge elle aussi de ce terreau fertile. Le garage est en effet devenu, depuis l’explosion des phénomènes Ty Segall et Thee Oh Sees, une incontournable référence pour tout musicien en quête d’authenticité rock’n’roll. Portées par des structures artisanales comme Howlin’ Banana, Croque Macadam, Azbin ou encore Retard Records, des formations aux styles divers sont apparues, enchaînant sans relâche les concerts et remplissant petit à petit les étals des disquaires indépendants hexagonaux. On y rencontre notamment Dusty Mush, Kaviar Special, Baston, Regal, Strange Hands et donc Volage.

Pas forcément le plus actif sur le marché, le groupe n’avait pour l’instant sorti qu’un EP en 2012, Maddie, réédité cette année. Mais avec ce premier LP savamment mûri, le quatuor originaire du Blanc (petite ville de l’Indre) frappe un grand coup et prouve que cette scène en pleine progression doit être prise au sérieux. Bien qu’enregistré et mixé à la maison, Heart Healing n’en est pas moins un disque brillamment produit qui transpire le beau son analogique. Des conditions parfaites pour mettre en valeur une multitude d’idées musicales qui brassent large, du folk rock au garage moderne en passant par la pop sixties et le heavy. Owl donne le départ avec ses ruptures qui balancent entre couplets entêtants et ponts aux guitares grasses. Un disque comme des montagnes russes où des mélodies pop irrésistibles valsent sous la sauvagerie d’attaques rock’n’roll. Volage ne cherche définitivement pas la facilité et s’en donne à cœur joie pour nous retourner le cerveau. Upset, 6h15 et Touched By Grace se tirent la bourre pour être le single attitré tandis que les extraits colossaux Paolina, Loner et This Ain’t A Walk constituent les trois grands pics d’un album qui se donne les moyens de grimper au sommet.

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