Orouni – Grand Tour

Chez les Compagnons du Devoir, le tour de France constitue une épreuve nécessaire. Durant ce périple, les apprentis découvrent les différents savoir-faire régionaux et, revenus chez eux, doivent réaliser leur chef-d’œuvre. Vu l’intitulé et l’histoire de ce troisième LP d’Orouni, l’analogie semble évidente et le chef-d’œuvre, tout proche. Jusqu’ici, on ne s’était jamais vraiment penché sur le Parisien. La faute à une pop acoustique malingre et plombée par un accent irritant qui massacrait l’anglais tel une Jeanne d’Arc des grands jours. Bonne nouvelle, le jeu s’avère ici autrement plus ouvert et si la prononciation paraît encore improbable, on mettra ça (en toute mauvaise foi) sur le compte de la déterritorialisation, puisque Grand Tour est le fruit de fructueuses vadrouilles autour du globe (du Liban au Mali, du Japon au Brésil, on en passe). Rentré au pays avec quelques instruments exotiques en poche, le Français signe douze pop songs enivrantes de mélancolie. De là à dire que cet album porte en lui les musiques du monde entier, il y a un pas qu’on ne franchira pas.

Si l’on croise des instruments peu courants, tels le kalimba (Wild Geese And Cigars et la bien nommé Kalimbalisme), du balafon (Speedball) ou de l’ancêtre du ukulélé, le cavaquinho (The Sea Castle), le Parisien demeure un formidable mélodiste dans un registre classique (pensez Paul McCartney, Ray Davies), The Devil And The Monk Seal se plaçant d’ailleurs dans la tradition sophistiquée des Kinks. Ailleurs, Uca Pugilator voit Euros Childs prend une chambre au Neutral Milk Hotel et hautbois, clarinette, flûte, violon et violoncelle drapent une ballade façon Nick Drake (Firearms). Épaulé, entre nombreux autres, par le claviériste Maxime Chamoux (Toy Fight, (Please) Don’t Blame Mexico) et le batteur Jean Thévenin (Frànçois & The Atlas Mountains, Petit Fantôme…), Orouni invite également des voix féminines telles Emma Broughton, Dorothée Hannequin (The Rodeo) et surtout Mina Tindle : le souffle et les vocalises inspirées de cette dernière transcendent A Giant Swing. Conçu en famille, rempli d’une ambition à hauteur d’homme, d’un charme maladroit et de trouvailles chamboulantes, ce troisième LP ravit et marquera sans doute un (grand) tournant dans la carrière d’Orouni.

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