Future Islands – Singles

Nouvel arrivant sur le colossal label 4AD, Future Islands voit tout en un peu plus grand. Restant fidèle à la formule qui avait passionné sur In Evening Air (2010) et surtout On The Water (2011), le trio de Baltimore se rêve plus pop, plus musclé, plus clinquant. Indice éloquent de leurs ambitions : la présence au générique de Chris Coady (Beach House, Smith Westerns, Yuck), un producteur qui possède la recette secrète de l’expansion des disques sans jamais en renier l’essence.

Et à aucun moment, Future Islands ne trahit son ADN. Fondamentale, la basse martiale de William Cashion – sorte de rejeton modeste et funky de Peter Hook (Joy Division), Peter Principle (Tuxedomoon) et Simon Gallup (The Cure) – s’allie avec les nappes synthétiques de Gerrit Welmers et forme le véhicule parfait à la voix d’écorché vif de Samuel T. Herring. Si ce dernier a comme toujours la fâcheuse manie de cabotiner (Like The Moon), il faut reconnaître que ses excès vocaux suivent ceux des compositions. En intitulant son album Singles, le trio mise sur l’impact individuel des morceaux et en appelle irrémédiablement à l’efficacité.

À plusieurs reprises, Future Islands flirte avec des refrains énormes et souvent casse-gueule – l’ouverture Seasons (Waiting On You) et le survolté Doves – mais lorsqu’il arrive à se dépêtrer de ses ambitions conquérantes, le résultat est proprement magnifique. Le final A Dream Of You And Me fait le pari d’un romantisme qui irait presque lorgner du côté du Talk Talk des débuts dont Herring conjure le kitsch par une sincérité désarmante. Si le chanteur est écorché vif, il n’en est pas moins fin conteur et signe quelques textes bouleversants.

Quand la musique est au diapason, le miracle opère. Sun In The Morning, la pépite du disque, propulse ainsi le chant dramatique à grand renfort de cuivres et de chœurs, et touche le palpitant. Sont alors soulignées la difficulté et la noblesse du défi de Singles : chercher dans l’excès les moments de grâce, toucher au grandiose à grand coup de pathos, se risquer à l’horripilant pour effleurer la beauté.

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