Le premier album de la Norvégienne EERA, Reflection of Youth, classe la jeune femme dans la lignée de références majeures (PJ Harvey, Emily Jane White, Shannon Wright) mais avec une personnalité déjà bien affirmée. Un grand album.
Avec son premier album paru le 3 novembre, Reflection of Youth, la Norvégienne Anna Lena Bruland n’échappera pas aux multiples comparaisons, toutes flatteuses en l’occurence… Evidentes au premier abord, ces références plutôt marquées, s’étiolent au fur et à mesure des écoutes et révèlent bien plus d’originalité qu’envisagé de prime abord. Il y a certes une forte influence PJ Harvey époque Dry dans les chansons de la néo-Londonienne, rudesse et dépouillement similaires (I wanna dance). Mais chez EERA, cela prend des formes plus variées, du simple et sec cantonnement aux guitares jusqu’aux nappes électroniques plus enveloppantes.
Il y a du Emily Jane White dans l’esprit aussi, les thématiques, le lyrisme (Survived) et le romantisme sous-jacent. Mais la Californienne reste, par comparaison, fidèle aux standards tandis qu’EERA s’en affranchit allègrement. Il y a l’audace, la tension, les déconstructions et les changements de rythme à la Shannon Wright, mais EERA garde le contrôle en toutes occasions, ne passe dans le rouge qu’avec parcimonie et n’explose jamais… S’il fallait encore des comparaisons, c’est au meilleur de Sharon Van Etten qu’on se réfèrerait finalement (Christine ou l’emballant Watching You).
Enregistré presque en autarcie dans la campagne du Pays de Galles, Reflection of Youth surprend aussi par la production nettement plus brute que l’EP précédent et que les versions live entendues en tournée en première partie de Douglas Dare ; une orientation que la compositrice n’avait pas anticipée. Façon de signifier que, chez EERA, tout n’est pas écrit à l’avance mais s’écoutera bien au futur…
Julien Courbe