Donovan Blanc – Donovan Blanc

Déjà célébré dans ces pages le mois dernier à la faveur d’un single lumineusement addictif, le duo Donovan Blanc fraîchement signé sur la turne new-yorkaise Captured Tracks soulevait bien des interrogations. Et si Minha Menina, le morceau en question, était son unique coup de maître ? Et si les idées mélodiques catalysées dans Honeydrum, l’ancien projet de Joseph Black et Raymond Schwab, s’étaient désagrégées au fil du temps ? Aucun risque puisque s’invitent au générique de cet album inaugural deux titres qui figuraient parmi les plus grandes réussites de la précédente incarnation musicale des deux zigues, Oh Donna et Can’t Wait To Meet You. Si ces fulgurances ont bien gardé leurs intitulés d’origine, les arrangements ont quant à eux énormément évolué. On pourrait même parler de fossé tellement les versions présentes sur le maxi Do U Party? (2012) d’Honeydrum diffèrent de celles exhibées aujourd’hui. Pour situer, c’est comme si Ariel Pink était passé directement de la technique rudimentaire de The Doldrums (2000) à la production étoffée de Before Today (2010).

Un fossé, on vous dit. Exit donc les effets synthétiques dégoulinants et les prises vocales hasardeuses, place aux arpèges rayonnants, à la clarté, à la simplicité. Quelques touches d’orgue par-ci, un léger trait de clavecin par-là, voilà les seuls éléments pour mettre parfois en déroute le trio élémentaire guitare, basse et batterie. Un changement pour la sobriété qui répond dès la première écoute aux interrogations énoncées plus haut. Oui, absolument tous les titres qui composent Donovan Blanc font mouche. Une réussite qui s’explique aussi par le fait que le tandem se joue complètement d’une quelconque chronologie. D’ailleurs, sans informations, on serait bien incapable de dire à quelle décennie appartiennent des extraits comme Hungry A Long Time, Minha Menina ou When You Believed Me. C’est là que réside la force de la musique de Joseph et Raymond, qui convoque aussi bien les structures alambiquées des hérauts de la sunshine pop 60’s comme The Association ou The Cyrkle que les arrangements percutants et cristallins de l’indie pop anglaise – on songe souvent aux deux premiers LP de Felt, Crumbling The Antiseptic Beauty (1982) et The Splendour Of Fear (1984). Maintenant, une seule question demeure : qui sera capable de détrôner Donovan Blanc au sommet des tops de fin d’année ?


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