Bob Mould – District Line

Mon vieux Bob, ça fait un bail… Presque dix ans, non ? Je me suis arrêté à The Last Dog And Pony Show (1998), mais j’ai suivi de loin en loin ton intègre carrière, qui m’a eu l’air de mouliner dans le vide, notamment avec ces incursions pourries vers l’électronique, menées avec la légèreté dont je te sais capable depuis l’époque où je me tapais la tête contre les murs en écoutant File Under: Easy Listening (1994). Putain, adolescent, je crachais de la bile en écoutant Sugar. Hüsker Dü, j’étais trop petit. Bob, je ne vais pas y aller par quatre chemins, ça va faire mal : ton nouvel album solo n’est pas bon. Carré et épais, à la fois romantique et musclé comme tu sais l’être, il manque cruellement de chansons marquantes. Tu pédales dans la semoule, tu rabâches, tu grommelles.

L’aspirant tube Stupid Now, placé en ouverture, sent le punk rock FM débité au kilomètre par tous ces groupes interchangeables dont la jeunesse blanche américaine ne semble pas se lasser. La suite est à l’avenant, pas plus convaincante sur les ballades que sur les décharges électriques : toujours ce gros son policé, cette voix épaisse et plaintive, ces mélodies tissées de ficelles, grosses comme le bras. Jamais rien de honteux mais jamais rien de saisissant, à l’exception peut-être d’un très beau Walls In Time, porté par une mandoline qui évoque le R.E.M. du début des années 90, quand Michael Stipe et toi aviez encore des cheveux. Sinon, j’ai appris avec stupéfaction que tu étais un grand amateur de catch et que tu avais été embauché quelque temps par la World Championship Wrestling pour être scénariste. Ça vaut peut-être le coup de persévérer dans cette voie-là, non ?

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