Le titre du deuxième album de Courtney Barnett, Tell Me How You Really Feel, semble s’adresser à elle-même. L’artiste australienne cède à l’introspection sans perdre son mordant et son sens du sarcasme, à l’image du virulent Nameless, Faceless, écrit contre le trollage et le harcèlement des femmes. Rencontre avec Courtney Barnett.

As-tu l’impression d’en dire plus sur toi avec ce deuxième album ?
Il est plus structuré. Je n’ai pas attendu que les idées apparaissent comme par magie. Je me suis assise à mon bureau, ou en studio, et j’ai bossé ! J’avais une idée plus claire de ce que je voulais, parce que j’ai acquis une plus grande expérience comme musicienne. J’ai exploré des choses un peu plus profondes dans mes textes, ce qui me rend plus vulnérable et sérieuse dans l’interprétation.

Pedestrian At Best, extrait de ton premier album, revêt un caractère prophétique. Tu chantais : «Je dois avouer que j’ai foiré ce qui devrait être un petit succès.» Comme si tu voulais à tout prix l’éviter. Qu’est-ce qui te paralysait ?
Ça n’était pas si terrible ! Des personnes peu recommandables au mauvais caractère, on en rencontre dans tous les milieux (sourire). J’ai tenté d’explorer ce ressentiment en écrivant cet album. Je me suis demandé d’où provenait cette crainte qui pouvait s’emparer de moi afin d’essayer de m’en débarrasser. Je ne suis pas sûre de moi quand il s’agit d’écriture, parce que je ne sais pas toujours où je vais. Mais ce manque d’assurance n’est pas seulement lié à la musique. C’est plus profond que ça, c’est mon caractère. Je me suis retrouvée face à toutes ces choses que je n’avais pas envie de gérer, mes peurs et mes insécurités… Mais pour la première fois, je n’essaie pas de les éviter ou de les ignorer. C’était difficile mais j’ai tiré un trait dessus ! C’est ce qui ressort de l’enregistrement de cet album.

Avais-tu hâte de te remettre au travail ?
Je n’ai pas vraiment fait de pause. J’écris tous les jours des chansons, que je jette le plus souvent ou que je garde précieusement dans une boîte en attendant de les exploiter. Cela fait partie du processus d’écriture. Pour cet album, mes premières démos étaient vraiment mauvaises. Elles semblaient forcées. Je pouvais sentir l’imposture. Mais ça devait sortir ! C’est très dur d’écrire des chansons. A chaque album, on a l’impression de raconter la même chose d’une manière différente (rires).

Par quoi ton écriture est-elle obsédée ?
Tous les artistes ont leurs petites marottes. Je ne sais pas quelles sont les miennes exactement. (Silence) Je crois que j’essaie de trouver un but et un sens à tout ça. Chaque album me permet de creuser un peu plus à l’intérieur de moi. Ce qui m’intéresse surtout, c’est d’explorer la psychologie humaine.

Pour retrouver la suite de l’entretien avec Courtney Barnett, il vous suffit de vous procurer le dernier numéro de Magic.

Propos recueillis par Alexandra Dumont
Photo : Julien Bourgeois

Un autre long format ?